Rappelons nous, il y a cinq ans, en octobre 2008, Ghosn annonçait que Renault allait prendre la tête dans le monde du développement du véhicule électrique. Renault Nissan allait vendre un million et demi de voitures électriques d’ici à 2016. En 2020 les ventes de voiture électriques représenteraient en Europe 10% du total des ventes de voitures neuves, alors que PSA se prononçait pour la moitié avec 5% et les constructeurs allemands un pourcentage de 2,5%. Un écart de un à quatre entre les prévisions des constructeurs automobiles !
Ghosn a déclaré au Financial Times le 12 novembre 2013 « Nous n’atteindrons pas l’objectif de 1,5 million de véhicules. Au rythme actuel, je le vois plutôt quatre ou cinq ans plus tard. Nous devons admettre que c’est plus lent que nous ne le prévoyions. Mais cela est dû au fait que nous pensions que la construction d’infrastructures irait plus vite. Or ce n’est pas le cas ».
Les résultats sont là en effet. Sur les dix premiers mois de l’année 2013, les voitures électriques vendues en France ne représentent que 0,5 % du total. La voiture Renault Zoe produite dans l’usine de Flins se vendra en 2013 à 10 000 unités contre 50 000 prévus.
Ce retard de cinq ans est d’importance. La prétention de Renault à être un pionnier du véhicule électrique au sein de la concurrence entre groupes mondialisés est mise en échec. Le procès en sorcellerie intenté à trois responsables Renault voulait montrer que l’avance de Renault méritait convoitises et tentatives d’espionnage. Tout cela s’effondre !
Maintenant, Renault se retrouve sur le même plan que les autres constructeurs automobiles. Il se rallie aux véhicules hybrides, technique intermédiaire associant moteur électrique et moteur à essence. Et pour le futur, Toyota et Mercedes investissent surtout sur la technologie de la pile à combustible à hydrogène. Avec cette dernière technique il n’est pas utilisé d’énergie fossile.
Bref, l’automobile électrique vantée par Ghosn ne sera probablement jamais la solution universelle alternative aux moteurs à combustion. Et c’est tant mieux car l’électricité indispensable provient en majorité du charbon ou de centrales nucléaires. Et tant pis pour le lobby EDF-AREVA qui lorgnait sur ce nouveau débouché pour justifier maintien et développement des centrales nucléaires.
Renault tente de trouver des raisons à cet échec. N’est pas retenue la défiance des acheteurs à dépenser 20 000 euros pour la possession d’un objet individuel dont l’autonomie ne dépasse pas 200 km. La cause trouvée, ce sont les responsables d’infrastructures – mairies et Etat – qui n’auraient pas mis assez d’argent public pour le profit privé des constructeurs automobiles !
Faux pari car les dés étaient pipés d’avance ! Il fallait la crédulité de gogos soi-disant experts automobiles pour donner du crédit aux objectifs annoncés en 2008. Mais les premiers touchés sont les salariés auxquels on avait promis le miracle électrique pour faire oublier les vraies suppressions d’emploi. Celles et ceux de l’usine Renault de Flins en savent quelque chose !
Jean-Claude Vessilier
Voir aussi sur ESSF (article 16695), « Le véhicule électrique entre paillettes et réalité »
Lire sur le bog Auto critique : « Ghosn a tout faux ! »
http://www.npa-auto-critique.org/article-vehicule-electrique-la-realite-demontre-les-fausses-previsions-de-carlos-ghosn-106459330.html
Consulter les statistiques de ventes des voitures électriques en France :
http://www.automobile-propre.com/dossiers/voitures-electriques/chiffres-vente-immatriculations-france/