Le 8 novembre 2013, le typhon Haiyan, dénommé Yolanda aux Philippines, a dévasté une partie du pays en emportant tout sur son passage. C’est le typhon le plus violent jamais enregistré sur terre mais aussi la catastrophe naturelle la plus meurtrière de l’histoire récente des Philippines. Les morts officiellement recensés approchent les 10.000 dans un pays déjà soumis à une pauvreté généralisée. Les conséquences matérielles témoignent aussi d’une violence rare : 70 à 80% des constructions et des structures situées sur sa trajectoire ont été détruites.
Face à cette situation intenable, la Banque Mondiale vient d’accorder un prêt de 480 millions de dollars qui vient s’ajouter au prêt d’urgence de 500 millions de dollars annoncé au lendemain de la tragédie dans le but de donner un “appui immédiat à la population pour la reconstruction des infrastructures locales ou de subsistance”.
Il est inacceptable que cette « aide » prenne la forme de prêts. Ces prêts de la Banque mondiale vont encore alourdir la dette des Philippines qui consacrent déjà 8 milliards de dollars par an au remboursement des intérêts, ce qui équivaut à 20% de revenus annuels de l’État. Depuis le typhon Haiyan, 900 million de dollars ont déjà été payés sur le dos des Philippins. C’est plus du double de l’ « aide » accordée par les pays riche pour la reconstruction !
Le CADTM exige la suspension immédiate de la dette philippines avec gel des intérêts pour donner la priorité aux besoins de la population. Pendant la durée de ce moratoire, il est nécessaire de réaliser un audit de cette dette pour enquêter sur les origines de l’endettement et les impacts des prêts sur la population. Cet audit permettra ainsi d’identifier et d’annuler la partie odieuse de la dette philippine comme celle contractée sous la dictature de Marcos.
Le CADTM rejoint l’appel lancé par Jubilee Debt Campaign, Freedom from debt Coalition, Jubilee South, Jubilee USA et Christian Aid [1] pour l’annulation de la dette odieuse contractée sous le régime du dictateur Ferdinand Marcos (1965-1986) qui a gouverné le pays par la violence et la corruption et est accusé d’avoir détourné des milliards de dollars du Trésor philippin.
L’annulation de ces dettes permettra de libérer des ressources vitales pour la reconstruction du pays et pour prendre des mesures contre les effets du changement climatique. Rappelons que le pays doit faire face à une moyenne de 20 typhons par an.
Le CADTM soutient les mouvements et les organisations citoyennes philippines qui s’opposent aux prêts des institutions internationales et qui œuvrent à la reconstruction du pays [2].
CADTM International