Chers Collègues et Amis
Une affaire académique particulièrement grave vient de se produire au Viet Nam. Une diplômée de master ès lettres et enseignante à l’Université Nationale d’Education de Ha Noi (UNEH/TDHSPHN), Mme Do Thi Thoan, s’est vue annuler son diplôme et son contrat d’enseignement suite à une campagne de dénigrement à caractère purement politique dans quelques journaux du Parti Communiste Vietnamien. Son crime : avoir choisi comme sujet d’étude un groupe littéraire underground. Son mémoire de master, soutenu tout à fait légalement en 2010, a pourtant été jugé excellent (note 10/10 par un jury unanime). Mais sous la pression politique des membres influents au PCV, l’UNEH a organisé le mois dernier un « réexamen » clandestin de son mémoire, par un jury nommé illégalement : ni Mme Do, ni sa directrice de master n’étaient conviées à cette « resoutenance » de mémoire. Mme Do n’a appris le résultat officiel que par une convocation de l’UPH le 27 mars, l’invitant à se présenter au Service du 3è cycle pour recevoir des « papiers (vous) concernant », en fait la décision d’annulation de son diplôme et de son mémoire de master suite aux délibérations du « nouveau jury d’examen ». Elle a bien sûr refusé de signer le procès verbal de cette convocation et a alerté l’opinion publique vietnamienne uniquement par son blog malheureusùent, car l’omerta règne sur la presse vietnamienne dès qu’une affaire touche la politique du Parti. D’aucuns voudraient ramener le pays en arrière, vers une époque où aucune parole publique n’est possible en dehors des communications de la Commission de Propagande.
Mais les choses ont changé, la peur a beaucoup reculé dans la société même si la répression politique continue de peser sur la vie au Viet Nam. Un collectif d’enseignants et de chercheurs au Viet Nam vient de publier une lettre de protestation contre cette atteinte insoutenable aux libertés académiques. Un autre, constitué de vietnamiens travaillant à l’ẽtérieur du pays a publié par la suite une Lettre ouverte au directeur de l’UNEH et au ministre de l’éducation du Viet Nam pour soutenir nos collègues dans le pays. Mais comme il s’agit d’un problème plutôt universel que national, nous aimerions le porter à votre connaissance et vous demander de cosigner avec nous cette Lettre ouverte. Votre présence nombreuse sera surement une aide précieuse pour nos collègues au pays qui continuent dans les conditions difficiles d’œuvrer pour une éducation meilleure de la jeunesse et pour un développement de la démocratie véritable qui ne peut bien sûr se passer des libertés fondamentales de pensée dont font partie les libertés d’étude et de recherche.
C’est pourquoi, nous nous permettons de vous adresser ci-jointe la version anglaise de cette Lettre ouverte, avec les premiers signataires, en espérant que vous nous soutenez par vos signatures.
Diễn Đàn
et sur ESSF (article 31684), Vietnamese Academics call on the Government to respect Academic Freedom