Nos résultats sont très faibles : 0,46 % dans le Nord-Ouest, 0,46 % dans l’Ouest, 0,34 % dans l’Est, 0,54 % dans le Sud-Ouest et 0,85 % en Île-de-France.
Le fait que nous n’ayons pas, pour des raisons financières, été en mesure de mettre nos professions de foi et nos bulletins de vote dans les enveloppes électorales envoyées aux électeurs et électrices a indéniablement joué contre nous. C’est pour une large part ce qui explique par exemple le décalage entre nos résultats et ceux de Lutte ouvrière. Cette difficulté renvoie à celle que nous avons eu à nous mobiliser pour la souscription pour nous donner les moyens matériels de défendre plus largement et mieux nos idées.
Notre campagne est restée essentiellement une campagne locale de construction. Elle a été utile et a rencontré une sympathie qui ne s’est pas exprimée dans les urnes. Mais cette sympathie est bien réelle et ouvre des possibilités militantes sans rapport avec les résultats.
Nous savions que nous avions un lourd handicap dans un contexte de profond recul social et politique. C’est en toute lucidité que nous avons fait le choix d’être présents malgré ce handicap, pour défendre nos idées et perspectives dans le débat politique. De ce point de vue, la campagne est un point d’appui pour renforcer notre travail de reconstruction, et engager la riposte indispensable pour enrayer la régression sociale et politique qui engendre le monstre du FN.
Un combat urgent et indispensable.
NPA
Riposte sociale et politique : urgence !
Avec 25,6 % des voix en moyenne sur l’ensemble du pays, 31,2 et 29 % dans les vieilles régions industrielles du Nord-Ouest et de l’Est, l’extrême droite réalise son score le plus élevé.
L’extrême droite le arrive largement en tête et confirme une implantation nationale. L’abstention massive n’autorise pas à se rassurer. Rien ne dit que celles et ceux qui ne sont pas allés voter auraient fait un choix sensiblement différent.
Ni rire ni pleurer, comprendre
Le FN profite de la division de la droite classique, des affaires, et de la corruption qui éclatent au grand jour, de la crise de l’UMP qui l’empêche d’engranger le désaveu du PS. Quant au Parti socialiste, il a bien mérité de tomber à moins de 14 %. Il n’a pas volé sa défaite, payant ainsi la politique favorable au patronat menée depuis plus de deux ans. C’est donc tout le système institutionnel fondé sur l’alternance entre l’UMP et le PS qui est ébranlé.
Dans la plupart des pays d’Europe, une sanction similaire touche les gouvernements qui ont mis en œuvre les diktats de la Commission européenne, de la BCE et du FMI contre les travailleurEs et les peuples. Elle sanctionne aussi une Europe capitaliste antidémocratique et éloignée des préoccupations de la majorité des populations.
Résister
Le FN a réussi à usurper la représentation du rejet du gouvernement et d’un système qui décidément ne représentent en rien les 99 %. Le poids politique accru de ce parti augmentera la visibilité et la légitimité de ses réponses autoritaires et nationalistes. Il ne peut que libérer l’expression décomplexée du racisme et du sexisme, de la haine de l’autre, et constitue un danger que nous ne devons pas sous-estimer.
Cela appelle un combat unitaire, une riposte antiraciste, féministe, pour l’égalité des droits, la solidarité internationale. Un an après l’assassinat de Clément Méric, les manifestations du samedi 7 juin sont une première échéance qui doit permettre de rassembler le plus largement celles et ceux qui ne veulent pas laisser la voie libre à l’extrême droite et à ses idées nauséabondes.
Reconstruire
Dimanche les urnes ont montré la désespérance sociale de celles et ceux qui souffrent des politiques d’austérité mises en œuvre par les gouvernements successifs. C’est – aussi et surtout– la conséquence de l’effondrement du mouvement ouvrier, qu’il soit politique ou syndical, incapable de constituer un rempart face aux coups répétés d’un système capitaliste en crise mais qui fait payer durement celle-ci aux populations.
Car là est bien le cœur du problème. Le Parti socialiste est directement et irrémédiablement responsable et coupable des politiques de baisse du « coût du travail », des privatisations, de la mise à mort des services publics et de la protection sociale qui détruisent nos emplois et nos vies au nom de la compétitivité et de la croissance. Dès lundi, Manuel Valls s’est empresser d’affirmer : « Je ne changerai pas de feuille de route », et Hollande a confirmé. Sans surprise, il n’y a rien à attendre du côté du gouvernement. Mais à sa gauche aucune force, ni politique, ni syndicale, ni sociale, ne parvient à apparaître comme utile et efficace pour résister. Ces outils sont à reconstruire.
Mobiliser
Les résultats électoraux doivent opérer un choc salutaire. Ils doivent résonner comme un appel pressant à donner des suites à la marche du 12 avril. Cette première initiative a permis d’unir dans la rue non seulement les forces politiques qui s’opposent au gouvernement mais aussi des secteurs mobilisés et des forces syndicales qui refusent l’inaction des directions confédérales.
Ce premier pas doit être suivi de beaucoup d’autres. Nous avons collectivement besoin de reconstruire des solidarités et des résistances concrètes qui fassent la preuve de leur efficacité contre les expulsions, contre les licenciements... Nous avons besoin de mobilisations unitaires et massives contre le budget d’austérité, contre le Tafta, ce traité transatlantique qui laisserait aux multinationales la liberté totale d’exploiter, d’empoisonner et de polluer...
Nous avons besoin d’une victoire, c’est peut-être possible à Notre-Dame-des-Landes, et nous devons y mettre toutes nos forces. Et nous avons aussi besoin d’élaborer une alternative globale à ce monde en crise capable d’engendrer les pires catastrophes, politiques, sociales et écologiques.
Pas d’autre choix que de nous atteler à toutes ces tâches, sans attendre : il y a urgence !
Christine Poupin
Front de gauche : résultats de crise
Dimanche, la gauche réformiste n’a pas échappé au recul général, à la crise de la gauche institutionnelle exprimée par l’abstention ou le vote Front national. Au Front de gauche, la désillusion est à la mesure des espoirs qu’avaient suscités les scores de la présidentielle et des législatives et les meetings de Mélenchon, et cela malgré quelques déboires des municipales.
On se souvient des discours enflammés de Mélenchon prédisant la possibilité pour le Front de gauche de passer devant le PS aux européennes. Avec un score à peu près identique à celui de 2009, un peu plus de 6 %, le leader du PG déclare aujourd’hui qu’il « a mal à [sa] patrie » et que son « cœur saigne en voyant dans quel état est [son] beau pays »...
En fin de compte, le Front de gauche s’en sort avec quatre élus, quatre sortants : Patrick Le Hyaric (PCF) en Île-de-France (6,4 %), Marie-Christine Vergiat (sans appartenance…) dans le Sud-Est avec 5,9 %, Jean-Luc Mélenchon (PG) dans le Sud-Ouest avec 8,5 % et Younous Omarjee (PC de la Réunion) avec 18,2 %. Mais avec 6,38 %, Jacky Hénin (PCF) perd son siège d’eurodéputé dans le Nord-Ouest. Les autres candidatEs retrouvent à peu près les scores des précédentes européennes, avec parfois une légère progression. C’est le cas de Myriam Martin (Ensemble) avec 5,1 % dans l’Ouest, de Gabriel Amard (PG) 5,2 % dans l’Est, et de Corinne Morel Darleux (PG) 7,4 % dans le Centre.
Ces résultats vont contribuer à accélérer la crise interne du Front de gauche, aussi bien entre le PCF et le PG qu’au sein d’Ensemble. En effet, le Front de gauche n’apparaît pas comme une alternative crédible à la politique du gouvernement, et il va être confronté à une série de pressions, en premier lieu du PS, en tout cas de sa « gauche », qui va en appeler à une nouvelle « Union de la gauche » pour faire barrage au Front national.
Construire quoi et avec qui ?
Le PG et Ensemble ont réagi en attaquant légitimement la politique du gouvernement. Mais si on ne peut qu’approuver la volonté de rassembler dans l’action toutes les forces opposées à la politique d’austérité ou à l’Europe capitaliste, comme le propose le PG à l’occasion de la résistance au TAFTA (le traité transatlantique en cours de discussion), on s’étonne de voir mettre sur le même plan EÉLV et les forces de gauche opposées à la politique du gouvernement, comme le NPA ou LO.
En effet, si la majorité des Verts a été obligée par sa base de se retirer du gouvernement, elle continue néanmoins de le soutenir et se refuse à être dans l’opposition. Il en est de même pour le moment de « l’opposition interne » du PS dont on attend avec impatience le vote de ses députés lors du débat parlementaire sur le budget. Pour la direction du PCF, très critique vis-à-vis du PS, pas question de construire une opposition, mais la tâche de l’heure est, selon Pierre Laurent, de « reconstruire autre chose à gauche » et de lancer un appel « à l’ensemble des forces de gauche pour un processus de dialogue et de travail »...
La crise et les réponses gouvernementales du PS expliquent en grande partie la percée du Front national, d’où la nécessité de s’opposer frontalement à lui aux élections, comme dans les mobilisations. Beaucoup partagent ce point de vue dans les rangs du Front de gauche. Voilà pourquoi nous sommes prêts, sur le plan politique, au débat et, chaque fois que cela sera possible, à l’action commune avec les composantes du Front de gauche qui y sont disposées, comme avec LO ou Alternative libertaire. La gauche anticapitaliste a montré sa force dans plusieurs pays d’Europe. Malgré le climat nauséabond que nous connaissons, elle est aussi à construire ici, sur des bases claires et unitaires.
Alain Krivine