La bataille militaire et politique qui se joue à Kobané revêt un enjeu majeur pour tout le Moyen‐Orient. La chute de Kobanê serait la porte ouverte au déploiement militaire et policier de la Turquie d’Erdogan à la frontière, à la poursuite de l’expansion de Daesh et signerait l’écrasement des forces progressistes dans la région. Ce serait un coup d’arrêt au processus
révolutionnaire en cours au Rojava depuis 2012 et aux avancées obtenues tant sur les droits des femmes, les droits démocratiques, les droits des minorités nationales et des minorités religieuses, que sur le plan social. Mais plus largement, ce serait une défaite majeure pour l’ensemble des processus révolutionnaires au Moyen‐Orient et une avancée supplémentaire de la contre‐révolution.
Le soutien inconditionnel de notre parti doit être sans équivoque. Mais nous ne faisons aucune confiance aux impérialistes pour aider Kobanê. Après avoir attendu la chute de Kobanê pour justifier une intervention militaire turque au Rojava, ce n’est que la résistance héroïque des combattantes et combattants de Kobanê, ainsi que les mobilisations populaires partout dans le monde dévoilant la trop évidente complicité de l’État turc avec Daesh, qui ont forcé au bout de presque 30 jours de siège les États‐Unis à se donner les moyens de frappes efficaces sur Daesh (par l’expulsion de la Turquie du QG opérationnel et l’intégration d’un commandant des YPG), puis à livrer des armes et médicaments aux forces combattantes. Mieux encore, alors qu’Erdogan ne voulait qu’une ouverture sélective de la frontière aux seuls peshmergas de Barzani, avec l’objectif de reprendre la main contre les YPG/YPJ pour mettre la ville sous tutelle, le PYD et la résistance ont obtenu, mardi 21 octobre, que l’armée turque laisse les réfugiés kurdes de Syrie
volontaires rentrer à Kobanê.
Sans illusion sur leurs motivations, nous considérons ces actes pour ce qu’ils sont : une victoire politique de la résistance de Kobanê qui a gagné la bataille de l’opinion publique mondiale et forcé la première des puissances impérialistes à commencer à satisfaire sa demande d’armement après avoir contribué par des frappes aériennes « ciblées » entreprises depuis dix
jours à desserrer l’étau de Daesh sur la ville.
Pour autant, la bataille est loin d’être gagnée et la Coalition impérialiste poursuit toujours son but stratégique de domination impérialiste du Moyen‐Orient. Cela se traduit par les multiples bombardements aériens « en tapis » de la Coalition sur les villes et territoires occupés par Daesh, qui ne font que précipiter les populations civiles arabes de confession sunnite dans les bras de Daesh. Toutes ces manœuvres et pratiques doivent être fermement dénoncées et combattues.
Mais dans cette situation et au vu des enjeux qui se nouent à Kobanê, il est de notre rôle de soutenir concrètement les forces combattantes des YPG/YPJ, en relayant leurs revendications auprès de nos gouvernements, notamment pour une fourniture sans conditions d’armes adaptées. Mais aussi par la solidarité ouvrière directe et la mise en place de collectes financières pour leur permettre de se procurer un maximum d’équipement (armes, vivres, médicaments, etc.) en toute indépendance des puissances impérialistes.
Le NPA 31 est engagé depuis deux mois dans la solidarité concrète sur Toulouse aux combattant‐e‐s de Kobanê avec les associations kurdes de la ville, ayant débouché, mardi 14 octobre, sur la constitution d’un Collectif Urgence Kobanê ‐ Soutien au Peuple Kurde, qui regroupe trois syndicats, trois associations et neuf partis politiques. Nous en appelons à tout le
parti pour agir de même dans un maximum de villes, notamment là où les Kurdes de France manifestent et là où existent des correspondants locaux de la CNSK (Coordination nationale Solidarité Kurdistan), dont fait partie le NPA, aux côtés du PCF et d’Alternative libertaire.
Toulouse, le 22 octobre 2014
NPA 31
9, rue Corneille
31100 Toulouse
contact npa31.org