La formation politique Podemos, nouvelle venue sur la scène politique de l’Etat espagnol arrive, avec des fluctuations, en première ou deuxième position pour ce qui des intentions de vote pour les élections législatives de novembre 2015 (entre 25 et 27%). Le programme socio-économique de Podemos, du moins les éléments connus actuellement, est des plus vague. Il s’inspire d’un keynésianisme modéré. Un débat existe à ce sujet et des contributions critiques se font. Nous reviendrons sur ce thème des plus importants. Pour l’heure, les débats se concentrent sur le fonctionnement de Podemos. Mettant à profit les médias et les réseaux sociaux, le groupe autour de Pablo Iglesias accapare les positions de direction. Il est significatif que Miguel Urban, comme auparavant l’eurodéputé Pablo Echenique, utilise la formule pour ce qui est de sa fonction future : « j’en parlerai avec Pablo Iglesias pour savoir où je serai le plus utile. » [1]
Miguel Urban s’est présenté, au sein de Podemos, au poste de secrétaire pour la Communauté autonome de Madrid. Le samedi 14 février, sa liste a réuni un nombre de suffrages très proche de ceux de la liste du bras de droit de Pablo Iglesias, Luis Alegre. Le nombre de votant·e·s se montait à 17’573. Les votes blancs totalisent 1224 pour le secrétariat général. Luis Alegre Zahonero a été élu avec 49,88% des suffrages. Sur les 34 membres du Conseil citoyen, 16 proviennent de la liste de Miguel Urban, Podemos Ganar Madrid. Les processus d’élections internes au sein de Podemos aboutissent à jeter une lumière assez franche sur les mécanismes démocratiques de fonctionnement de ce mouvement. Mais, le contenu de classe du programme socio-économique et de la pratique sociale de cette formation reste un point d’interrogation, au mieux. Les « innovations » dans le vocabulaire peuvent, finalement, se transformer en piège. C’est-à-dire en refus, pour des raisons électoralistes, de prendre en compte la dimension effective des affrontements sociaux inhérents à la crise du capitalisme espagnol et, plus généralement, de l’Europe du sud. L’attitude pratique face à la deuxième Marche de la dignité, le 21 mars prochain, sera aussi un test pour les différents courants de Podemos et pour la direction Iglesias.
Enfin, la vigueur avec laquelle est attaquée Teresa Rodriguez – qui a été élue avec 80% des voix aux élections internes de Podemos en Andalousie –, est révélatrice de la compréhension qu’a la bourgeoisie et ses élites politiques de la vigueur du mouvement social qu’exprime la candidate andalouse. Le ralliement à Podemos Andalousie du dirigeant du SAT (Syndicat Andalou des Travailleurs), Diego Cañamero Valle, renforce la dynamique impulsée par Teresa Rodriguez et le courant qu’elle anime. Diego Cañamero et la liste Candidature Unité des travailleurs (CUT) étaient depuis 1986 jusqu’en février 2015 parties prenantes d’Izquierda Unida. En Andalousie, se constate un processus de maturation politique qui peut s’affirmer ou s’affirme déjà dans d’autres régions. Mais aucun automatisme n’existe dans ce domaine et c’est ici s’intrique les dimensions de fonctionnement démocratique et de définition programmatique de Podemos.
Rédaction A L’Encontre