Près de deux mois après l’issue victorieuse du 25 janvier 2015, le gouvernement est encore placé sous le chantage des créanciers (plutôt que « partenaires » comme on les appelle en utilisant un oxymore). Le gouvernement se plaint de cela, alors qu’il respecte l’accord. Mais que signifie « respecter l’accord » ?
Cela signifie que la troïka est devenu le quatuor et l’organe de base qui vont annuler les plus importantes mesures qui auraient affaibli certains impacts sociaux des Mémorandums et/ou qui vont repousser ces mesures (promises) aux calendes grecques, C’est le cas de la réintroduction des 751 euros comme salaire minimum, salaire qui peut aussi être réduit. Cela est aussi indiqué par les mesures tronquées placées sous le titre de « mesures contre la crise humanitaire ». C’est le cas du manque de redistribution de la richesse au détriment des riches avec l’actuel le système d’impôts. C’est aussi le projet de loi inachevée pour la reconstitution de ERT, la radio-télévision publique (une loi quasiment disparue). Il en va de même pour la réduction des taxes sur l’huile de chauffage.
Si ces renonciations et le tournant à 180% sont un élément fort négatif, pire est le changement complet des positions de SYRIZA : la non-dissolution de TAIPED (organisme chargé des privatisations) ; l’intégration encore élargie de la propriété publique placée sous le contrôle de TAIPED ; la discussion sur le prix que Latsis (un des gros armateurs et un financier, basé, entre autres, à Genève) pourrait obtenir pour la Elliniko (l’ancien aéroport qui borde la mer ; Syriza était opposé à sa privatisation). Tout cela constitue un renversement complet des positions sur le thème des privatisations.
Et il est naturel que ces abandons aillent de pair avec l’utilisation du personnel « appropriée » : Stournaras (ex-ministre des Finances de Samaras) à la tête de la Banque de Grèce ; le personnel de la Nouvelle Démocratie et du PASOK dans les administrations des hôpitaux et ailleurs. « L’élite » des partis du gouvernement Samaras reste en place. Alors que, dans le même temps, le ministre des Finances, Varoufakis, engage des consultants faisant partie des requins haut placés de la finance internationale.
Tout cela est arrivé parce que les limites sont déjà atteintes pour une stratégie qui considère que les mesures en faveur des masses populaires peuvent être prises avec l’accord des bailleurs de fonds. Or, ce n’est pas le cas. Avant que ne s’évanouisse le soutien populaire alloué à SYRIZA – en Grèce et à l’étranger – il est temps pour le gouvernement de mettre en œuvre de manière complète et immédiate les engagements pris à Thessalonique, le 14 septembre 2014. Sans cela, ce gouvernement soit se verra imposer un nouveau mémorandum, soit va s’écrouler.
Le plus important des engagements de SYRIZA, non seulement envers le peuple grec, mais envers les autres peuples européens, résidait dans le renversement de l’austérité. Ce renversement est la condition politique de l’existence du parti. Et dans la mesure où ce renversement est considéré par les créanciers comme une action unilatérale, la rupture avec l’Eurozone (et les capitalistes locaux) est inévitable.
Et puisque les actions unilatérales sont inévitables au même titre que la rupture, l’outil du défaut l’est aussi. Les prochaines étapes et des niveaux de rupture peuvent exiger d’autres mouvements tactiques (options au plan monétaire, et même des alliances géopolitiques), mais tout doit être subordonné à l’objectif stratégique de la période présente pour mouvement ouvrier international : à bas l’austérité !
Editorial de La gauche ouvrière