Une triple contribution des retraité·e·s pour l’assurance maladie sera payée par les 2,65 millions de retraités (sur une population de 11 millions) en septembre. Elle sera collectée en une fois, sur la base du montant de la retraite versé en septembre. Cette nouvelle contribution touchera aussi bien la retraite de base que complémentaire. Le montant total pour les trois mois (juillet, août, septembre 2015) de la hausse contributive mensuelle sera collecté à fin août ou au début septembre, selon le fonds de pension dont les retraité·e·s dépendent.
[Pour rappel, les dépenses pour les retraites ont subi, depuis 2012, une réduction de quelque 5 milliards d’euros par année. Les « institutions » ont pour objectif un système de retraite « autosuffisant » et donc de mettre fin au fait qu’il est, en partie, abondé par le budget de l’Etat. C’est l’objectif du troisième mémorandum. Telle est la situation actuelle, avant les mesures imposées par le troisième mémorandum, dont celle décrite ici n’est qu’une facette. Prenons un exemple : une retraitée disposant d’une pension relativement confortable de 1330 euros en 2010, versée 14 fois l’an, se retrouve en juin 2015 dans la situation suivante : retraite réduite à 1050 euros et reçue 12 fois par an ; une baisse de plus de 30%. Or, elle se trouve dans le 20% des retraités les mieux « traités » ; pour les retraité·e·s disposant d’une retraite inférieure à 500 euros, la coupe a été de 15%.
Selon une enquête de la Fédération des petites entreprises, des commerçants et des artisans, qui date de janvier 2014, 48,6% des familles grecques dépendaient très largement du montant d’une retraite, ce qui est en lien avec le taux de chômage, en particulier des moins de 35 ans ; et 35,9% dépendent avant tout d’un revenu salarial. Début 2014, la moyenne du total des retraites se situait à 700 euros et à 900 en cas d’existence d’un fonds complémentaire (auxiliaire). Dans la même enquête, 6 ménages sur 10 affirmaient avoir dû réduire leurs dépenses pour la nourriture ; 7 sur 10 économisent sur le chauffage (l’enquête est faite en hiver) et sur le transport. Sur le total des chômeurs, ceux qui bénéficiaient d’une allocation étaient au nombre de 10%. Voir MacroPolis, 27 janvier 2014.]
La retenue sera rétroactive – elle sera calculée à partir du 1er juillet 2015 – et concerne toutes les contributions aux fonds de retraite. Il en découle une réduction indirecte du montant des retraites, selon le journal Le Quotidien, en date du 23 juillet. La circulaire a été signée et envoyée aux fonds de pension par le ministre du Travail, de la Sécurité sociale et de la Protection sociale Giorgios Katrougalos [qui a récupéré ce ministère lors du remaniement, après avoir été ministre de la Fonction publique dans le premier gouvernement de Tsipras ; il se proclame « un ministre du Travail de gauche », in L’Humanité du 20 juillet].
La plus grande partie des retraites perdront 2% supplémentaires par mois de leur valeur nominale (soit calculée sur le montant antérieur aux coupes imposées depuis 2010), tandis qu’une retenue de 6% par mois, pour hausse de cotisation, sera effectuée sur la retraite complémentaire (après les autres déductions). Les réductions cumulatives seront pour septembre de 6% dans la retraite principale (2% x 3 mois) et de 18% (6% x 3 mois) pour la retraite complémentaire. Selon les calculs, l’amputation du montant de retraites sera de 12%, en moyenne.
La circulaire
Selon la décision – mise en œuvre du paragraphe 31 de l’article 1 de la Loi 4334 / 2015 – le taux de cotisation augmente dès le 1er septembre 2015 pour les soins de santé. Hausse qui est retenue sur les retraites versées par les principaux fonds de pension. Elle sera de 4% [juillet-août] à 6% [juillet-septembre] (soit une augmentation de 2 points de pourcentage de hausse pour les prestations de soins de EOPYY, la principale caisse d’assurance maladie). Le nouveau taux sera calculé sur le montant brut mensuel initial de la rente principale (calculé sur la base des montants antérieurs aux réductions intervenues à l’occasion des mémorandums, soit des montants nominaux élevés des principaux régimes de retraite). A la même date de septembre 2015, une contribution pour soins de santé est établie à un taux de 6% ; elle est déduite de la retraite complémentaire désormais payée. Ce pourcentage est calculé sur le montant mensuel payé de la retraite complémentaire.
En vertu de la décision, de nouvelles contributions seront retenues – et pour les trois mois – sur le montant des retraites versées en septembre 2015.
Par exemple, un retraité ayant une modeste retraite provenant d’IKA [le principal organisme de sécurité sociale en Grèce, qui verse des retraites à plus de 800’000 retraités] de 486, 84 euros brut et qui reçoit une retraite complémentaire de 236,75 euros va perdre 72 euros (24 euros multiplié par trois en septembre) comparé aux 19,5 euros mensuels qu’il payait chaque mois pour EOPYY.
George Gatou