En Italie, le Mouvement 5 étoiles se prépare à prendre le pouvoir
27.10.2015
Il n’est pas au pouvoir comme Syriza en Grèce, ne gouverne pas de grandes villes comme Podemos en Espagne, mais en Italie, le Mouvement 5 étoiles (M5S) continue de grandir inexorablement sondage après sondage. Alors que d’aucuns prédisaient la fin imminente de ce « non-parti » après des scores décevants aux élections européennes et régionales, il pèse désormais 27 % des intentions de vote, soit 2 points de mieux que son score obtenu aux scrutins législatif et sénatorial de février 2013, qui lui avait permis de faire élire 163 parlementaires.
Dans un contexte de liquéfaction de la droite italienne, il apparaît comme la seule alternative au Parti démocrate (centre gauche) de Matteo Renzi et son plus dangereux adversaire. Les élections municipales, en juin 2016, à Milan, Bologne, Turin, Naples et surtout à Rome, minée par les scandales, devraient confirmer cet enracinement.
Ce succès ouvre de nouveaux espoirs aux partisans de Beppe Grillo. Fort à présent de 91 députés, 36 sénateurs (une quarantaine de parlementaires ont été exclus ou ont changé d’affiliation), 17 députés européens, 11 maires et un bon millier de conseillers régionaux et municipaux, le Mouvement rêve d’exercer le pouvoir.
« Démontrer que nous savons aussi gouverner »
« Si nous remportons la mairie de Rome, nous gouvernerons le pays pendant dix ans », a déclaré l’ancien comique lors d’un rassemblement de militants et d’élus, les 17 et 18 octobre à Imola (Emilie-Romagne). « Nous avons su être des opposants, maintenant nous devons démontrer que nous savons aussi gouverner, et, si nous parvenons à bien administrer Rome, nous pourrons en faire autant pour le pays », a promis de son côté un député.
Mais un « non-parti » peut-il exercer un vrai pouvoir ? Depuis sa naissance en 2008, le M5S se caractérise plus par des mots d’ordre et des valeurs (transparence, légalité, écologie) que par un programme. Post-idéologique, il ne se veut ni de droite ni de gauche ; hostile à toute idée de leadership, il professe que « un vautun » et que la parole du militant de base est aussi précieuse que celle d’un parlementaire.
Il est en revanche doté de règles intangibles : décisions soumises au vote sur Internet, nécessité pour ses candidats – désignés eux aussi par les internautes – de ne pas avoir été, lors d’une élection précédente, investis par un autre parti, limitation stricte à deux mandats consécutifs pour tous les élus quel que soit leur rang, refus des alliances avec d’autres formations.
Beppe Grillo en retrait
La perspective d’exercer un jour les responsabilités les plus hautes mettent à mal l’identité du Mouvement et ses principes. Déjà, M. Grillo, 67 ans, a pris un peu de recul. Si l’ancienne vedette de la télévision reste un bon « produit d’appel », il se démode. Son mode d’expression, sa faconde, ses provocations restent liés à l’époque de sa gloire dans les années 1980 et 1990.
Son inquiétant mentor, Gianroberto Casaleggio, qui gère le blog Beppegrillo.it, véritable sismographe du parti, est contesté. Des élus, comme Federico Pizzarotti, le maire de Parme, lui reprochent un fonctionnement « opaque et clanique ».
L’oukase qui interdisait aux élus de participer aux émissions de télévision, à moins d’en être le seul invité, a été levé. Désormais, les élus 5 étoiles font autant d’audience que le fondateur du Mouvement. Conséquence : Il y a près d’un an, arguant d’« un coup de fatigue », M. Grillo a officiellement confié les rênes du M5S à un directoire de cinq personnes.
Antithèse générationelle
C’est dans ce cercle que se retrouvent Luigi Di Maio, 29 ans, vice-président de la chambre des députés, et Alessandro Di Battista, 37 ans, député. Les deux hommes figurent l’avenir du M5S. Bien peignés, cravate nouée à la limite de la strangulation, le verbe sobre et pesé, une tête de gendre idéal, ils semblent être l’antithèse générationnelle et stylistique de M. Grillo, qui regarde leur évolution avec autant de fierté que d’appréhension.
Et s’ils allaient me jeter dehors ? Le premier est désormais testé dans les sondages à l’égal de M. Renzi ou de Matteo Salvini, le secrétaire fédéral de la Ligue du Nord ; le second apparaît comme un candidat idéal à la mairie de Rome dont il est originaire.
Mais ce mode de sélection des talents n’est pas compatible avec les statuts du Mouvement. S’il veut devenir un jour président du conseil, M. Di Maio devra être désigné par les quelques dizaines de milliers d’internautes inscrits sur le site Beppegrillo.it. Quant à M. Di Battista, il ne peut devenir maire de Rome, étant déjà député.
Le moment de s’interroger
Pour le Mouvement 5 étoiles, le moment est venu de s’interroger : son règlement interne est-il compatible avec la vie politique où les occasions se présentent sans qu’on les ait forcément prévues ? « En 2013, a déclaré M. Grillo le 30 août, nous n’étions pas prêts. Nous avons pris un peu tout le monde. Aujourd’hui, le Mouvement progresse en qualité. Il y a encore deux ans, n’importe qui y entrait, désormais, ce sont des professionnels qui nous approchent, des gens qui peuvent apporter vraiment quelque chose. »
Comment faire une place à ces derniers ? Comment éloigner les élus décevants et promouvoir les talents pour engranger de nouvelles victoires ? Comment éliminer les transfuges attirés par la perspective d’une réélection ? C’est toute la question qui se pose aujourd’hui au « non-parti ».
S’il décide de laisser survivre les plus forts et de condamner les plus faibles, il deviendra une formation comme les autres, à même de s’installer au palais Chigi, siège de la présidence du conseil. S’il s’en tient à ses principes démocratiques et participatifs où un candidat connu de ses seuls amis et de sa famille peut sortir du lot, il court le risque de ne jamais voir le pouvoir suprême. Peut-on gagner des élections sans perdre son âme ?
Philippe Ridet (Rome, correspondant)
Journaliste au Monde
* LE MONDE | 27.10.2015 à 11h17 • Mis à jour le 27.10.2015 à 11h35 :
http://www.lemonde.fr/decryptages/article/2015/10/27/en-italie-le-mouvement-5-etoiles-se-prepare-a-prendre-le-pouvoir_4797700_1668393.html
En Italie, la bonne santé du Mouvement 5 étoiles conforte Matteo Renzi
03.08.2015
Plus de 26 % : c’est désormais le pourcentage des intentions de vote en faveur du Mouvement 5 étoiles (M5S) selon un sondage de l’institut Demos & Pi publié début juillet dans le quotidien La Repubblica. C’est un point de plus que son score aux élections générales de février 2013, et six points de mieux que son résultat aux européennes de mai 2014, lorsque les observateurs avaient conclu à la fin de l’expansion du parti de l’anti-politique. Au grand désespoir de ceux qui annonçaient sa disparition à court terme, le M5S se confirme comme la deuxième formation italienne derrière le Parti démocrate (PD, centre gauche) du président du conseil Matteo Renzi (aux alentours de 35 %), mais loin devant les deux partis de droite, la Ligue du Nord (14 %) et Forza Italia, de Silvio Berlusconi (12 %).
Comme l’écrit le politologue Ilvo Diamanti « le Mouvement est un autobus dans lequel on monte pour diverses raisons et diverses destinations ». L’absence de lignes directrices claires lui a permis de séduire les franges les plus diverses de l’électorat. Les positions de Beppe Grillo, son fondateur, contre l’immigration et l’instauration du droit du sol ravissent la droite, tout comme sa proposition de référendum pour sortir de l’euro ; à l’opposé, ses propositions en faveur du revenu minimum citoyen ou du mariage homo lui valent l’approbation de la gauche de la gauche. Résultat : les électeurs du M5S viennent pour 33 % d’entre eux de la gauche, et pour 32 % de la droite et du centre. Attrape-tout, ce parti séduit 34 % des ouvriers, 36 % des fonctionnaires, 38 % des travailleurs indépendants, 31 % des professions libérales, 38 % des étudiants, 31 % des chômeurs. Il faut remonter à la démocratie chrétienne pour trouver une implantation si transversale !
En théorie, le Mouvement 5 étoiles devrait donc se retrouver face au Parti démocrate si de nouvelles élections législatives avaient lieu avant 2018, terme de l’actuelle législature. Conçue pour assurer une majorité stable à l’exécutif, la nouvelle loi électorale prévoit que les deux formations arrivées en tête au premier tour s’affrontent dans un second. Attaché à l’ancien système qui faisait la part belle aux coalitions et distribuait les sièges au prorata du score de chacune d’elles, le M5S n’a pourtant mené qu’une bataille symbolique contre la nouvelle règle du jeu, conscient qu’elle ne lui était pas si défavorable. Le politologue Piero Ignazi estime qu’en cas de second tour entre les candidats du PD et ceux du M5S, ces derniers concentreraient tous les votes anti-Renzi, de droite comme de gauche, et pourraient l’emporter, obligeant le président de la République à nommer l’un des leurs à la tête du gouvernement.
Une arme dissuasive
Du coup, la perspective de voir un élu du Mouvement 5 étoiles accéder au Palais Chigi suffit à refroidir les adversaires les plus acharnés de Matteo Renzi. Même s’ils rêvent de le voir tomber, les parlementaires de Forza Italia et de la Ligue du Nord redoutent de ne pas profiter de la crise qu’ils auraient provoquée. L’expansion du M5S agit comme une arme dissuasive à l’encontre des partis traditionnels qui se sont partagé le pouvoir au cours des vingt dernières années et voudraient le conserver. Pourquoi tout risquer sur un coup de dés ?
Forza Italia pâtit lourdement du vieillissement de son président-fondateur (79 ans en septembre), des affaires qui le frappent et de son éloignement du pouvoir – M. Berlusconi est exclu du Parlement jusqu’en 2018. Il se cherche un nouveau leader et ne le voit pas venir. La Ligue du Nord, bien qu’elle soit devenue le premier parti de la droite italienne, reste une formation régionale. Les frondeurs du Parti démocrate et tous ceux qui, à gauche, attendent une politique plus généreuse à l’égard des plus démunis, ne parviennent pas à s’organiser dans un front uni contre le gouvernement – exemple : il y a trois partis communistes en Italie ! Enfin, le M5S doit faire émerger une classe dirigeante capable de supplanter la séduction exercée par Beppe Grillo dans les meetings et à la télévision.
Attirer l’électorat modéré de droite
Dans ces conditions, Matteo Renzi peut s’estimer relativement tranquille pour les trois années à venir. Trois ans, c’est aussi le temps dont le chef du gouvernement a besoin pour rassembler sa formation. Après des réformes qualifiées « de droite » (assouplissement du code du travail, réforme de l’enseignement), M. Renzi a besoin d’émettre des signaux en direction de son propre camp, de plus en plus rétif, comme l’ont montré les chiffres de participation aux élections régionales partielles de mai. La mise en place d’un pacte d’union civile pour les couples homosexuels, la réforme de la gouvernance de la RAI, la télévision publique, ou l’instauration du droit du sol devraient contribuer à « gauchiser » son image.
Mais le premier ministre sait que cela ne suffira peut-être pas contre le M5S. Il doit aussi attirer à lui l’électorat modéré de droite. C’est à l’aune de cette stratégie qu’il faut interpréter son annonce d’alléger les taxes de 45 milliards d’euros dans les prochaines années. La baisse de la fiscalité a toujours été un des chevaux de bataille de Forza Italia et de la Ligue du Nord. En 2018 (ou avant), c’est de leurs électeurs que viendra peut-être son salut.
Philippe Ridet (Rome, correspondant)
Journaliste au Monde
* LE MONDE | 03.08.2015 à 10h13 :
http://lemonde.fr/europe/article/2015/08/03/en-italie-la-bonne-sante-du-mouvement-5-etoiles-conforte-matteo-renzi_4709664_3214.html
Qui sont les nouveaux « gardiens » du Mouvement 5 Etoiles ?
30 novembre 2014
Dix ? Quinze ? Vingt ? La presse italienne (La Stampa, Il Fatto Quotidiano, La Repubblica) tenait pour acquises, dimanche 30 novembre, de nouvelles purges au sein du Mouvement 5 étoiles. Ne reste qu’à en arrêter le nombre. Tous ceux qui se sont opposés au cours des derniers mois au mode de fonctionnement du parti, à sa ligne politique erratique, aux décisions jugées parfois brutales de Beppe Grillo et de son mentor Gianroberto Casaleggio, sont dans la ligne de mire.
Faire le tri entre les « inconditionnels » et les « dissidents » devrait être la première tâche du directoire de cinq députés, nommé par un Beppe Grillo « un peu fatigué », et ratifié vendredi par un référendum des militants.
Qui sont-ils ?
Luigi Di Maio, 28 ans. « MM. Grillo et Casaleggio auront de moins en moins de place au sein du Mouvement », s’était-il laissé écrire prophétiquement sur sa page Facebook au lendemain des élections européennes de mai. « Propre sur lui », élégant, beau parleur et médiatique, M. Di Maio, vice-président de la Chambre, a reçu les félicitations de Matteo Renzi comme de Silvio Berlusconi qui ne détesteraient pas avoir un talent de cet acabit dans leurs écuries. Bosseur, il est devenu le point de passage obligé pour tous les parlementaires qui tentent d’approcher les élus du Mouvement.
Alessandro Di Battista, 36 ans. Vice-président de la commission des affaires étrangères, sa biographie vante un diplôme à l’université la Sapienza à Rome (art, musique et spectacle) ainsi qu’une activité humanitaire au Guatemala et au Congo et de nombreux voyages en Amérique latine. Volontiers paranoïaque, il n’excluait pas, selon La Stampa, que des parlementaires les plus en vue du Mouvement puissent être l’objet de tentative de déstabilisation. « On t’envoie une fille appétissante et après on t’accuse de viol ou on met de la cocaïne dans la poche de ton veston »... Sincère ou maladroit ? Il soutient qu’il faut « ouvrir des discussions » avec l’Etat islamique.
Roberto Fico, 40 ans. Candidat du Mouvement à la présidence de l’Assemblée nationale en 2013, il a finalement obtenu celle de la commission parlementaire qui contrôle la Rai, la télévision publique. Ce diplômé en sciences de la communication milite depuis 2005 en faveur de Beppe Grillo. Il est favorable au mariage pour tous, à l’adoption par les couples homosexuels et à l’euthanasie. Pour Fico, « Grillo appartient au patrimoine mondial de l’humanité comme les Dolomites ou la Côte amalfitaine ».
Carla Ruocco, 41 ans. La seule femme de ce quintet et la plus méconnue. Elle a travaillé longtemps pour le fisc italien. A ce titre, cette diplômée en économie et commerce s’est inscrite à la commission finances de la Chambre des députés.
Carlo Sibilia, 28 ans. La finance est son ennemie, mais ce diplômé en biotechnologie a surtout fait parler de lui suite à sa proposition de loi (restée sans suite) pour autoriser les « mariages entre plusieurs personnes » ainsi que ceux « entre espèces différentes à condition qu’elles soient consentantes ». Le jour du 45e anniversaire du premier pas de l’homme sur la Lune, il a soutenu que « c’était une farce ». Pour lui, l’auteur de la fusillade dans la Parlement canadien à Ottawa en octobre « était soit un fou, soit un homme qui avait retrouvé la raison ».
Cinq pour diriger un mouvement politique dont Beppe Grillo et Gianroberto Casaleggio chercheront encore à tirer les ficelles ? Selon nous, il y en a au moins quatre de trop.
Faites vos jeux !
Philippe Ridet
* http://italie.blog.lemonde.fr/2014/11/30/qui-sont-les-nouveaux-gardiens-du-mouvement-5-etoiles/
Un peu « fatigué », Beppe Grillo confie le Mouvement 5 étoiles à un directoire
29 novembre 2014
Il se voulait le « non-leader » d’un « non parti », c’est à moitié réussi. Beppe Grillo, créateur du Mouvement 5 étoiles (M5S) en 2009, fait un pas en retrait, mais il dote sa formation d’une équipe dirigeante telle qu’elle n’en a jamais eue, au risque de la normaliser. 91 % des militants inscrits sur son blog beppegrillo.it ont approuvé, vendredi 28 novembre, sa décision de remettre les rênes du mouvement entre les mains de cinq députés choisis parmi les plus fidèles : Alessandro Di Battista, Luigi Di Maio, Roberto Fico, Carla Ruocco, Carlo Sibilia.
Dans un post d’explication l’ancien comique génois de 66 ans, a expliqué : « Le M5S a besoin d’une représentation plus ample. Moi, mon camping-car et mon blog ne suffisons plus. Je suis un peu fatigué comme dirait Forrest Gump ». Ce directoire, poursuit-il, « me rendra compte régulièrement de la situation générale afin que nous prenions ensemble les décisions pour construire l’avenir du Mouvement ». Mais le « nous » ne trompe pas. L’effacement de Beppe Grillo, même s’il continuera de tirer les ficelles, sonne le glas d’une utopie politique où la parole de n’importe quel militant valait celle du chef. C’est une manière – après tout pas si courante – de reconnaître ses propres limites.
Voilà plusieurs semaines que les médias italiens décrivaient un Beppe Grillo désabusé et désireux de prendre du recul. Sa créature ne lui ressemblait plus. Conçue à l’occasion des « vaffa days » (littéralement les « Journées va-te faire foutre ») en 2007 et parachevée par le triomphe des élections législatives de février 2013, l’aventure tournait en eau-de-boudin.
Ses 163 élus qui rêvaient d’ouvrir le Parlement « comme une boîte de thon » se sont vite retrouvés prisonniers des institutions et de ses rites, considérés comme des extraterrestres, tenus en lisière par une classe politique rétive au changement quand ils n’ont pas eux-même choisi de se de barricader dans leur « splendide isolement ». Scrutin après scrutin, l’étoile à cinq branches du Mouvement a pâli jusqu’à presque s’éteindre lors des élections régionales du 23 novembre. En Emilie-Romagne, sa candidate n’a obtenu que 13 % des suffrages ; en Calabre, son représentant se contente de 4 %.
Les causes de ce revers sont multiples. L’arrivée sur la scène politique de Matteo Renzi qui lui a repris plusieurs de ses thématiques, notamment sur le coût de la vie politique, puis de Matteo Salvini, le leader de la Ligue du Nord qui lui a « piqué » celle de lutte contre l’Euro l’a privé de ses points forts. La maladie de son mentor Roberto Casaleggio, le flou idéologique et organisationnel et les divisions des élus entre partisans d’alliances ponctuelles avec le gouvernement et adversaires de toute forme de compromission, ont peu à peu marginalisé le parti et l’ont rendu quasiment inutile.
Plus grave peut-être pour lui, ancienne vedette populaire de la télévision : l’accueil hostile qu’il a reçu en voulant visiter les quartiers de sa ville de Gênes les plus touchées par les inondations du mois d’octobre. Rabroué par de jeunes secouristes, il dut écourter sa visite placée sous haute protection après s’être vu proposer de « prendre une pelle » et de « donner un coup de main » plutôt que de faire une « promenade électorale ». Bafoué chez lui ? Plus dur à encaisser que les défaites ici ou là de ses candidats.
Enfin, les purges de plus en plus fréquentes décidées au gré de l’humeur colérique du chef par un post de blog ont achevé de donner lui une image inquiétante et sectaire. Sous sa conduite, le Mouvement a perdu 22 élus, expulsés ou partis d’eux-mêmes… D’autres figures médiatiques, comme le maire de Parme, Federico Pizzarotti, sont brocardées régulièrement. Jeudi 27 novembre, deux nouveaux députés ont été chassés d’un simple clic. Exigeant des explications, des militants se sont rendus sur la côte toscane où Beppe Grillo possède une résidence secondaire afin qu’il s’explique. Ce dernier a appelé la police…
Philippe Ridet