Sauver les apparences, peut-être, le climat sûrement pas !
Ce qui devait être la dernière réunion de négociation avant la COP21 s’est terminé à Bonn le 25 octobre en décidant... de ne rien décider. Le « brouillon final » issu de cette séance est beaucoup plus long (55 pages) que la version précédente (20 pages). Pour conserver tous les participants autour de la table, en particulier les pays du sud, il intègre pour chacune des questions importantes plusieurs options, parfois totalement contradictoires, avec plus de 1 500 crochets entourant des phrases non consensuelles. L’ONU a beau plastronner, « les gouvernements du monde se reconnaissent complètement dans ce brouillon équilibré qui sera le point de départ pour la négociation finale », il n’y a en réalité aucun accord, et tout ce beau monde doit encore se revoir pour tenter de sauver la face. C’est l’objet de la « pré-COP » qui s’est tenue à Paris du 8 au 10 novembre.
Laurent Fabius a donc reçu une soixantaine de ministres de l’Environnement et de l’Énergie pour « donner un élan politique et faciliter l’accord final ». « La plénière de clôture sera l’occasion d’envoyer un message clair sur les attentes des ministres et autres chefs de délégation » ! « Élan », « message », « attente »… beaucoup de mots pour rien. L’un des sujets qui fâchent est bien évidemment la reconnaissance de la responsabilité historique des pays riches pour les plus grandes quantités de gaz à effet de serre émises. La pré-COP se soucie donc d’équité... en accordant une coprésidence de chaque groupe de travail, coprésidence entre un ministre du nord et un ministre du sud. Si ça, c’est pas de la com’ !
Il n’est pas question de négocier sur le fond, ni maintenant ni au moment de la COP, puisque chaque pays indique ses propres objectifs « volontaires » de réduction... Comme il est devenu impossible de masquer que le cumul de ces annonces aboutit à un réchauffement de 3 voire 3,5 °C, pour tenter de sauver la fiction d’un « accord contraignant », le gouvernement français va donc promouvoir un mécanisme de révision tous les cinq ans… à partir de 2025. Tout cela en proclamant que « plus tard il sera trop tard ! »
Ils osent tout pour déguiser en avancée les nouveaux crimes climatiques qui se préparent. À la mobilisation de masse en construction de ne pas les laisser faire !
Christine Poupin
* Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 311 (12/11/2015). https://npa2009.org/
Justice sociale et climatique : sauvons-nous nous-mêmes !
Face à la gravité et à l’extrême urgence de la situation, envisager la mobilisation comme une simple manifestation pour « peser sur les négociations » et « se faire entendre des gouvernants » ou, autre version, « dénoncer l’impasse et des dangers du capitalisme » et « témoigner de la radicalité et de la justesse de nos réponses » ne serait pas à la hauteur.
Le week-end des 28-29 novembre, nous commencerons par réussir les « marches pour le climat » ou « marches pour la justice climatique » qui se tiendront dans les différentes capitales du monde et dans les villes françaises : Rennes, Lyon, Chambéry, Rouen, Limoges, Caen... le samedi 28, et Paris, Lille, Strasbourg, Marseille, Bordeaux... le dimanche 29.
Montrer notre force et notre détermination
Certains des organisateurs s’accrochent, avec plus ou moins d’illusions, à l’idée de faire pression sur la conférence avant son ouverture. C’est une marque de fabrique de la Coalition climat qui s’est mise en place pour coordonner les mobilisations que de chercher à réunir toutes les forces, des ONG environnementalistes aux syndicats, des groupes de foi aux organisations syndicales, des associations de solidarité internationale aux altermondialistes, féministes et scientifiques, Alternatiba, celles et ceux qui combattent le nucléaire, les gaz de schiste et les différents projets destructeurs à Bure ou à Notre-Dame-des-Landes (qui organisent un convoi des luttes de territoire arrivant le 28 à Paris)... Sous la pression des syndicats, les partis ne sont pas en tant que tels membres de la coalition. Cela n’empêchera pas les anticapitalistes de mobiliser, de se mobiliser et d’être massivement présents.
L’ ébullition militante se poursuivra pendant les deux semaines qui suivront ce premier week-end. Les 5 et 6 décembre, à Montreuil (93), le Sommet citoyen pour le climat rassemblera le Climat Forum : conférences, débats, expositions, Village mondial des alternatives, ainsi qu’un Marché paysan organisé par la Confédération paysanne.
Puis du 7 au 11 décembre, la Zone d’action pour le climat occupera le Centquatre (5 rue Curial, Paris 19e), un lieu ouvert d’information, avec aussi une AG quotidienne pour préparer des actions concrètes....
Enfin le 12 décembre, l’ambition est d’organiser la plus grande action de masse pour la justice climatique à Paris, une mobilisation nationale et internationale avec des participations collectives et unitaires en provenances des régions et pays. Différentes formes d’action sont prévues pour permettre à toutes les forces d’y trouver leur place : rassemblement de masse à partir de 12 heures et actions dites de « désobéissance civile », avec en particulier la perspective d’encercler le Bourget (93) au moment où s’y clôturera la COP.
Le jour d’après
Que l’on ait mis ou non des espoirs dans la COP, au-delà du slogan « retrouvons-nous pour avoir le dernier mot ! », l’enjeu sera de poser les jalons d’un mouvement de masse durable pour la justice climatique. Pas question de se retrouver, comme après Copenhague en 2009, écrasés par la déception. Notre référence est plutôt Seattle, le 30 novembre 1999, l’acte de naissance du mouvement altermondialiste.
Le défi est de construire un mouvement international, radical et unitaire, de faire converger les résistances aux projets inutiles, destructeurs, extractivistes et les alternatives créatrices ; de réussir une véritable conversion du mouvement social et syndical vers une radicalité à la fois sociale et écologique.
Face à la crise globale, à l’impasse historique du capitalisme, les anticapitalistes sont mis au défi d’avancer un projet de société non productiviste, rompant avec le système, alliant émancipation sociale et réparation des dégâts écologiques. Ils sont aussi mis au défi de développer des pratiques, des revendications, et des formes d’organisation permettant de le mettre en œuvre.
Commission nationale écologie du NPA
* Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 310 (05/11/2015). https://npa2009.org/
Climat : non aux fausses solutions
« Venez vivre l’expérience climat » c’est sous ce slogan que se présente l’opération SOLUTIONS COP21 qui occupera la Grand Palais du 4 au 10 décembre dans une mise en scène à mi-chemin entre la foire commerciale et le parc d’attraction, avec 4 millions d’euros, 50 000 visiteurs attendus, 20 000 mètres carrés de stands et d’animations.
Parmi les initiateurs de l’exposition, figurent des « amis du climat » bien connus comme Avril, Carrefour, GDF Suez, Suez Environnement, Veolia et Vinci.
Ségolène Royal a contribué au lancement de cette gigantesque opération de communication le 5 octobre en déclarant « Nous comptons sur la créativité et l’intelligence des entreprises, sur les investissements dans tous les secteurs de la croissance verte, parce que les solutions viennent de là. »
Leurs solutions, marché du carbone, « agriculture intelligente » … sont en réalité le problème !
Parmi elles, le Diester un agrocarburant nuisible pour l’environnement promu par Avril ex-Sofiprotéol, la pieuvre de l’agro-industrie présidée par le patron de la FNSEA, Xavier Beulin ou Monsanto champion des OGM.
Carrefour et Avril sont en charge du dossier « mieux se nourrir ». Chercher l’erreur ! Et le dernier venu est… Vinci le promoteur du projet d’aéroport à Notre-Dame-Des-Landes !
Poste avancé destiné au grand public, cette opération n’est qu’une toute petite partie de la présence des entreprises dans la COP21. Elles seront aussi présentes dans la conférence elle-même, non seulement dans « la Galerie », l’espace d’exposition réservé aux entreprises sur le site de la COP21, mais aussi, pour les plus grands groupes comme Air France, EDF ou GDF Suez, au cœur des négociations, en tant que « mécènes ».
Autant dire que le mouvement pour la justice climatique, la mobilisation d’en-bas pour imposer de changer le système, de sortir des énergies fossiles et du nucléaire, de sortir de l’agriculture industrielle doit grandir et prendre de la force. C’est la bataille que nous devons gagner avant, pendant et après la COP21.
Mardi 6 octobre 2015
COP 21 : nous n’en attendons rien !
Le document préparatoire à la COP 21 est clair : le réchauffement climatique ne préoccupe pas les dirigeants du monde. En effet, le texte ne prévoit aucun objectif contraignant chiffré, alors que les experts du climat ont défini des objectifs à atteindre et une feuille de route précise pour limiter la hausse de la température à + 2° d’ici 2100. Mais leurs préconisations sont ignorées.
L’urgence de la situation nécessite pourtant la mise en place de mécanismes de révision pour ajuster les objectifs (déjà insuffisants) de baisse des émissions, en fonction des résultats. Pour cela, il faudra attendre 2023-2024. Autant dire que d’ici là, des records d’émissions de carbone pourront être battus, sans vergogne. En outre, un paradoxe énorme mais tellement révélateur du manque de volonté politique des gouvernants éclairera celles et ceux qui auraient encore des illusions : le texte n’évoque jamais les énergies fossiles pourtant responsables de + 80 % des émissions de CO2 ! Et pour cause.
A la base même du système capitaliste, le gaz, le pétrole et le charbon génèrent une énergie peu chère car hyper subventionnée (700 milliards par an de subventions publiques) et dégagent des profits colossaux. Les mettre en cause impliquerait d’en finir avec leur exploitation. Intolérable pour les grands groupes gaziers, charbonniers et pétroliers ! De la même manière, la COP 21 continue d’épargner les secteurs de l’aviation et du transport maritime (près de 10 % des émissions de CO2) qui sont essentiels à l’économie capitaliste mondialisée.
On continue ?
Le texte ne présente aucun plan pour le développement des énergies renouvelables, alors même que leur déploiement pourrait fournir 80 % de l’énergie mondiale, d’après les scientifiques du GIEC. Un renoncement criminel devant la toute puissante OMC, en embuscade, qui a déjà cassé plusieurs plans nationaux et régionaux de soutien aux énergies renouvelables, car non conformes aux règles du commerce international.
Autre exemple, les « émissions nettes zéro » montrent que les mesures de compensation carbone, aussi inutiles au nord que néfastes au sud, sont encore mises en valeur. Les industriels pourront continuer à produire sans se soucier de l’impact sur le climat, dès l’instant qu’ils « compenseront » leurs émissions de CO2 par des plantations d’arbres dans des pays où les droits fonciers inexistants leur permettent de spolier les populations indigènes qui seront ainsi privées de leurs terres, donc empêchées de les cultiver. Si le bilan carbone s’annule, les pollueurs s’en sortiront avec la conscience tranquille du devoir onusien accompli.
Pas une ligne non plus sur le nucléaire, puisque les Etats réunis lors de la COP 21 n’aborderont pas le sujet. Pourtant ce sont les mêmes qui, en bons VRP de l’atome, présentent le nucléaire comme une solution au réchauffement climatique. Tant pis si les 436 réacteurs dans le monde ne fournissent que 12,5 % de l’électricité mondiale, avec tous les accidents, les milliers de morts et de malades, avec les risques de catastrophes encourus, avec l’insoluble problème des déchets, avec l’approvisionnement en uranium en voie de raréfaction, avec les risques de guerres et les tombereaux d’argent public englouti. Tout ça pour un rendement de 30 % ! (70 % perdus en chaleur dans les tours de refroidissement).
Non, vraiment, la COP 21 et ses opérations marketing ne changeront rien au déroulement de la catastrophe climatique annoncée : une remontée des océans telle que des millions de personnes dans les pays du sud, déjà durement touchés par la spoliation impérialiste, périront ou devront migrer. Nous laissons à Ségolène Royal et toutes les fidèles marionnettes des capitalistes leurs déclarations stupides : « nous comptons sur la créativité et l’intelligence des entreprises, sur les investissements dans tous les secteurs de la croissance verte, parce que les solutions viennent de là. »
Il est vraiment temps de prendre nos affaires en main. Les possédants menacent froidement l’humanité. Les gouvernements et les élus sont incapables de prendre des mesures significatives dès l’instant qu’elles entrent en opposition avec les intérêts industriels et financiers des puissants. Nous devons leur retirer leurs pouvoirs de nuisance et organiser l’appropriation publique sous contrôle démocratique des secteurs de l’énergie et de la finance. Cela ne se fera pas tout seul ! Nous devons déployer nos forces militantes pour construire, avec d’autres, un large mouvement pour la justice climatique, une mobilisation d’en bas pour imposer de changer le système, de sortir des énergies fossiles et du nucléaire, de sortir de l’agriculture industrielle. Ce mouvement doit grandir et prendre de la force. C’est la bataille que nous devons gagner avant, pendant et après la COP21.
La Commission nationale écologie du NPA
* Paru dans la Revue L’Anticapitaliste n°70 (novembre 2015). https://npa2009.org/
Climat : Préparer la riposte à la COP21
Il y a tout d’abord les messages officiels, fanfaronnants et qui masquent la réalité...
« La France va accueillir et présider la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015 (COP21/CMP11), aussi appelée « Paris 2015 », du 30 novembre au 11 décembre 2015. C’est une échéance cruciale, puisqu’elle doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2 °C. La France va donc jouer un rôle de premier ordre sur le plan international, pour rapprocher les points de vue et faciliter la recherche d’un consensus au sein des Nations unies et aussi au sein de l’Union européenne, qui occupe une place importante dans les négociations sur le climat. »
La COP21 rassemblera donc 195 pays, soit environ 20 000 participants. On sait déjà que les lobbys seront présents, que les multinationales – principales causes du dérèglement climatique – sponsorisent largement la réunion, que seuls 74 pays sur 195 ont à ce jour soumis leurs propositions, et que celles des pays qui auront un grand poids dans l’avenir – comme le Brésil ou l’Inde – n’en font pas partie. Même Hollande donne déjà des signaux de son interrogation sur la possibilité d’arriver à un accord ayant un sens. Par ailleurs, même si accord il y a, il ne sera en aucun cas contraignant !
Sensibiliser, expliquer
Et il y a la réalité : tous les experts, à commencer par le GIEC, confirment que l’objectif est d’ores et déjà inatteignable, que l’inertie du système conduit aujourd’hui à une augmentation de 3 °C au moins. Alors pourquoi la COP21, qu’en attendre et que faire dans notre camp ?
D’abord faire de cette occasion un moyen de sensibiliser largement les populations. Ainsi, Alternatiba, né de l’initiative du groupe basque Bizi, réunit localement les porteurs d’alternatives de la société civile à un monde capitaliste et pollué. Après le succès du premier Alternatiba à Bayonne en 2013, la formule s’est répandue dans toute la France, et même à Genève. Le week-end dernier, les 26 et 27 septembre à Paris, Alternatiba occupait toute la place de la République avec un Village des alternatives, ainsi que la Bourse du travail toute proche avec un cycle de tables rondes sur les thématiques liées au climat. Dans ce cadre, est arrivé samedi le Tour Alternatiba qui a parcouru pendant l’été 5 600 km en France pour sensibiliser le pays à la question du climat.
Les organisations politiques ne pouvaient en être partie prenante, mais le NPA a été présent, notamment en prenant la parole dans les tables rondes. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont participé à ce week-end.
Mobiliser, agir
Si les initiatives citoyennes sont fondamentales, on a vu le succès des manifestations organisées via les réseaux sociaux à New York ou à Paris, le NPA et la gauche radicale dans son ensemble ont décidé de porter un discours d’écologie sociale, radicale et systémique, avant et pendant la COP21.
Une série de réunions et d’action seront le support de notre présence :
– Le 27 octobre à Paris, une soirée unitaire est organisée autour de Pablo Solon, qui était ambassadeur de la Bolivie aux Nations unies de février 2009 à la fin juin 2011. Il a joué un rôle important dans l’organisation de la Conférence mondiale des peuples contre le changement climatique à Cochabamba (Bolivie) en avril 2012. Après avoir rompu avec le gouvernement bolivien et son « nouvel extractivisme », il est maintenant directeur exécutif de l’organisation altermondialiste Focus on the Global South.
– Les 28 et 29 novembre, des manifestations à Paris et en régions, regroupées par « blocs » thématiques.
– Le 9 décembre, un meeting anticapitaliste, « Changeons le système ! ».
– Le 12 décembre, une nouvelle manifestation nationale à Paris à la fin de la COP21, « pour avoir le dernier mot » et poser les bases d’un mouvement durable pour la justice climatique.
Une mobilisation dans la durée, avant, pendant et après la COP21.
Commission nationale écologie du NPA
* Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 305 (01/10/2015). https://npa2009.org/
Renault sponsor de la Cop 21 veut continuer à polluer
Le président de Renault et Nissan Carlos Ghosn vient d’estimer que les investissements pour la réduction des émissions de CO2 seront plus efficaces dans d’autres secteurs que dans celui du transport. Lire information CCFA
Il s’est plaint que le secteur des transports ait été « largement sollicité pour réduire ses émissions polluantes ces dernières années ». Il a déclaré : « Si vous mettez le transport sous contrôle et que 80 % des activités humaines ne le sont pas, cela ne sert à rien. Cela ne sert à rien d’être très vertueux sur 20 % des émissions, moyennement vertueux sur 30 % des émissions et aucun contrôle sur 50 % des émissions »,
La concurrence entre secteurs et firmes est bien le moteur de l’économie capitaliste et elle s’exerce aussi sur ce terrain. C’est pas moi, c’est l’autre. A d’autres de « dépolluer » et continuons à faire des profits dans l’automobile. Voilà en résumé la déclaration de Carlos Ghosn.
Mais pour cela, le PDG de Renault n’hésite pas à raconter des bobards. En effet, le secteur des transports représente 32 % de la consommation d’énergie finale en France en 2013, et cette part est en augmentation, 29 % en 1990. Avec 70 % de la consommation de produits pétroliers, les transports sont le principal émetteur de C02, avec 36 % des émissions totales . Et En 2013, la route représentait plus de 80 % des consommations de ce secteur, suivi de l’aérien (15 %), et du ferroviaire (2,8 %). Les voitures représentent plus de 60 % des consommations du transport routier, devant les véhicules utilitaires légers (20 %), les camions (15 %), les bus et autocars (2,5 %) et les deux-roues (1,5 %). Tels sont les chiffres de l’organisme public ADEME.
Renault et Nissan, avec d’autres entreprises championnes de la pollution, vont sponsoriser la conférence mondiale sur le changement climatique, la Cop 21, et en seront le fournisseur exclusif de véhicules, avec une flotte de 200 véhicules électriques pour transporter les délégués. Mais les véhicules électriques ne sont pas zéro émission. Un bobard de plus.
Rappelons qu’en 2014, suite à la plainte déposée par l’Observatoire du nucléaire le Jury de déontologie publicitaire a condamné les publicités de Citroën, Renault, Bolloré, Opel ... En effet le véhicule électrique n’est ni « vert », ni « écolo », ni « propre » ! La mention autorisée est « Zéro émission locale », ce qui valide bien le fait que la pollution est émise ailleurs, dans les centrales nucléaires et les centrales fioul lourd, charbon et gaz.
Communication bidon et maintenir les émissions carbonées, les sponsors pollueurs de la Cop 21 veulent nous enfumer !
Vendredi 4 septembre 2015
Transition énergétique : Un enfumage de plus !
Votée le 23 juillet, la loi révèle une fois encore les options libérales du gouvernement Hollande et à quel point « les éluEs de la nation » sont incapables d’agir contre le réchauffement climatique.
La loi de transition énergétique, comment ça marche ? Le texte fixe les objectifs à tenir : diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 ; réduire la consommation énergétique finale de 50 % en 2050, et la consommation d’énergies fossiles de 30 % en 2030 ; augmenter les énergies renouvelables ; enfin, réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % en 2025.
Tout cela doit se faire bien évidemment dans le cadre de la « croissance verte », à la grande satisfaction des industriels prêts à se convertir à la production verte pourvu que ça rapporte... De plus, le maintien de la primauté au nucléaire contredit les intentions affichées : si l’État veut respecter la règle de 50 %, il n’y pour autant aucun engagement sur la fermeture nécessaire de réacteurs nucléaires. Combien, où, quand ?
Tout cela n’est pas une surprise pour qui aura suivi le déroulé des événements. L’enfumage a démarré en 2012 par un « grand débat national »... qui a touché quelques initiés : éluEs, représentantEs d’associations, institutionnels. Aucun « sans grade et sans voix », gens ordinaires, pour discuter des besoins sociaux. Très vite, des associations comme Greenpeace et les Amis de la Terre se sont retirées, dénonçant le poids écrasant du lobby nucléaire. Puis, des présidents de région zélés ont instauré « la journée de la transition énergétique », action marketing éphémère à la hauteur de leur compréhension et de leur engagement en faveur du climat. Delphine Batho limogée, Philippe Martin remercié, Ségolène Royal a sorti en juin 2014 une feuille de route banale, avec, une fois encore, la part belle faite au nucléaire.
Enfin, les allers et retours entre le Sénat et l’Assemblée nationale, où chipotages et querelles de principe ont rythmé les débats, ont montré combien ces éluEs sont incapables de répondre aux problèmes posés par le réchauffement climatique.
Les paroles et les actes...
Comment prétendre prendre des mesures écologiques, économiques et sociales efficaces pour préserver la planète et l’humanité et dans le même temps célébrer la croissance, fût-elle verte ? Comment croire à l’efficacité d’une loi qui ne s’accompagne pas, au moins, d’une programmation pluriannuelle de l’énergie, c’est-à-dire d’un outil qui oblige à faire des arbitrages concrets ? Enfin, comment accorder du crédit à un gouvernement qui prend des décisions qui contredisent la loi qu’il vient de faire voter ?
Ainsi les travaux de construction du nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes sont relancés par un Valls radieux après le rejet des recours déposés par les opposants. Ainsi le projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure entériné par Macron. Ainsi les projets inutiles, grands consommateurs d’énergie, de terres agricoles, d’espaces naturels uniques : l’incinérateur d’Echillais, l’autoroute sur pilotis à la Réunion, le barrage de Sivens, le train Lyon-Turin, les fermes usines, les Centers Parcs, le projet minier en Creuse, l’EPR…. Autant de faits qui rappellent que le PS n’est pas crédible – non plus – sur les questions environnementales.
Hollande pourra toujours compter sur EÉLV qui, en pleines tractations électorales pour sauver ses élus régionaux, s’est dit satisfait. Le NPA se mobilisera avec celles et ceux qui luttent vraiment pour changer le système afin d’éviter la catastrophe climatique.
Commission nationale écologie du NPA
* Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 300 (30/07/2015). https://npa2009.org/
Conférence environnementale : deux jours de filouteries !
Après une loi sur la transition énergétique dérisoire, sans moyens et nucléaire-compatible, et surtout après l’assassinat de Rémi Fraisse à Sivens, le gouvernement tente de se refaire une façade verte, tout comme lors des deux précédentes conférences environnementales. Repoussée de septembre à octobre, puis d’octobre à novembre... cette grand-messe a bien failli ne pas avoir lieu. La planète ne s’en porterait ni mieux ni plus mal !
Finalement la conférence qui s’est déroulée jeudi 27 et vendredi 28 novembre s’est organisée en trois tables rondes : sur les transports, la santé et l’environnement, et enfin sur la préparation de la conférence climat de décembre 2015.
Mais la recette des réunions pour rien, des grandes déclarations sans effets, s’use et use les participants les plus coopératifs. Ségolène Royal a beau tenter de caresser les ONG dans le sens du poil, en affirmant que « le fait que les ONG soient exigeantes, cela (l)’aide à résister à un certain nombre de rapports de forces, de lobbies, de pressions », elle ne fait plus illusion, et de nombreuses associations et ONG ont refusé de cautionner : le Réseau action climat, France nature environnement, la Ligue de protection des oiseaux et les Amis de la terre ont décidé de boycotter la table ronde sur les transports.
Rien de concret ne sort de cette conférence, tout juste une feuille de route annoncée pour janvier. Pourtant, la France dépasse toujours les normes de qualité de l’air. Le Centre international de recherche sur le cancer classifie la pollution de l’air comme cancérogène certain. En 2010, 223 000 personnes sont mortes dans le monde des suites d’un cancer du poumon en lien avec la pollution de l’air. À Paris, en mars 2014, on respirait jusqu’à 6 millions de particules fines par litre d’air, essentiellement dues au trafic.
Ils osent tout...
Valls vient de s’apercevoir qu’« En France, le moteur diesel a longtemps été privilégié. Ce fut une erreur », et veut avancer avec « intelligence et pragmatisme ». Autant dire que la santé peut encore attendre longtemps... D’autant que c’est toujours le tout-voiture qui domine, la priorité étant donnée aux autoroutes et jamais aux transports collectifs, sans parler de la fausse solution de la voiture électrique.
Valls et Hollande font une nouvelle fois la démonstration qu’ils osent tout. Hollande d’abord. Il annonce qu’il demande au gouvernement « d’engager un chantier sur la démocratie participative » pour que « sur les grands projets (…), toutes les garanties » soient réunies, afin d’éviter les « formes inacceptables de violence »... Mais la palme revient sans doute à Valls qui n’hésite pas à citer l’écologiste René Dumont : « Il y a une urgence écologique, et si rien ne change, le scénario le plus probable est un scénario noir », annonçant que le climat sera « grande cause nationale en 2015 » !
Heureusement que pendant ce temps, des initiatives sont prises un peu partout pour construire la mobilisation d’ici décembre 2015 pour changer le système, pas le climat !
Commission nationale écologie du NPA
* Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 267 (04/12/2014). https://npa2009.org/