Chers amis,
Le 31 Octobre 2015, je participais à une grande conférence sur la paix dans la ville d’Ypres en Belgique à l’occasion du centenaire de la première guerre mondiale (1914-1918). Je me suis adressée aux participants sur le danger de Daesh en particulier, et sur l’idéologie islamiste en général. Mon point de vue était « personne n’est plus en sécurité, même nous, dans cette salle de conférence ».
Je sentais que le public pouvait penser que j’exagérais. Ce que nous disons, moi et d’autres militants du Moyen-Orient, depuis plus d’une décennie est plus visible que jamais. Ce qui est arrivé le 13 Novembre au cœur de Paris est inhumain et je le condamne.
Je vous présente mes condoléances profondes de cœur et de solidarité ainsi qu’à tous les Français pour avoir été les témoins de ces attaques barbares et avoir perdu des êtres chers.
Hier, et il y a quelques jours le Liban, l’Afghanistan, Bagdad, la Syrie et de nombreux autres endroits innombrables ont été touchés par les islamistes. Les militants comme moi au Moyen-Orient, qui ont enduré le fanatisme religieux, la misogynie et le diktat ont mis en garde l’Occident sur son soutien sans faille aux groupes islamistes à la fois en Europe mais aussi au Moyen-Orient. Ce sont seulement les civils ordinaires qui sont utilisés partout comme « cibles molles » par les islamistes.
Alors que je suis pleinement solidaire avec les civils et les victimes des attentats terroristes islamistes à Paris, mais je ne peux pas rejoindre le slogan qui dit : « Nous sommes tous français ou parisien ». Être kurde d’Irak et femme qui s’oppose à la tyrannie, au nationalisme, à l’islamisme, au sexisme et à toutes les formes de ségrégation capitaliste des êtres humains m’empêche de dire que je suis « française », même si c’est symbolique ou momentané. Des milliers de personnes sont tuées, violées, vendues en esclavage, décapitées, exécutées et opprimées pendant des décennies et nous ne voyons guère les gouvernements occidentaux pleurer les morts Irakiens, Syriens, Libanais, Afghans ou Kurdes. C’est seulement quand l’horreur arrive chez soi, que la portée de la brutalité commise par ces groupes terroristes devient soudainement réelle et que le jeu entre le « civilisé » et les « sauvages » commence.
Il n’y a aucune division « civilisée » ou « sauvage » entre nous, les humains, ce type de programme ne convient qu’aux deux côtés de ce jeu dégoûtant. Il est donc sage de ne pas se joindre à ces slogans d’exclusion, de divisions nationalistes tels que nous sommes tous « français » ou bien nous « le civilisé » et eux « les réactionnaires » ou « sauvages ». Car je sais que cela contribue aux divisions et aux racismes existants et ne favorise pas notre lutte qui est opposée à toutes formes de racisme. Cela divise encore la société entre deux camps qui ne serait pas réaliste.
Les sociétés ne doivent pas être divisées sur cette base : nous sommes civilisés et les autres, sont des sauvages. Nous ne devrions pas perdre de terrain face à ces divisions réactionnaires et racistes.
Nous devons nous rappeler que des millions de musulmans ordinaires à travers la région sont victimes du terrorisme islamique. Merci à l’Occident pour leur protection des dictateurs en Libye, Syrie, Iran, Irak, Égypte, et dans autres endroits, et aussi de nourrir l’idéologie islamiste sous prétexte de « ceci est authentique » et appartient aux sauvages.
Des milliers de personnes dans notre région refusent de se plier à ces groupes terroristes islamistes authentiques et aux Etats. Regardez la résistance des femmes et des hommes, jeunes et vieux du Kurdistan, qui sont les armes contre ces groupes islamistes.
Ce que nous devons faire en tant que progressistes est de nous tenir partout fermes contre ces attaques horribles, et dans le même temps être attentifs et nous opposer à la division capitaliste dans nos sociétés sur la base de « civilisé » et « sauvage », « nous » et « eux » , « nos valeurs » et « leurs valeurs ». Cela ne fera que fournir un terrain fertile aux groupes terroristes comme Daesh, Boko Haram, Al-Qaida, et servir beaucoup d’autres pour prospérer. Nous avons besoin de l’unité sur nos propres termes, sur la base de l’égalité entre tous les peuples.
Amour et solidarité
Houzan Mahmoud