Le prêche radical de « l’imam » de Fourvière
« Il n’y a pas que ceux qui tiennent les kalachnikovs qui sont des monstres ». C’est la conclusion de la tribune publiée par le père Hervé Benoit, chapelain de la basilique de Fourvière à Lyon, sur Riposte Catholique, un site intégriste qui prône un retour aux « vraies valeurs » de la religion catholique. Un texte de trois pages publié après les attentats de Paris, qui ont notamment fait 89 morts au Bataclan. Son titre : « Les Aigles (déplumés) de la mort aiment le diable ! », allusion au groupe de rock américain, Eagles of Death Metal, qui jouait ce soir là. Et que le père Benoit attaque violemment, dénonçant « un groupe qui revendique son goût pour les armes, la pornographie et la méthamphétamine ». Et le chapelain de Fourvière les compare à des « premières communiantes » qui n’ont pas fait preuve d’un grand courage après l’attentat. En ironisant : « Ils peuvent s’afficher avec leurs tatouages virils, leurs admiratrices en bikini et leurs grosses motos, « c’est rien que des demi-sels » comme dirait Audiard ».
Le père Benoit s’en prend également aux spectateurs du Bataclan qu’il qualifie de « pauvres enfants de la génération bobo en transe extatique » et de « morts vivants ». Des spectateurs qu’il compare aux terroristes, « leurs frères siamois ». Avant d’expliquer : « Même déracinement, même amnésie, même infantilisme, même culture ». Et d’ajouter : « Les uns se gavaient de valeurs chrétiennes devenues folles : tolérance, relativisme, universalisme, hédonisme… Les autres, de valeurs musulmanes devenues encore plus folles au contact de la modernité : intolérance, dogmatisme, cosmopolitisme de la haine… »
Le père Benoit n’hésite pas à aller encore plus loin : « 130 morts, c’est affreux ! Et 600 morts, c’est quoi ? C’est le chiffre des avortements en France le même jour. Où est l’horreur, la vraie ? »
Originaire de Bourges, le père Hervé Benoit a suivi des études de droit avant d’entrer au séminaire de Paray-le-Monial en 1980 à l’âge de 20 ans. Fils de militaire, il est ordonné prêtre en 1989. Barbe courte, moustache, crâne dégarni et petites lunettes rondes, le père Benoit, 55 ans, est aujourd’hui chapelain à la basilique de Fourvière, le principal lieu de culte et de pèlerinage de la ville qu’elle domine.
Le cardinal Barbarin, interrogé par 20minutes après les funérailles d’une des victimes du Bataclan, juge ce texte « très blessant ». Mais l’archevêque de Lyon ne condamne pas fermement ces propos : « Quand j’ai vu ça, je me suis dit qu’il avait certainement encore plus de souffrance dans son cœur que dans le cœur des autres pour écrire une chose pareille (…) Je vais essayer de m’en occuper comme on s’occupe d’un frère qui va mal ». Un peu léger. Philippe Barbarin a annoncé qu’il allait rencontrer le père Benoit. Reste à savoir si l’archevêque de Lyon prendra la décision qui s’impose : démettre ce chapelain extrémiste de ses fonctions. Alors qu’aujourd’hui le gouvernement a mis en œuvre une opération destinée à purger les mosquées de leurs imams radicaux.
Nadège Michaudet
Les Aigles (déplumés) de la mort aiment le diable !
Le texte du père Hervé Benoit publié sur riposte-catholique.fr
Notre degré d’avachissement intellectuel et moral est tel qu’il faut s’entortiller de précautions pour émettre le moindre propos... Soyons bien clair, aux lecteurs choqués par le titre de cet article, par son contenu ou les titres et qualités de l’auteur, qu’ils sachent que les devoirs, publics et privés, à rendre aux morts, qui devaient leur être rendus l’ont été.
Paix aux morts et, maintenant, debout les hommes !
D’abord, une lecture mystique.
L’idée circule sur les réseaux. Oh, très mollement, comme une sorte de dissonance, de grincement dans la mécanique de sidération collective. Personne ne s’y risque vraiment. D’ailleurs, l’injonction fuse. Le rappel à l’ordre claque ! Vous n’y pensez pas ! Bigot ! Réac ! Coincé !
Il faut bien que quelqu’un se dévoue. Que voulez-vous, j’ai été bercé dans ma jeunesse cléricale, par l’injonction de « lire les signes des temps ».
Quels « signes » ? Pas les corps entassés, les rues ensanglantées, les hurlements des blessés. Non, des images sous-jacentes, en arrière-plan, si fortes qu’elles aveuglent.
Qu’avons-nous vu ? Il est 21 h, ce funeste vendredi 13, au Bataclan. Devant 1 500 personnes en transe, serrées et échauffées comme dans une matrice, les Aigles de la Mort Métal – Eagles of Death Metal en v.o. – entonnent : « Qui va aimer le diable ? Qui va aimer sa chanson ? Qui va aimer le diable et sa chanson ?... ». Personne, et pour cause, n’entendra la conclusion : « ... j’aimerai le diable et sa chanson ! ».
Et cette phrase de l’Évangile selon saint Luc, proclamée le matin même à la messe : « Où sera le corps, là aussi se rassembleront les aigles » (trad. Crampon, 17, 37). D’autres traduisent « vautours », mais c’est la même chose : les rapace qui se repaissent des morts. Voilà des signes ! Je les vois multipliés, sur les tee-shirts, sur les tatouages, sur les pochettes de disques : « mort... diable... », et les ingrédients qui vont avec : violence... sexe... défonce... jouissance... vacarme..., codes partagés de la culture de masse.
Qu’on ne me dise pas, avec des pudeurs de chaisières, que ce n’est pas du « métal ». Enfumage ! Ne me dites pas non plus que ce ne sont que des mots. Que c’est pour rire. À force de ne rien prendre au sérieux, tout fini par devenir tragique. Si vous élevez des pitbulls vicieux et pervers, parce qu’ils sont utiles pour faire peur aux voisins, ne vous étonnez pas si, un jour, ils sautent à la gorge de vos enfants. Vous invoquez le diable en rigolant ? Lui vous prendre au sérieux. Un exorciste extraordinaire me le disait le jour même des attentats : « Si vous lui ouvrez la porte, il se fait une joie d’entrer. » On ne joue pas avec les icônes, elles véhiculent le sacré...
Je vais allez plus loin. Tant pis pour les lecteurs sensibles. Regardez les photos des spectateurs quelques instants avant le drame. Ces pauvres enfants de la génération bobo, en transe extatique, « jeunes, festifs, ouverts, cosmopolites... » comme dit le “quotidien de révérence”. Mais ce sont des morts-vivants. Leurs assassins, ces zombis-haschishin, sont leurs frères siamois. Mais comment ne pas le voir ? C’est tellement évident ! Même déracinement, même amnésie, même infantilisme, même inculture... Les uns se gavaient de valeurs chrétiennes devenues folles : tolérance, relativisme, universalisme, hédonisme... Les autres, de valeurs musulmanes devenues encore plus folles au contact de la modernité : intolérance, dogmatisme, cosmopolitisme de la haine... Les uns portent le maillot du PSG - « Fly Emirates » en effaçant le berceau de Louis XIV, et les autres profitent du même argent pour se faire offrir un costume en bombes. Une minute avant leur mort, les uns et les autres étaient penchés sur leurs smartphones, comme accrochés au sein de leur nourrice. Ce n’est pas le retour du Moyen Âge, contrairement à ce que disent les crétins, c’est la postmodernité dans toute son absurdité. Le drame de l’humanisme athée, qui aime le diable, la mort, la violence, et qui le dit... et qui en meurt ! Le signe de la mort et du chaos ne flotte pas que sur les rues de Paris, un vendredi soir maudit. 130 morts, c’est affreux ! Et 600 morts, c’est quoi ? C’est le chiffre des avortements en France le même jour (Ministère de la Santé – merci Orwell !). Où est l’horreur, la vraie ?
Écoutez le sage : « Chers djihadistes, chevauchant vos éléphants de fer et de feu, vous êtes entrés avec fureur dans notre magasin de porcelaine. Mais c’est un magasin de porcelaine dont les propriétaires de longue date ont entrepris de réduire en miettes tout ce qui s’y trouvait entassé. [...] Vous êtes les premiers démolisseurs à s’attaquer à des destructeurs. Les premiers incendiaires en concurrence avec des pyromanes. Nous triompherons de vous. Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts » (Philippe Muray).
Puis une lecture politico-sociologique.
Qu’avons-nous vu ? Des rockers californiens de deuxième zone, entretenant la flamme d’une musique désormais recyclée dans la grande lessive consumériste, une fausse rébellion pour de juteuses connexions avec l’industrie. Loin de moi l’idée d’encenser le rock et ses valeurs, mais on peut accorder au minimum à la génération « beat » le désir d’avoir voulu ébranler non pas tant la société patriarcale, que le matérialisme. Ses solutions étaient mauvaises, mais la révolte contre Mammon pouvait avoir quelque chose de sincère. Tout cela est aujourd’hui totalement intégré dans la matrice. Pire, la tentative de révolte a été « retournée » pour servir à la domination, par le divertissement (au sens étymologique), l’abrutissement de la moindre velléité de révolte. On peut écarter d’un revers de la main dédaigneux ces faits en estimant qu’ils relèvent d’un humour au second degré. Lorsqu’un membre du groupe revendique son goût pour les armes, la pornographie et la méthamphétamine... (Wikipedia), il ne fait que dealer un cocktail particulièrement efficace pour le contrôle social. Pas besoin de complot, pas besoin de police, l’appât du gain des trafiquants, les névroses sociales pullulantes et l’intérêt du système financier suffisent à faire le boulot. Des milliers de romans de science-fiction l’ont mieux dit que tous les sociologues. Voilà d’ailleurs en grande partie pourquoi vous ne pouvez pas faire la moindre remarque critique sur le sujet, sans vous faire agonir de sottises. Les chiens de garde veillent...
Ne parlons même pas des propos consternants de premières communiantes chez ces rockers revenus peureusement à la maison : « Bien que nous soyons désormais rentrés chez nous et en sécurité, nous sommes horrifiés et tentons toujours de comprendre ce qu’il s’est passé... », avant de remercier servilement la police et le FBI... Ils vénéraient Satan mais n’étaient visiblement pas impatients de le rencontrer. Ah, ils peuvent s’afficher avec leurs tatouages virils, leurs admiratrices en bikini et leurs grosses motos, « c’est rien que des demi-sels » comme dirait Audiard, des aigles déplumés, bien loin de la mère des Maccabées, « cette femme héroïque qui parlait avec un courage viril » comme dit l’Écriture Sainte ces jours-ci.
Pour finir, le sordide et les intérêts bien compris. Ils vont gagner au grattage après le tirage. Les victimes ne sont même pas enterrées qu’un journaliste du système peut tranquillement expliquer : « Lancée dans la foulée des attaques terroristes ayant frappé Paris vendredi 13 novembre, la campagne visant à porter la chanson Save A Prayer au sommet des ventes de singles britanniques bat son plein » (Le Figaro). C’est nous les complotistes, les obscurantistes, les réactionnaires, mais eux, ils peuvent tranquillement se repaître sur le dos des morts, ça ne gêne personne ! À vomir ! Il n’y a pas que ceux qui tiennent les kalachnikovs qui sont des monstres.
Grégoire Nysse : « Quand on dit que Dieu inflige un châtiment douloureux à ceux qui font un usage pervers de leur liberté, il convient de comprendre que c’est en nous-mêmes que ces souffrances ont leur principe et leur cause » (La vie de Moïse, 2, 87).
Hervé Benoît, prêtre catholique
P. S. : Les formulaires de dénonciations à quelque autorité qu’on voudra sont à la disposition du public.
Signez la pétition « Pour la destitution du chapelain de Fourrière » :
https://www.change.org/p/mgr-barbarin-pour-la-destitution-du-chapelain-de-fourvière
Victoire !
Nadège Michaudet
27 nov. 2015 — Bonjour à tous,
Suite aux nombreuses demandes relayées notamment à travers les médias, le cardinal Barbarin a entendu notre appel et a relevé de ses fonctions le père Hervé Benoît.
Une victoire contre l’obscurantisme et l’intolérance !
Merci d’avoir participé et d’avoir relayé notre pétition.
Le prêtre qui avait comparé les morts du Bataclan aux djihadistes relevé de ses fonctions
Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 27.11.2015 à 12h43 • Mis à jour le 27.11.2015 à 14h57
* http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/27/le-pretre-qui-avait-compare-les-morts-du-bataclan-aux-djihadistes-releve-de-ses-fonctions_4819012_4809495.html
« Dans le contexte qui est le nôtre, il n’est pas acceptable que des chrétiens, à plus forte raison des prêtres, ne s’appliquent pas toujours et le plus possible à maintenir entre les hommes la paix et la concorde fondée sur la justice », écrit Philippe Barbarin.
Mgr Philippe Barbarin, l’archevêque de Lyon, a relevé de ses fonctions le père Hervé Benoît, qui avait comparé dans une tribune les personnes tuées au Bataclan et leurs bourreaux.
Dans un texte intitulé « Pleurez avec ceux qui pleurent », publié vendredi 27 novembre, il écrit :
« A la suite de la publication d’une tribune signée par le père Hervé Benoît, et après avoir pris le temps de le rencontrer et de l’écouter, j’ai décidé, en accord avec son évêque Mgr Armand Maillard [évêque de Bourges], de le relever de ses différentes charges pastorales dans le diocèse de Lyon.
Dans le contexte qui est le nôtre, il n’est pas acceptable que des chrétiens, à plus forte raison des prêtres, ne s’appliquent pas toujours et le plus possible à maintenir entre les hommes la paix et la concorde fondée sur la justice.
A l’issue des obsèques de Caroline Prénat, une jeune fille lyonnaise décédée au Bataclan, j’ai dit combien le texte du père Benoît était consternant et blessant. »
Il demande aussi au père Benoît, qui exerçait comme chapelain à la Basilique de Fourvière, « de se retirer immédiatement dans une abbaye pour prendre un temps de prière et de réflexion ».
Tribune publiée sur un site traditionaliste
La tribune du religieux était parue après les attentats sur le site traditionaliste Riposte catholique. Véritable diatribe contre le groupe Eagles of Death Metal, qui jouait vendredi 13 novembre au Bataclan, à Paris, le texte s’en prenait aussi vivement au public.
« Regardez les photos des spectateurs quelques instants avant le drame. Ces pauvres enfants de la génération bobo, en transe extatique (…). Ce sont des morts-vivants. Leurs assassins, ces zombis-haschishin, sont leurs frères siamois.
Le signe de la mort et du chaos ne flotte pas que sur les rues de Paris, un vendredi soir maudit. Cent trente morts, c’est affreux ! Et six cents morts, c’est quoi ? C’est le chiffre des avortements en France le même jour. »
Pétition pour la destitution du prêtre
Après cette sanction lyonnaise, il appartiendra au diocèse de Bourges, dont le prêtre est originaire, de décider des suites à donner, avait fait savoir une source proche du dossier jeudi soir.
« Le ton de cette tribune ne traduit pas l’attitude d’un pasteur qui rencontre, écoute, accompagne les personnes dans la souffrance, dans une attitude de miséricorde », avait déclaré cette semaine Mgr Maillard, cité dans le communiqué du cardinal Barbarin.
Une pétition, lancée il y a quelques jours sur le site Change.org pour demander la destitution du prêtre, avait recueilli 41 742 signatures vendredi en milieu de journée.