De l’Elysée au ministère de la culture, en passant par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) : Audrey Azoulay, 43 ans, conseillère culture et communication de François Hollande depuis juin 2014, succède à Fleur Pellerin. Enarque, issue de la promotion Averroès, la même que Fleur Pellerin, elle est la fille d’André Azoulay, conseiller du roi du Maroc Mohammed VI, et de l’écrivaine Katia Brami.
Affectée au secrétariat général du gouvernement, en 2000, elle a suivi le secteur audiovisuel public à la direction du développement des médias – devenue direction générale des médias et des industries culturelles –, avant d’être détachée à la Cour des comptes, en 2003. Puis elle a rejoint le CNC en 2006 : d’abord directrice adjointe de l’audiovisuel, elle est devenue, à partir de mai 2007, la directrice financière et juridique de l’établissement public.
Poids des experts du cinéma
Le cinéma est sa spécialité : les professionnels du secteur lui reconnaissent une véritable expertise en la matière, un sens de l’écoute et une capacité à aller sur le terrain. Depuis un an et demi, à l’Elysée, elle a dû élargir son champ au spectacle vivant et aux autres dossiers culturels.
Un observateur décrypte sa nomination : « Audrey Azoulay a fait ses preuves au cabinet de François Hollande et a obtenu la confiance du président de la République et de son entourage. C’est un peu le même scénario qui s’est produit avec Emmanuel Macron, qui était secrétaire général adjoint de l’Elysée, avant d’être nommé ministre de l’économie. »
L’arrivée d’Audrey Azoulay renforce encore le poids des experts du cinéma aux postes clés de la culture. En effet, Guillaume Blanchot, conseiller technique médias et industries culturelles de Manuel Valls, est un ancien du CNC. De même, Régine Hatchondo, la nouvelle directrice générale de la création artistique au ministère de la culture, a été directrice générale d’Unifrance, l’organisme chargé d’exporter et de promouvoir dans le monde le cinéma français, avant de devenir conseillère culture du premier ministre.
Mobiliser les milieux culturels
Le cinéma, en tant qu’industrie culturelle, est devenu une clé d’accès au pouvoir. Comme le note un professionnel du cinéma, en forçant un peu le trait, « le premier interlocuteur du ministère de la culture, aujourd’hui, c’est Vincent Bolloré », le PDG du groupe Bolloré, et président des conseils de surveillance de Vivendi et Canal+.
Le poste, dont la durée a été jugée trop éphémère par la journaliste Anne Sinclair, qui l’aurait décliné, est jalonné d’échéances plus ou moins périlleuses. Ministre pour un peu plus d’un an, le temps qu’il reste avant l’élection présidentielle de 2017, Audrey Azoulay devra mobiliser les milieux culturels, traditionnellement acquis à la gauche, autour du candidat socialiste, tout en gérant plusieurs dossiers en souffrance.
Outre le projet de loi « Liberté de création, architecture et patrimoine » – qui continue sa navette parlementaire et était encore en discussion au Sénat, le 11 février –, citons, entre autres, la réforme de l’assurance-chômage des artistes et des techniciens du spectacle ou la révision de la classification des œuvres cinématographiques. Audrey Azoulay sera aussi attendue sur les nominations à la tête de deux théâtres nationaux, La Colline et Chaillot, à Paris, et de trois établissements d’envergure, le Musée d’Orsay, la Bibliothèque nationale de France et le Château de Versailles. Le nom de sa devancière, Fleur Pellerin, circule d’ailleurs parmi les candidats possibles à ces postes.
Clarisse Fabre
Reporter culture et cinéma au Monde