A la veille du nouvel an, inquiétude sur le sort de journalistes emprisonnés en Iran
Reporters sans frontières (RSF) exprime une nouvelle fois sa vive inquiétude quant aux conditions de détention des journalistes emprisonnés en Iran, notamment sur le cas d’Afarine Chitsaz, victimes de la vague d’arrestations du 2 novembre 2015, dont on est sans nouvelles depuis.
Aucune information officielle n’a encore été communiquée au sujet d’Afarin Chitsaz, journaliste du quotidien Iran, arrêtée avec trois autres journalistes. Selon les nouvelles obtenues par RSF, la jeune femme, qui n’a pu passer qu’un court appel téléphonique, aurait déjà été transférée à l’isolement de la section 2A de la prison d’Evin contrôlée par les gardiens de la révolution. Les détenus de ce quartier pénitentiaire subissent de fortes pressions et formulent parfois sous la contrainte des aveux forcés, utilisés ensuite lors de leurs procès.
Outre d’Afarin Chitsaz, quatre autres femmes Rihaneh Tabatabai, Roya Saberi Negad Nobakht, Narges Mohammadi, Atena Ferghdani condamnées à des peines allant de un à douze ans de prison sont détenues en Iran, première prison du monde pour les femmes journalistes. L’état de santé de certaines d’entre elles est préoccupant, de même que celui d’Issa Saharkhiz, jugé avec Ehssan Mazndarani et Saman Safarzai par la 28e chambre du tribunal de la révolution de Téhéran pour “action contre le sécurité nationale” et “activités de propagande contre le régime”, et hospitalisée dans un hôpital de la capitale depuis le 10 mars 2016 après un infarctus et une grève de la faim.
“À la veille du nouvel an iranien, le 20 mars, plusieurs journalistes et citoyens journalistes sont privés de leurs familles. Les autorités iraniennes et notamment Hassan Rohani dont le silence facilite cette répression, pourraient faire montre de clémence à l’encontre de ces détenues, déclare Reza Moini, responsable du bureau Iran/Afghanistan de Reporters sans frontières. Ils ont été arbitrairement arrêtés et injustement condamnés, nous demandons leur remise en liberté immédiate et sans condition.“
RSF a d’ailleurs appris la libération conditionnelle, le 13 mars 2016, de Saraj Mirdamadi, collaborateur de plusieurs médias, notamment du quotidien Hayat-é-No (suspendu en janvier 2003) et de radio Zamaneh (basée aux Pays-Bas). Il a été remis en liberté en vertu de l’article 58 du nouveau code pénal islamique (amendé en 2013) [1] qui prévoit que les prisonniers condamné qui ont purgé un tiers de leur peine peuvent être libérés pour bon comportement. Arrêté le 10 mai 2014 , le journaliste avait été condamné le 21 juillet 2015 pour “réunion et complot contre la République islamique” et “publicité contre le régime”.
Avec 36 journalistes et citoyens-journalistes emprisonnés,l’Iran est toujours l’une des cinq plus grandes prisons du monde pour la profession [2]. Le pays occupe la 173e place (sur 180) dans le Classement mondial de la liberté de la presse [3] établi en 2015 par Reporters sans frontières.
Reporters sans frontières (RSF)
Publié le mercredi 16 mars 2016.
https://fr.rsf.org/iran-a-la-veille-du-nouvel-an-16-03-2016,48911.html
Iran : nouvelle vague d’arrestations de journalistes
Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement la nouvelle vague de répression contre les journalistes. Depuis le 2 novembre 2015, au moins quatre professionnels des médias ont été arrêtés, plusieurs autres ont été convoqués et menacés par les agents des services de renseignement des Gardiens de la révolution.
Alors que les agents en civil des Gardiens de la révolution ont arrêté quatre journaliste et les ont transférés vers un lieu inconnu, le même jour les organes de presse des Gardiens de la révolution, Tasnim et farsnewes, ont annoncé une nouvelle fois avoir démantelé « un réseau d’infiltration lié aux Américains dans les médias iraniens. »
Ces arrestations surviennent après plusieurs discours d’Ali Khamenei, notamment le 16 septembre devant les commandants des Gardiens de la révolution, l’armée d’élite du régime islamique dans lesquels il met en garde contre l’infiltration « politique et culturelle » des Etats-Unis.
Afarine Chitsaz, journaliste pour le quotidien Iran, Ehssan Mazndarani, directeur du quotidien Farhikhteghan, Saman Safarzai , journaliste pour le mensuel Andisher poya et Issa Saharkhiz, journaliste indépendant de renommée, directeur de plusieurs journaux réformateurs ont également été arrêtés le 2 novembre 2015, à leurs domiciles par les agents des services de renseignement des Gardiens de la révolution.
Bien que le motif de ses arrestations n’a pas été officiellement annoncé, les médias des Gardiens de la révolution, notamment le quotidien Tasnim, l’agence de presse Farsnews et la radio-télévision iranienne ont fait mention de leurs précédentes arrestations en 2009 et des charges pour lesquelles ils avaient été arrêtées, notamment le fait d’être « impliqué dans un projet d’infiltration ennemi, d’action contre la sécurité nationale et de relations avec des journalistes étrangers ».
Ce n’est pas la premières fois que des journalistes iraniens sont victimes de la paranoïa du guide suprême de la révolution islamique et des règlements de compte que se livrent au sommet du pouvoir les différentes factions du régime. Le 20 avril 2000, il avait ainsi donné l’ordre de recourir à la répression contre la presse réformatrice apparue en 1997, au lendemain de l’élection du président Khatami. Depuis, plus de 300 de ces médias désignés comme “base opérationnelle des ennemis étrangers à l’intérieur du pays” ont été fermés, des milliers de pages censurées, et plus de 500 journalistes et net-citoyens ont été arbitrairement arrêtés, torturés et condamnés à de très lourdes peines.
Ces scénarios paranoïaques de découverte “d’espions” et “de réseaux d’espionnage”, à l’approche d’élections sont devenus tragiquement comiques. Les autorités iraniennes, notamment le guide suprême, doivent mettre fin à ces atteintes flagrantes à la liberté de l’information qui contreviennent à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel l’Iran est partie.
Reporters sans frontières (RSF)
PUBLIÉ LE MERCREDI 4 NOVEMBRE 2015. MIS À JOUR LE VENDREDI 4 DÉCEMBRE 2015.