Un Essai de Junya Yimprasert « Pourquoi je n’aime pas le roi »
Junya Yimprasert
Pourquoi des Thaïlandais ont donné l’ordre à l’Armée royale thaïlandaise de tuer des Thaïlandais ? Pourquoi l’Armée royale thaïlandaise empêche les Thaïlandais d’exprimer leurs griefs légitimes dans les rues de leur capitale - la Cité des Anges ?
Quelle est et qui est à l’origine de la folie qui s’est emparé de la Thaïlande au début du 21e siècle ?
Pour tous les Thaïs conscients d’être des Thaïs, ainsi que pour toutes les personnes non-thaïes, l’ordre récent qui a permis de tuer des Thaïlandais est la preuve choquante de l’impact de 64 années de propagande « d’amour du roi ».
Après la répression militaire contre les manifestants chemises rouges en avril 2010 et les combats de rue qui ont suivi, les canaux de télévision traditionnels thaïlandais ont montré des interviews d’habitants de Bangkok pleurant pour leurs bâtiments en feu et ont largement ignoré les scènes de carnage et de chasse à l’homme dans les rues de cette ville où plus de 90 personnes sont mortes.
Il n’y a pas eu de mots pour soutenir la douleur des personnes endeuillées de la part du premier ministre (Note du traducteur (NDT) : à l’époque c’était Abhisit Vejjajiva, tristement surnommé « le Boucher de Bangkok »), de son gouvernement ou de ses disciples. Il est devenu clair pour tout le monde que leurs valeurs matérielles étaient au-dessus de leur préoccupation pour la vie des Thaïlandais ordinaires. La violence d’Etat, qui a tué plus de 90 personnes en avril 2010, a démontré une exposition terrible des divisions de classe en Thaïlande.
Il y a 3,4 millions de Thaïlandais connectés à Facebook (NDT : cet essai a été écrit en juin 2010, aujourd’hui il y en a plus de 20 millions), un nombre qui comprend principalement des utilisateurs de l’élite éduquée. Bien que le gouvernement thaïlandais ait bloqué des dizaines de milliers de sites qui critiquait la monarchie, Facebook reste ouvert en tant que forum pour que chaque côté puisse se lancer des accusations les uns contre les autres. Voici un énoncé classique du camp de la « protection du roi » :
« Nous savons qui nous sommes. Nous insistons pour notre monarchie. Nous ne sommes pas dépendant comme les autres pays d’Asie car nous avons un bon roi. Nous sommes fiers d’avoir un roi sincère. L’argent du roi, il l’utilise pour son peuple. Cela illustre le fait qu’il n’est pas extravagant ... etc...etc... je préfère penser à mon roi plutôt que de respecter les politiciens avides. Je veux vous demander pourquoi vous continuez à insister sur une question spécifique à la Thaïlande qui concerne les Thaïlandais ??? »
En 2008, le roi de Thaïlande a été nominé par le magazine Forbes comme étant le plus riche souverain du monde car il possède des biens évalués à 35 milliards de dollars.
Lors d’une cérémonie pour un prix du Meilleur Acteur, le 16 mai 2010, au moment de la répression militaire, un acteur thaïlandais bien connu a déclaré :
« Si vous détestez notre père ou ne l’aimez plus, s’il vous plaît partez, parce qu’ici c’est la maison du père, c’est la terre du père. J’aime le roi, et je pense que chacun d’entre nous adorons le roi, nous sommes tous de la même la couleur. Ma tête appartient au roi. »
Ce discours magique a été immédiatement suivi par une attaque Internet contre un autre acteur - pour avoir bégayé lors de son discours. Également à la cérémonie, sa malheureuse fille avait été filmée à la télévision en ne chantant pas des paroles composées par le Roi. Elle a également été attaquée. Toute la nuit, aussi bien le père que l’actrice, sa fille, ont été bombardés d’accusations et d’annulations de contrats et ont subis une grande pression jusqu’à ce qu’ils déclarent qu’ils étaient de fidèles monarchistes.
Le discours a ensuite été imprimé sur le site Web du Centre pour la Résolution des Situations d’Urgence, un organisme que le gouvernement avait mis en place et qui a émis les ordres d’utiliser des balles réelles contre les manifestants.
Tout récemment, une étudiante de 18 ans s’est vu refuser l’inscription dans deux universités financés par le gouvernement, car elle avait participé aux manifestations des Chemises rouges et critiqué la monarchie. Une chasse aux sorcières par internet a été montée contre cette fille qui a dû s’incliner devant une image du roi. Elle a été sauvée d’un danger physique grâce à une bourse pour étudier à l’étranger.
Quand les élèves qui ont passé les examens pour entrer dans une université sont empêchés de le faire, pourchassés et persécutés, parce qu’ils osent critiquer le roi, il est nécessaire de parler encore plus fortement. Ce ne sont que des exemples mineurs pour illustrer l’énorme folie qui submerge le public thaïlandais au début de ce siècle.
Toutes les personnes ont leurs limites, et je vous écris cette lettre pour que les gens sachent pourquoi il m’est devenu impossible d’avoir de l’amour pour le roi.
Née pour aimer le roi et la reine
Des photos anciennes des jeunes et beaux roi et reine, ainsi que du prince et des princesses, étaient toujours sur le mur vide de notre maison de famille. Peu importe combien de fois nous avons dû construire ou reconstruire notre maison, ces images ont toujours été avec nous, et sont toujours retournée à l’endroit le plus élevé du mur. Elles étaient encore là sur le mur vide lors de ma dernière visite chez moi, les couleurs ternes et colorées aux angles par des gouttes de pluie.
Dès que j’ai pu ouvrir les yeux j’ai vu la photo du roi, dès que j’ai pu comprendre quelques mots on m’a dit que nous devons aimer le roi et la reine, car ils sont notre roi et notre reine.
Nous avons été amenés à croire qu’ils étaient les plus grands de tous les rois et reines, et la télévision était saturé des programmes sur les projets et les organismes de bienfaisance royale. Personne dans ma famille n’avait jamais rencontré le roi, mais nous avons tous aimé le roi, car tout le monde disait qu’il était un bon roi.
Quand j’étais toute petite, nous allions chez les voisins pour regarder la télévision. Ma grand-mère et ma mère avaient une dépendance ordinaire pour les nouvelles de 20 heures au sujet de la famille royale. Le fait qu’ils regardaient les nouvelles royales faisait partie de leur code de pratique pour être de bons citoyens. Lorsque le gouvernement leur disait d’allumer une bougie pour le roi, ils le faisaient sans aucun doute, et ils ont vraiment aimé le beau roi et la belle reine, le jeune prince et les princesses, et n’ont jamais cessé de commenter sur la façon dont ils les regardaient, ils les voyaient gracieux. Néanmoins, comme tous les enfants, nous étions impatients que les programmes royaux se terminent afin de pouvoir enfin continuer à regarder les feuilletons thaïlandais à l’eau de rose.
Mon village est un vieux village rizicole d’environ 200 familles. Des années 1960 aux années 1980, c’était un village très animé. Tout le monde connaissait tout le monde et la moitié du village étaient des parents. Presque tout le monde a participé aux cérémonies des ménages de tous les autres - de la naissance à la mort.
Près de la moitié de l’année, notre village était inondé et de nombreuses maisons étaient reliées par des passerelles de bois aux autres habitations. Pour nous, les petits enfants, il était facile et amusant de sauter de maison en maison sans avoir à passer par les échelles. Nous pouvions entrer dans la cuisine de tout le monde avec aisance et voir la nourriture qu’ils avaient, et nous mangions ensemble, selon les idées des uns et des autres : quoi faire cuire et comment le cuisiner. Mais généralement, il n’y avait pas grand-chose, juste du riz, des nouilles, du piment, des légumes et du poisson. Parce que, durant les crues, peu de gens pouvaient élever des poulets. Nous avons dû acheter presque tout à crédit, et je ne me souviens pas avoir eu la chance d’avoir eu un œuf entier seulement pour moi avant mon entrée en école secondaire.
Les inondations signifiaient que nous ne pouvions cultiver qu’une récolte par an. Lors des inondations, nous devenions des pêcheurs. Il y avait de nombreux festivals locaux et nous nous y rendions principalement par bateaux. Nous passions des jours à préparer la nourriture pour les festivals et nous jouions notre propre musique. Aujourd’hui, beaucoup de ces festivals ont disparu et la simplicité, la cérémonie et le rituel de ceux qui restent ont changé, car les villageois louent des groupes d’ailleurs avec des filles qui dansent en bikini.
Les années 1970 ont apporté des améliorations à notre village. Un chemin de terre a été construit pour nous, un lien vers le bureau du district, et ensuite sont apparues l’électricité et beaucoup de poussière. Des canaux d’irrigation ont été creusés et pour limiter les inondations des champs. Cela a permis aux villageois de planter plus d’une récolte par an, et quatre de mes frères et une sœur peuvent désormais cultiver du riz deux fois et quelques fois (très rarement) trois fois par an.
À la fin de 1990, la route a été élargie et recouverte d’asphalte, et moins de poussière a soufflé dans nos maisons. Le village n’a reçu d’alimentation en eau potable qu’au milieu des années 90. Au moment où la ligne téléphonique, promise depuis longtemps, avait atteint quelques maisons, presque tout le monde avait déjà un téléphone mobile.
Mon village est situé à 100 kilomètres de Bangkok, mais des centaines de kilomètres plus loin, dans le Nord-est, les mêmes évolutions sont venues plus tard.
Après que le grain ait été vendu et quand les villageois avaient un peu d’argent, des hordes de vendeurs avec des paniers de ceci et cela sur leurs épaules passaient à travers le village. Beaucoup d’entre eux marchaient d’un village à l’autre pour vendre toutes sortes de marchandises ; des moustiquaires, casseroles, poêles, couvertures - et des photos de la famille royale.
Je me souviens quand ma grand-mère achetait des tableaux du roi et de la reine, chacun d’entre eux enveloppé d’un flamboyant cadre doré, qu’elle mettait avec beaucoup de fierté dans le plus haut lieu de sa maison. Et je me souviens comment ma mère était si déçue parce qu’on ne pouvait pas se permettre d’acheter ces portraits.
C’est ainsi que j’ai adoré mon village et que nous avons « aimé » le roi et la reine, bien avant que j’ai pu réfléchir sur le sens de l’amour.
Notre amour pour la famille royale a été un amour inconditionnel, une infime partie du grand capital « d’amour » que le roi et la reine de Thaïlande ont eu le privilège de recevoir de la population thaïlandaise, et de s’habituer à prendre cela pour un acquis - comme si c’était leur droit divin.
Mis à part le plaisir que nous les enfants avions, grâce à notre grand espace pour courir et toute cette eau pour nager, ma famille de 9 enfants luttait pour vivre avec le peu d’argent que nous recevions pour notre grain. Au début des années 60 mes parents avaient décidé de déménager à la montagne située à 100 km au nord.
Là-bas, nous avons travaillé à défricher la forêt jusqu’à ce que nous ayons eu environ 8 hectares de hautes terres prêtes pour la plantation des cultures de rente dont le gouvernement faisait la promotion, mais ma famille n’avait pas de chance. Peu importe lesquelles des nouvelles cultures de rente nous avions planté selon l’avis du gouvernement (manioc, maïs, soja, arachides, tournesol, coton, canne à sucre, etc.), au moment où notre récolte était prête, les prix marché était tombé trop bas pour que nous puissions faire des bénéfices.
Dès que j’ai pu marcher et courir, j’ai travaillé dans les champs avec ma famille. Selon les normes modernes, ce que mes frères et sœurs et moi faisions serait considéré comme du travail des enfants. A neuf ans, j’étais déjà la cuisinière et la femme de ménage de la famille.
Comme pour le cas de la plupart des agriculteurs comme nous, le coût des semences, engrais, insecticides, matériel agricole et de l’entretien ménager général, faisait que nous n’avions jamais d’argent en réserve et ma famille était de plus en plus endettée. Nous vivions dans ce cycle interminable de la dette qui augmentait. Nous mangions ce que la forêt et les cours d’eau pouvaient nous donner. Tout le reste était acheté à crédit. Depuis l’époque où la propagation de la révolution verte a été proclamée en Thaïlande, la dette des familles des petits agriculteurs n’a jamais cessé de croître. Ces jours-ci, la dette moyenne des familles agricoles en Thaïlande est d’environ 6.000 euros.
J’étais une enfant faible et souvent malade. Ma mère devait constamment chercher des médecins pour moi, souvent en fait juste des ambulanciers et des infirmières, mais ce que dans notre village nous appelions des médecins. Puis, enfin, deux de mes sœurs m’ont emmené avec mes parents à l’hôpital Sirirat de Bangkok, où elles travaillaient comme agents de nettoyage. C’est là, en 1977, quand j’avais 11 ans, que j’ai été enfin examinée par un vrai médecin, et diagnostiqué comme ayant la thalassémie, une maladie génétique commune en Thaïlande. Ma famille n’en avait jamais entendu parler, ni, on peut le supposer, les « docteurs » de notre village, et je m’étonne aujourd’hui d’avoir survécu à tous les traitements qu’ils nous prescrivaient.
A cette époque, il n’y avait pas de service de santé public. Si un membre d’une famille pauvre tombait malade, le coût des cliniques et hôpitaux privés signifiait souvent que la famille devait vendre ses terres. Beaucoup de familles ont été poussés à la faillite et à la misère, et beaucoup le sont encore, parce que peu de familles osent encore mettre leurs proches entre les mains du système « de soins de santé gratuit ».
Quand j’étais enfant, les familles thaïlandaises, riches et pauvres, accordaient beaucoup d’attention à courtiser la faveur des agents du gouvernement et des politiciens. Pour les pauvres cela était particulièrement important : un enfant fonctionnaire du gouvernement pouvait utiliser les services médicaux gratuits pour ses parents.
Mes deux sœurs, qui m’ont emmené dans leur hôpital de Bangkok pour mon premier véritable check-up, sont de vrais anges. Toutes les deux ont travaillé à l’hôpital et fait de nombreuses heures supplémentaires depuis l’âge de 20 ans, pour payer l’éducation de ma jeune sœur et de moi-même ainsi que pour garantir des soins de santé à mes parents.
Souvent, j’ai critiqué ma mère en lui reprochant d’être la femme la plus inorganisée du monde, et cela était vrai, elle ne savait pas comment nettoyer ou laver les vêtements et ce n’était pas une bonne cuisinière, mais c’était une femme très pratique quand il s’agissait de la confection des filets, des paniers et des engins de pêche, et aussi pour la plantation. Elle était aussi bien meilleure que mon père pour la pêche et le travail des champs. Mon père était le contraire d’elle, il aimait cuisiner et nettoyer la maison.
Ma mère était une personne gentille et généreuse qui donnait toujours à ceux qui étaient plus pauvres que nous et nourrissait toujours les chats et les chiens qui venaient à la maison, mais, en plus de sa dépendance au bétel, elle avait une habitude qui a souvent embarrassé toute ma famille. Elle ne pouvait pas cesser de discuter avec de parfaits étrangers. Dès qu’elle était assise dans un bus, elle commençait à parler à la personne à côté d’elle. La plupart du temps, elle racontait comment nous étions brillants à l’école et, en riant, parlait de son mari ivrogne. Cependant, chaque fois que ma sœur cadette, son neuvième enfant, ou moi étions malades, elle était toujours là juste à côté de nous. Elle ne m’a jamais laissé seul dans une clinique et, souvent, nous sommes restés ensemble pendant toute la nuit.
Quand je constate qu’aujourd’hui, les gens sont de plus en plus dur et froid, je regarde en arrière et je me rends compte combien ma mère avait une si belle personnalité, avec son énergie positive toujours prête pour communiquer avec d’autres personnes. Pour moi, ma mère a été et demeure la meilleure mère du monde.
Lorsque le gouvernement a fait la promotion de la reine comme étant la « Mère de la Nation », juste avant la sanglante répression militaire en 1976, j’ai été incapable de penser à elle comme une mère. La reine était la reine, mais ma mère était la plus grande femme de ma vie. Cela ne signifie pas que je n’ai pas admiré la reine dans toutes ses robes glamour et ses bijoux. Les médias ont longtemps tenté de proclamer que notre reine était la plus belle reine du monde et, puisque nous n’avions jamais vu aucune autre reine, nous pensions tous qu’elle l’était. Eh bien, je ne pense pas avoir été la seule à penser que ma propre mère est la meilleure mère du monde.
Les communistes vont manger votre foie et vous brûler vif !
Lors de ma première et deuxième année à l’école, deux de mes frères, une sœur et moi, tous les quatre ensembles, devions marcher pieds nus pour nous rendre à notre école primaire, ce qui faisait en tout environ 4 km. L’école faisait partie du complexe d’un petit temple au milieu de la forêt. Nous avons marché pieds nus partout. C’était normal à cette époque et il est encore fréquent pour la plupart des Thaïlandais d’aller pieds nus à l’école ainsi que pour la plupart des gens en Asie du Sud-Est.
Lorsque nous avons vendu nos terres dans les montagnes et sommes retourné dans les rizières, j’étais dans ma troisième année d’école. C’était en 1976.
À mon école, on nous a enseigné de nouvelles chansons du roi et à nous sentir fiers de lui pour son talent à composer de belles chansons.
Lors d’un concours inter-écoles en 1977 ou 1978, je me souviens que nous devions nous entrainer à chanter deux chansons du Roi, pendant des semaines et des semaines. Quand arriva le jour du concours, mon frère et moi étions habillés en costume traditionnel et devions marcher en dansant sur une route de terre de deux kilomètres, pour nous rendre dans une plus grande école faisant partie d’une communauté élargie.
C’était il y a bien longtemps, mais ce jour-là est toujours vivant dans ma mémoire. Toute ma famille était très excité, mais nous n’avons pas d’argent pour nous préparer à cet événement, et nous n’avions pas non plus d’huile de cuisson. Donc, mes sœurs se sont réveillées tôt ce matin-là, pour presser le jus de la chair de noix de coco et le faire bouillir sur le feu jusqu’à ce que l’huile soit sortie. Ce riz frit et ces œufs étaient pour notre déjeuner, donc elles les ont enveloppées joliment dans des feuilles de lotus, mais nous avions honte car nous n’avions pas de jolis paniers de riz. Aujourd’hui, un repas de riz enveloppé dans des feuilles de lotus pourrait être considéré comme super, mais à cette époque, c’était une raison suffisante pour que des enfants comme nous nous sentions profondément honteux.
Nous étions fiers de notre part à cette activité et nous nous sommes amusés à chanter la chanson intitulée « Nous nous battons » (Rao su), mais aucun de nous ne comprenait ce que la chanson voulait dire. Ce n’est que tout récemment que j’ai appris que la chanson « Rao su » avait été écrite pour encourager les soldats et les gardes-frontières à ne jamais abandonner et combattre l’ennemi de l’Etat jusqu’à la mort. A cette époque, l’ennemi de l’État, c’était les communistes.
Dès l’âge de sept ou huit ans, on m’a dit de « Méfie-toi des communistes » parce que « Ce sont des démons qui vont manger ton foie et te brûler vivante », et que « Si tu es entêté les communistes viendront t’emporter ». Je me souviens combien j’avais peur des « communistes » et comment cette peur est entré dans mes rêves.
Quand finalement j’ai appris qu’il y a beaucoup de pays où les partis communistes font partie de la vie ordinaire, ma première pensée a été : « Oh là là ! Pourquoi mon gouvernement s’est tellement trompé ? »
Dans mon école secondaire, Pridi Phanomyong, le père de la démocratie en Thaïlande, était ouvertement qualifié de « communiste » par notre professeur de sciences sociales, et tous les événements de sa vie étaient décrits avec le moins de mots possible.
Encore une fois, plusieurs années devaient s’écouler avant que j’apprenne que Pridi n’était pas communiste et qu’il était en fait le premier champion de la protection sociale ainsi que de la sécurité sociale en Thaïlande et que la Constitution écrite en 1946 par son gouvernement a été la constitution la plus démocratique que la Thaïlande n’ait jamais eu. Et un peu plus tard j’ai commencé à comprendre que, depuis le coup d’Etat royaliste qui avait chassé Pridi du gouvernement en 1947, la démocratie en Thaïlande n’avait fait que stagner.
Chanceux numéro 7
La plupart de mes sœurs et frères ont vraiment bien travaillé à l’école primaire, mais ma famille était trop pauvre pour envoyer ses neuf enfants à l’école secondaire. Par ailleurs, le plus jeune d’entre eux ne pouvait pas être laissé seul sans surveillance et les plus âgés avaient à s’occuper d’eux-mêmes quand les adultes étaient au travail.
La chance est venue grâce au septième enfant. J’étais destiné à devenir la première femme de ma famille ainsi que la première du village à obtenir un diplôme d’une université célèbre, mais je ne le savais pas à l’époque.
Lors de ma dernière année au lycée, j’ai gagné le Prix Royal d’éducation de ma région. Ma famille et l’école étaient euphoriques. Mon nom était sur le plateau réservé aux étudiants ayant obtenu les meilleures notes. Je ne pouvais pas y croire. Je n’avais jamais pensé que j’étais intelligente. J’étais timide, une simple élève n’ayant rien de spécial. J’étais abasourdie. Comment était-il possible que je puisse avoir gagné une si grande compétition ?
J’ai également réussi à passer l’examen pour entrer dans la célèbre Université Silpakorn. Quelques mois avant d’entamer mon premier semestre à Silpakorn, je devais aller à Bangkok pour recevoir mon prix Royal. Un professeur principal et ma mère devaient de m’accompagner au Palais et je devais recevoir le prix de la princesse Sirindhorn, la princesse royale. Ma mère et mes professeurs du collège étaient très excités.
Mon professeur, ma mère, une de mes sœurs et moi-même, nous sommes réunis à Bangkok dans un bâtiment du ministère de l’Éducation, où nous avons passé une journée complète à apprendre comment se présenter devant un membre de la famille royale.
Tout s’est bien passé durant la cérémonie. Mon école a pris mon certificat et l’a accroché sur le mur de la chambre du recteur, le seul certificat attribué à un enfant de mon district. J’ai reçu 2.000 Baht dans une boîte de couleur or, et ma mère a reçu une photo de la princesse qui me tendait la boîte. La photo a été accrochée sur notre grand mur vide pour les voisins et les visiteurs. La boîte repose encore dans la garde-robe.
Les frais pour aller recevoir le prix était sans doute équivalent à ce que j’ai reçu, mais la valeur morale pour ma famille et l’école a été beaucoup plus grande, et les 2.000 Baht (récompense du Ministère de l’Education) m’ont aidé à vivre pendant deux mois d’université.
Université
Cela ne faisait pas longtemps que j’étais à l’université quand j’ai commencé à réfléchir à ce que les étudiants devaient coûter au budget de l’Etat, et j’ai réalisé que seulement 5% des étudiants étaient issus de familles pauvres comme la mienne.
C’est à la Faculté des Arts, au Département des Sciences sociales et du Développement, que j’ai appris sur la justice sociale, et j’ai compris très tôt que je devais lutter pour les pauvres, pour les petits agriculteurs. C’est là que je me suis promis que j’allais consacrer ma vie à réduire l’écart entre les riches et les pauvres.
J’étais une étudiante très active et je prenais toutes les occasions possibles pour aller dans les villages, et je voyageais beaucoup, dans chaque région, apprenant de l’autonomie, la diminution de l’autosuffisance et la pauvreté.
C’est Silpakorn qui m’a appris que, dans le but d’apporter la justice, l’harmonie et le développement de notre société, les privilégiés doivent cesser d’exploiter leur privilège et réduire leur consommation. C’est là que j’ai réalisé que nous devrions tous travailler pour les exploités et les marginalisés, pour la justice et l’égalité, et aussi que j’ai appris sur la liberté et la démocratie, et développé ma passion pour le travail pour les pauvres.
Je suis reconnaissante à Silpakorn pour ce que j’y ai appris. Quand j’ai entendu dire que c’était mon université qui avait refusé d’admettre la jeune fille de 18 ans, l’université qui m’avait appris pourquoi notre société est divisée par classes, j’ai été choqué : ma propre faculté bien-aimée refusant d’admettre une brillante étudiante parce que celle-ci pratiquait son droit à la liberté d’expression ! Ce fut un coup dur et une nouvelle prise de conscience.
Le plus beau cadeau de ma vie a été l’éducation, et je remercie ma famille, du plus profond de mon cœur pour leur décision de m’envoyer à l’école. Je remercie et je ne remercierai jamais assez mes parents, frères et sœurs - pour s’être privé eux-mêmes pour que ma sœur et moi puissent aller à l’université. Je ne désire pas plus de ma famille.
Uniformes
En entrant à l’université, j’ai trouvé la cérémonie Sotus inutile. La cérémonie Sotus (Seniority, Order, Tradition, Unity, Spirit - en français : Ancienneté, Ordre, Tradition, Unité, Esprit) est une pratique de plus en plus courante, et souvent laide et cruelle, dans les établissements d’enseignement supérieur de Thaïlande. Elle est conçue pour humilier les étudiants et les habituer en outre à accepter l’inégalité hiérarchique.
Je détestais l’uniforme des universités et l’ai rarement porté. Je me sentais dégoûté car, alors que nous avions plus de 18 ans et le droit de vote, les décideurs de l’université supposaient que nous ne savions pas comment nous habiller et qu’eux seul savaient quels vêtements étaient bons pour nous.
De plus en plus d’universités et de collèges thaïlandais ont adopté des règles régissant ce que les élèves peuvent ou non porter, et forcent leurs élèves à porter des uniformes, approfondissant et renforçant ainsi les clivages au sein du système de classe. Quels sont les autres pays qui ordonnent à leurs étudiants de porter des uniformes ? Dans la plupart des pays pas même les enfants du primaire sont obligés de porter des uniformes. Ce n’est que dans un pays aussi hypocrite que la Thaïlande que les autorités universitaires peuvent prétendre qu’elles savent mieux que les élèves ce qu’ils doivent porter pour leur propre bien.
L’utilisation de plus en plus obligatoire de l’uniforme en Thaïlande va main dans la main avec l’appareil d’Etat pour supprimer la liberté d’expression et la liberté de penser, d’analyser et de générer de nouvelles idées.
Il n’est pas étonnant que les gens venus des classes instruites soient les plus royalistes et les plus cruels et que la plupart d’entre eux soient incapables d’identifier et de corriger leurs propres erreurs. Il n’est pas étonnant non plus qu’ils soutiennent les militaires contre leur propre peuple et encouragent leur premier ministre à utiliser des balles réelles contre les classes inférieures qui osent mettre les pieds dans leurs précieux centres commerciaux.
On m’a dit récemment que je n’aimais pas le pays, n’avais pas la foi dans toutes les institutions thaïlandaises et que je ne devrais pas me dénommer moi-même comme étant une Thaïe, etc.
En Thaïlande, les classes sociales soi-disant instruites font l’erreur de lier la lutte légitime des pauvres pour la démocratie et la justice avec le fait de ne pas aimer le roi et d’être « anti-monarchie ». C’est une erreur grave, tragique et extrêmement dangereuse - le résultat d’un système éducatif qui est privé de bonnes notions d’humanité.
La plupart des vêtements que je portais lors de mes quatre années d’université m’ont été donnés par mes sœurs. Mes cheveux étaient coupés par des amis qui avaient appris la coiffure comme passe-temps. Si je ne me trompe pas je n’ai été au cinéma qu’une seule fois durant mes quatre années à l’université. J’ai reçu de l’argent d’une de mes sœurs qui me donnait environ 40% de son salaire. Cela me fournissait trois repas simples par jour et parfois un ticket de bus pour me rendre dans ma ville natale. Elle donnait aussi 40% à mes parents. Pour être en mesure de vivre elle-même elle prenait tous les travaux supplémentaires qu’elle pourrait obtenir. C’est une femme brillante, mais étant plus âgée que moi, elle n’avait aucune chance d’aller à l’université.
C’était moi, la septième enfant, avec mes frères et sœurs aînés au travail, qui a été la première à obtenir cette possibilité et je vais vivre avec cette culpabilité toute ma vie.
Souvent, je ne voyais pas comment je pouvais obtenir mon diplôme et pensais que je devais abandonner. Je me souviens d’une fois où mon frère et moi-même étions arrivé à la porte de ma sœur en même temps car nous avions tant besoin d’argent. Elle cria : « Où pourrais-je obtenir de l’argent pour vous deux ? » Et nous avons tous pleuré ensemble.
Etudiant et vivant avec un budget très serré, j’essayais de travailler pendant les vacances d’été, je vendais des nouilles ou menais des enquêtes sur le terrain pour les professeurs. À trois reprises, j’ai demandé et reçu une allocation de formation universitaire (de 2000 à 3000 bahts). J’ai obtenu mon diplôme en 1989. Qui a payé pour mes études ? Ma famille pauvre et les contribuables.
Ma vie de militante
Pour une étudiante sérieuse qui n’avait aucune expérience du sexe, mon premier emploi a été difficile : travailler comme assistante de recherche pour un étudiant de doctorat sur les « Impacts du tourisme à Koh Samui ».
Koh Samui est la troisième plus grande île de Thaïlande, bien connue des touristes et des routards du monde entier, en particulier des Allemands, des Suisses et des Scandinaves, comme un paradis du sexe, non seulement à l’époque, mais encore également aujourd’hui.
En 1989, Koh Samui traversait une période critique. Des grandes chaînes d’hôtel emménageaient et achetaient les terrains du littoral à un prix de misère, afin de construire des ressorts de luxe. Les agriculteurs et les pêcheurs locaux étaient repoussés dans les montagnes du continent, où ils tentaient de recommencer leur vie, par exemple avec la culture du café.
Il y avait environ 250 hôtels et chambres d’hôtes à Koh Samui et ma tâche était d’en faire le tour et d’interroger les propriétaires, leur personnel ainsi que la population locale.
Da a été ma première amie à Koh Samui, une fille de la même province que moi qui avait vendu sa virginité pour 10.000 bahts (NDT : environ 250 euros). Quand je lui ai demandé pourquoi, elle a répondu rapidement : « La pauvreté à la maison », la pauvreté que je connaissais si bien.
Jan était une cuisinière, une femme d’âge moyen qui avait de bonnes relations parmi les propriétaires de bars. Comme beaucoup de femmes à Koh Samui, elle était à la recherche d’un étranger pour la sortir de sa misère. C’était une femme belle et généreuse, une des femmes les plus charmantes et honnête que je n’ai jamais rencontré. Je n’oublierai jamais sa générosité et ses efforts pour me garder de la folie des touristes. Quand ils nous insultaient avec des phrases du genre : « Je peux acheter toute les femmes que je veux en Thaïlande », je répondais en criant : « Ce n’est pas vrai ».
Nui, une propriétaire locale de bungalow, était une « femme bonne » qui avait vécu sa vie avec fierté et intégrité. Son restaurant, au bout de la plage de Lamai, était l’un de nos favoris. Les bars du sexe les plus achalandés se trouvaient à l’autre bout, juste une promenade de 10 minutes, mais je n’ai réussi à l’entraîner là-bas qu’une fois.
Je me déplaçais autour des go-go afin de parler aux filles de bar, parfois en les aidant à traduire ou à rédiger des lettres en anglais. Mon anglais n’est pas bon, mais beaucoup mieux que le leur. Si Jan et Da ne trouvaient personne qui leur plaisait nous traînions ensemble. Certaines nuits, je leur tenais compagnie jusqu’au petit matin, et j’ai quelques beaux souvenirs des trois d’entre nous couchées sur la plage après que les bruyants bars aient fermé, à écouter le bruit des vagues et parler de nos vies et de nos rêves en attendant le lever du soleil.
Je voulais avoir une expérience de travail dans un bar moi-même, Jan m’a trouvé un emploi de serveuse dans un bar animé avec un ring de boxe. Après deux jours, j’ai arrêté parce que je ne pouvais pas supporter de voir des vielles travailleuses du sexe qui, n’ayant pas pu accrocher un client, se battaient entre elles sur le sol pour un billet de 100 baths. Deux femmes qui se battent comme des ennemies pour 100 baths. Quel genre de vie est-ce là ?
En 1990, les ONG qui étudiaient sur la situation ont affirmé qu’il y avait plus d’un million de travailleurs du sexe en Thaïlande. Les familles de ces pauvres filles prenaient leur argent pour construire des maisons et des temples plus grands et mieux. Tant que leurs filles envoyaient de l’argent, elles pouvaient encore être accueillies à la maison, mais quand elles ne réussissaient pas à envoyer de l’argent, ou à trouver un étranger qui envoi de l’argent à leurs parents, la stigmatisation de la « mauvaise femme » devenait plus forte et insupportable. J’ai été témoin de beaucoup de filles qui avaient besoin de drogue et d’alcool pour s’acquitter de leurs actions en bikini dans les go-go. Beaucoup avaient des blessures sur les poignets et les bras, toutes ces cicatrices étant une marque de haine profonde.
La personne pour qui j’ai travaillé a obtenu son doctorat, et j’ai réussi à passer l’ensemble de ces 8 mois sans perdre ma virginité.
Ces jours-ci, le commerce du sexe en Thaïlande rapporte de 4 à 5 milliards de dollars américains par an et emploie environ 2,5 millions de travailleurs. Quel genre de pays vit sur le corps et l’âme des femmes grâce au tourisme sexuel ?
Après un séjour de deux mois en Australie à apprendre la liberté démocratique avec des étudiants de l’Université de Sydney, j’ai obtenu un emploi à Hong Kong avec le Centre Asiatique des Migrants, une ONG régionale. Mon travail était d’aider les travailleurs migrants thaïlandais, qui s’étaient enfuis de chez de mauvais patrons pour se plaindre à la police, à déposer leurs plaintes à l’Office du Travail de Hong Kong, et à aider les femmes avec de nouveaux contrats de travail à régulariser leur situation avec le Bureau de l’Immigration, si elles pouvaient trouver de nouveaux emplois. Parfois, je me retrouvais au poste de police jusqu’à tard dans la nuit.
C’était un dur travail, mais encore une fois, j’ai rencontré beaucoup de belles, femmes qui travaillaient dur. Les femmes qui avaient sacrifiées des années de leur vie à Hong Kong pour être en mesure d’envoyer de l’argent afin de répondre aux demandes sans fin de leur famille en Thaïlande - pour l’éducation d’un frère ou l’achat d’une moto, les factures d’hôpital de leur père ou, même, pour que leurs nièces puissent aller à l’école. Beaucoup de ces femmes n’ont jamais eu la chance de fonder leur propre famille, et ces femmes d’âge moyen ne pouvaient qu’espérer que lors de leur retour définitif, leurs frères et leurs familles prennent soin d’elles.
Je ne pouvais pas croire qu’un peu plus d’un an après avoir quitté l’université, j’ai pu être en contact avec des milliers de femmes thaïlandaises qui, pour le bien de leurs familles, sacrifiaient leur propre vie et leur bonheur pour assumer des responsabilités sociales qui avaient été classées comme « communistes » par le Royaume de Thaïlande depuis les années 1940.
Santhana
Maintenant, nous pouvons raconter l’histoire de Santhana, une femme de 30 ans, originaire de Thaïlande du Nord qui a été abattue comme une bête sauvage tandis que son copain a été gravement blessé par les tirs des soldats, quand ils sont passés par la zone de combat à Bangkok le 14 mai 2010.
Santhana avait travaillé dans une usine de confection de Taiwan pendant trois ans puis ensuite au Japon pendant trois autres années, tout en étudiant, jusqu’à ce qu’elle soit en mesure d’obtenir un emploi de guide touristique pour une société japonaise, et plus tard un emploi de gestionnaire de transport pour une société d’import-export. Elle a été tuée par l’armée thaïlandaise alors qu’elle était au top de sa vie. Sa famille a perdu son soutien de famille. En guise de compensation, ils ont reçu 50.000 bahts (1.200 euros) de la part du Palais. Comme d’habitude, cette famille n’avait pas d’autre choix que de mettre leur perte sur le compte d’un mauvais karma.
L’histoire de Santhana est terriblement familière, et j’ai été profondément choquée lorsque le gouvernement a massacré 91 personnes dans les rues de Bangkok le mois dernier (NDT : en avril/mai 2010), soi-disant des terroristes armés anti-monarchie.
Durant mes 20 années de militantisme, j’ai rencontré des centaines de milliers de femmes comme Santhana, pas seulement en provenance de Thaïlande, mais de dizaines d’autres pays, des femmes merveilleuse qui avaient fait des réalisations énorme pour le bien-être de leurs familles, et l’économie de leur pays.
Après tout, nos révoltes et la répression sanglante durant les événements sanglants du mois d’avril-mai de cette année (NDT : 2010), qui a vu 91 personnes massacrées par notre élite au pouvoir, sont des preuves terribles de la façon dont le système de classes en Thaïlande s’est développé sans contrôle.
Des doutes croissants
En 1992, j’ai participé à l’insurrection sanglante de mai. Le bruit des bouteilles vides en plastique jetée sur l’asphalte de la rue Ratchadamnoen résonne encore dans mon esprit, un son qui glaçait le ciel et qui démontrait la détermination de la volonté des citoyens d’expulser la dictature.
Après que 48 personnes aient été abattues par l’Armée royale thaïlandaise, le soulèvement s’est terminé par l’intervention du roi, qui a gagné en popularité en sermonnant les généraux militaires et les leaders de la contestation.
Tous ont été amnistiés. C’est la pratique habituelle en Thaïlande pour résoudre les conflits politiques de passer sur les corps de quelques citoyens morts grâce au pardon du roi. La parole du roi est la justice et ... ne veut pas rendre la justice. Le général qui commandait l’armée qui a tué 48 personnes a été gracié et est autorisé à continuer à vivre dans le luxe. Comme tous nos tyrans précédents, et ceux qui ont suivis, ni lui ni personne avant lui, n’ont jamais été jugés pour leurs crimes.
J’ai commencé à me sentir sérieusement perturbée. Cela faisait bien longtemps que le peuple de Thaïlande demandait la démocratie participative et, encore une fois, qu’a-t-il reçu comme réponse ? 48 héros de la classe ouvrière assassinés et un Premier ministre royaliste nommé par le roi (pas seulement une fois mais deux fois) - un directeur d’une entreprise de confection de vêtements avec une longue liste de pratiques antisyndicales. Il a été bien accueilli par les universitaires de la classe moyenne et les ONG royalistes. 1992 a été encore un nouveau tournant dans l’institutionnalisation de la corruption politique.
La répression violente de ceux qui luttent pour la justice et la démocratie, ou qui souhaitent penser différemment, n’a jamais cessé, et après 20 ans de travail pour réduire l’écart entre les riches et les pauvres, tout ce que je constate, c’est un élargissement continu de cet écart.
La destruction et le chaos
A nouveau, en 2006, les chars de l’Armée royale thaïlandaise ont défilés bravement à Bangkok en Thaïlande pour voler le peu de démocratie que les gens avaient réussi à obtenir.
Le coup d’État s’est produit lorsque le premier ministre Thaksin était à New York. Il n’est jamais revenu. Avait-il un véritable intérêt à favoriser la démocratie participative ?
Immédiatement après que les chars aient pénétrés à Bangkok, j’ai envoyé une déclaration condamnant le coup d’État et participé à des manifestations anti-putsch. J’ai protesté contre le coup d’Etat non pour intérêt pour Thaksin, mais parce que je sentais que ce putsch était une insulte à notre lutte pour la démocratie. Et il l’était. Depuis 2006, nous n’avons vu nulle démocratie, rien d’autre qu’une suite de violents troubles politiques [1].
L’aspect positif de ces quatre dernières années (NDT : 2006/2010), c’est que le débat sur le double-standards de la Thaïlande ne peut plus être évité.
Malgré l’imposition de la loi d’urgence et la censure massive mise en place par le gouvernement, plus que jamais, les travailleurs ruraux et urbains discutent du rôle de la monarchie et de la participation du roi, de la reine, du palais royal et des régiments royaux dans la politique thaïlandaise. Ce débat a naturellement conduit à une conscience politique plus grande et plus critique.
Des dizaines de milliers de sites web ont été bloqués par le gouvernement, mais sont souvent rouverts sous des noms modifiés.
En vertu de la loi draconienne de lèse-majesté en Thaïlande (article 112 du Code pénal) « Celui qui diffame, insulte ou menace le roi, la reine, le prince héritier ou le régent, sera puni d’un emprisonnement de trois à quinze ans. » Beaucoup de gens sont déjà confrontés à 6, 10, et même 18 ans de prison pour avoir exprimé leurs opinions en ligne et dans des lieux publics (NDT : Aujourd’hui, en 2015, des personnes ont carrément été condamnées à 50 ou 60 ans de prison pour lèse-majesté).
La directrice du journal en ligne Prachatai a été arrêtée et libérée sous caution. Elle fait face à 50 chefs d’accusation. Un site web a été créé pour suivre le sort de ces personnes [2]
Des millions de personnes ont commencé à douter que leur amour pour leur roi vaille les insultes et les cicatrices qu’ils recevaient en retour. Parallèlement à la criminalisation officielle de ceux qui sont critiques, et leur victimisation par les factions « Tu aimeras le roi » et « Protéger la monarchie », une critique ouverte du rôle de la monarchie ne pouvait que continuer de croître.
Quel rôle pour la monarchie en Thaïlande ?
Au lieu d’essayer d’écouter leurs critiques, le gouvernement royaliste et les institutions du palais ont tenté de les arrêter.
Quand je regarde la Thaïlande en tant que Thaïe et visite les pays qui conservent une monarchie, et quand je réfléchis sur la situation au Népal, je ne peux qu’être étonnée par le fait que la famille royale thaïlandaise n’ait rien appris de ces exemples.
Je me souviens d’un dîner dans un petit restaurant à Oslo. Une femme venait de quitter le restaurant et mon ami m’a dit : « C’est une princesse ». La femme est sortie toute seule, personne ne la suivait. Une autre fois lors d’une promenade avec des amis, je me suis retrouvé dans un beau jardin. Quelle surprise, je me trouvais dans un jardin de la résidence du palais et il n’y avait pas un soldat en vue.
À Copenhague, je me promenais avec un ami devant la porte du palais lorsque le prince héritier est sorti en automobile suivi par une seule autre voiture. La route n’avait pas été bloquée pour clarifier le trafic lors de son passage.
En Thaïlande, quand les membres de la famille royale sont en déplacement, à Bangkok ou pour une destination royale comme Chiang Mai, les routes et les passerelles sont fermées par la police pendant 10 minutes ou même parfois 30 minutes avant que la flotte de voitures royale n’arrive, roulant au moins deux fois la limite de vitesse autorisée comme s’ils ne bénéficiaient d’une loi rien que pour eux. Nous sommes habitués à compter le nombre de voitures. Un convoi de 30 voitures de luxe, toutes de la même couleur, est tout à fait habituel pour les membres supérieurs de la famille royale thaïlandaise.
En juillet 2009 il y a eu l’histoire de Bouquet, une enfant de 6 ans qui est morte car elle avait été retardée d’une heure par un blocage royal de la route sur le chemin de l’hôpital parce qu’un membre de la famille royale se rendait à un spa. Le père a demandé aux soldats d’informer la princesse que sa fille était très malade. Son appel a été refusé, alors il a fait un détour par une autre route et a constaté que cette dernière était trop embouteillée. Alors que sa fille mourait à l’hôpital, il a écrit sur le Samesky web-board. Nous avons tous prié pour Bouquet, mais, comme son père l’a dit : « Elle est morte pour qu’une »chanteuse« puisse aller au spa ».
Le 13 octobre 2008, une manifestante chemise jaune, une femme qui est morte en attaquant la police royale thaïlandaise qui défendait le parlement, a bénéficiée d’une crémation royale en présence de la reine, de la plus jeune princesse, du Conseil privé, d’Abhisit & co et des principaux chefs de l’armée.
En mai 2010, le commandant d’une division d’infanterie qui est mort lors de la répression des manifestants chemises rouges le 10 avril précédant, a lui-aussi bénéficié d’une crémation royale, en présence de la reine et du prince héritier. La femme de ce commandant décédé était une conseillère du premier ministre [Abhisit]. Les familles des 88 manifestants qui sont morts se sont vu accorder 50 000 bahts (1 200 euros) par le Palais etc…
Où y a-t-il une justice dans tout cela ? Il n’y a aucune justice dans tout cela.
Il faut une enquête indépendante sur la violence étatique la plus récente contre des civils en Thaïlande, et l’enquête ne doit pas s’arrêter au gouvernement d’Abhisit. Le rôle de la monarchie dans la répression, et lors des quatre années de chaos politique qui ont précédées cette dernière, doit également être étudié.
Avec tout « l’amour » que la famille royale prétend recevoir [du peuple], pourquoi la monarchie thaïlandaise se comporte-t-elle d’une façon tellement paranoïaque au 21e siècle ?
Pourquoi le palais refuse-t-il de permettre un débat ouvert sur la façon dont les Thaïlandais perçoivent le rôle de leur bien-aimé monarque ? Se pourrait-il que le palais lui-même soit tellement embourbé dans le scandale qu’il a peur d’ouvrir ses portes ?
La peur du communisme qui a poussé la famille royale thaïlandaise à devenir de puissants alliés des généraux corrompus est compréhensible. Les raisons pour lesquelles la Thaïlande s’est impliquée dans la guerre anti-communiste des États-Unis est bien connue.
Le fait que la famille royale se soit liée d’amitié avec des tyrans comme le maréchal Thanom, qu’elle les a aidé à éviter des accusations criminelles et leur a fourni des lits douillets et des crémations royales, est également compréhensible.
Le fait que la famille royale n’ait jamais défendu Pridi Phanomyong, le père de la démocratie thaïlandaise, qu’en 1947 elle ait soutenu le général qui l’a chassé du pouvoir, qu’elle n’ait jamais donnée son pardon à Pridi, et qu’elle ne lui ait jamais permis de revenir au pays même quand il était devenu un vieil homme, si ce n’est pour une crémation royale mais pour simplement consoler sa famille – ne sont pas compréhensible.
Si le plan d’action économique mis au point par Pridi en 1933 avait été adopté, et non pas rejeté comme étant un programme « communiste », nous ne serions pas confrontés, 78 ans plus tard, à l’horrible phénomène d’une bataille médiévale entre une population frustrée à bout de nerfs et sa hiérarchie monarchique.
Le Plan d’action économique de Pridi visait à atteindre un état de bonheur net grâce au développement des activités de coopération, de protection sociale, de soutien de l’Etat pour l’économie sociale et domestique, favoriser le troc, l’éducation égale pour tous avec un engagement maximum de la main-d’œuvre rurale, soutenir les entreprises d’Etat, ainsi que l’imposition des riches et l’introduction d’un salaire minimum, etc.
Si le plan de Pridi avait été adopté la Thaïlande aurait pu être une véritable démocratie et un exemple de développement durable en Asie du Sud-Est.
Tout récemment, le site www.weareallhuman.net a examiné deux lettres écrites par le roi, l’une au maréchal Pibun et aux royalistes après qu’il ait évincé Pridi, et l’autre au maréchal Thanom après que ce dernier ait organisé le coup d’Etat militaire de 1971. Le coup d’État de 1947 a détruit la constitution la plus démocratique que la Thaïlande n’ait jamais eu. Il a rendu d’énormes pouvoirs à la monarchie, et lui a redonné toutes les anciennes propriétés de la Couronne. Depuis 1947, la Thaïlande est restée sous l’emprise de l’Armée royale thaïlandaise. Pourquoi ?
La transition vers la démocratie de l’Espagne à la fin des années 70 (après des décennies de dictature du Général Franco qui avait débuté en 1939 et s’était terminée par la mort de ce dernier en 1975) a généré une animosité considérables au sein des forces armées espagnoles. Cela a abouti à une tentative de putsch militaire le 23 février 1981. Le coup a été contrecarrée par une intervention sans ambiguïté du roi Juan Carlos, portant l’uniforme du Commandant suprême des forces armées espagnoles, diffusée à la télévision. Il a appelé le peuple à soutenir leur gouvernement légitimement élu. Le leader du coup d’Etat a été condamné à 30 ans de prison, et l’action du roi a conduit à un renforcement de la démocratie espagnole et à un respect renouvelé pour la monarchie.
En revanche, depuis 1947, le roi de Thaïlande a personnellement approuvé 7 coups d’Etat militaires réussis.
À tout moment, au cours des 60 dernières années, la maison royale de Thaïlande aurait pu s’engager au côté du peuple pour la lutte pour la démocratie et aider à terminer la chaîne sans fin de coups d’État militaires et de répression violente en Thaïlande.
La violente répression de l’Armée royale thaïlandaise contre le peuple en avril 2010 a poussé la Thaïlande plus loin vers la route glissante et ignoble de celle d’un « état en faillite ».
Il est grand temps pour les Thaïlandais de s’engager dans un vaste débat public ouvert sur le rôle de la famille royale thaïlandaise, les institutions du palais, la force militaire énorme dont ce dernier dispose, et sur les problèmes qui découlent de ses pouvoirs absolus et ses privilèges extrêmement coûteux qui ne sont pas du tout en accord avec « l’économie de suffisance » promue par le roi lui-même.
En ouvrant un espace réel pour la critique du public, la famille royale peut encore se sauver elle-même en devenant un véritable acteur dans la prévention de nouvelles violences domestiques et en rendant la justice au pays - sans l’utilisation des bandes militaires ou paramilitaires, qui ne peuvent jouer aucun rôle dans la vie civile d’un pays comme la Thaïlande du 21e siècle.
Le palais doit permettre à tous les Thaïlandais d’exprimer librement leurs sentiments sur ce qu’ils pensent de leur monarchie, et il doit aussi ordonner la fin de l’obligation de « l’amour du roi » et de la propagande pour « protéger la monarchie ».
Depuis le jour où je suis né, la famille royale possédait mon amour, mais lentement elle a perdu cet amour. Lorsque le palais m’oblige à choisir entre l’amour de la famille royale et l’amour du peuple thaïlandais je ne peux que choisir ce dernier. Rien ni personne ne peut rivaliser avec mon amour pour le peuple de Thaïlande.
Quand il s’agit des institutions de la monarchie il y a des questions que les gens devraient être en mesure de débattre sans crainte d’être condamnés a plusieurs années en prison.
Par exemple :
• La richesse du roi thaïlandais n’a cessé d’augmenter au cours des 60 dernières années. Avec des biens évalués à 35 milliards de dollars US, en 2008, Forbes a donné au roi le titre de plus riche monarque au monde. Le peuple thaïlandais doit avoir le droit d’analyser et de discuter de l’immense richesse de sa monarchie par rapport à l’énorme écart croissant entre riches et pauvres.
• Au cours des 20 dernières années, le budget du Palais a été multiplié par 20, passant de 3 millions d’euros (141 millions de bahts) à 65 millions d’euros (2,6 milliards de baht). (Note : la pauvre reine de Grande Bretagne n’a guère vu son budget augmenté en 20 ans et doit gérer ses dépenses avec un maigre budget de 8 millions d’euros.)
• L’utilisation des 150 millions d’euros (6 milliards de bahts) qui sont versé chaque année à partir du budget de l’Etat pour financer les « projets royaux » de la Thaïlande doit être soumise à l’examen du peuple, au débat public et à l’évaluation des citoyens.
• L’article 112 du code pénal doit être supprimé pour le bien du peuple et celui de la monarchie.
• L’intervention du Conseil privé du roi sur la politique doit être interdit.
• Le peuple thaïlandais n’a pas besoin de 60 unités de l’armée comprenant 30,000 soldats pour garder une monarchie qui prétend être aimée par le peuple.
En juin de cette année (2010), le ministère thaïlandais de l’Intérieur, en particulier le Directeur général du Département de l’administration provinciale, a lancé un projet intitulé « bénévoles afin de protéger la monarchie ». L’objectif initial était de recueillir 1.000 volontaires dans tous les villages à travers le pays, dans chaque district, y compris parmi les jeunes.
Il s’agit d’une tentative pour unifier le peuple sous la bannière de « Sa Majesté le Roi ». Les bénévoles devront protéger la monarchie de leur vie s’il le faut et faire en sorte que la philosophie du roi « d’économie de suffisance » soit mise en pratique à travers le pays.
Le 8 juin (2010), le Directeur général a présidé la cérémonie d’ouverture du projet pour les provinces frontalières du sud, à Yala, avec la participation de plus de 2.000 personnes, y compris des villageois et des responsables locaux. Des cartes d’identification ont été délivrées aux représentants des bénévoles de 33 districts et les participants ont fait un serment d’allégeance devant une photographie de « Sa Majesté le Roi ».
Inutile de dire que l’assassinat des chefs de village qui ont participé aux manifestations des Chemises rouge a déjà commencé.
• Il n’y a rien de moins écœurant de constater que chaque citoyen ordinaire doive assister à des réunions afin de rapporter les problèmes des travailleurs et des villageois à l’attention des autorités et que leurs bouches devaient rester fermées devant les déclarations des autorités du genre : « Je suis le serviteur du roi. Je travaille pour le roi ». De telles expressions sont utilisées par les autorités comme une méchante arme afin d’inhiber le développement de la population, des autorités que les gens paient pour leur service - pas pour celui du roi qui a plus qu’assez de fonctionnaires pour le servir.
L’utilisation de ce genre de déclarations par les autorités municipales et le gouvernement qui empêche tout débat réel à propos des vrais problèmes, un débat pourtant nécessaire et urgent, devrait être interdite.
• Nombreux sont les groupes pour la protection de l’environnement et/ou de la collectivité locale qui font valoir que si un de leurs projets ne reçoit pas un signe du genre « Ce projet est sous le patronage de tel ou tel membre de la famille royale », ils ne bénéficieront pas de l’aide des agents du gouvernement ni n’auront aucun soutien financier.
Sans patronage royal direct, de nombreux programmes locaux de développement communautaire ainsi que des initiatives de protection de l’environnement sont, de cette manière, commodément ignoré ou interdit par les autorités, malgré le fait qu’ils soient sensible et bien organisé.
• La famille royale a développé des mécanismes sophistiqués pour recueillir d’énormes sommes d’argent provenant de sociétés et de dons publics. Tous les dons que reçoit la famille royale ainsi que leur utilisation devraient être transparents afin que le public puisse être responsabilisé.
• De nombreuses obligations royales concernant la dignité de la société et celle de l’individu devraient être examinées et, pour la plupart d’entre elles, éradiquées, par exemple celle des privilèges de la famille royale qui utilise l’argent public afin de bloquer les routes pour que leurs convois de voitures rutilantes puissant passer sans faire face aux embouteillages ; celle qui fait que les gens qui veulent voir un film au cinéma soient obligés de bénir le roi avant le début du film ou sinon d’être inquiété s’ils ne le font pas ; celle qui fait que les millions de bahts qui sont pourtant nécessaires aux budgets locaux pour améliorer l’ordinaire des gens, soient consacrés à la construction de palais temporaire afin de recevoir la visite de la famille royale ; celle qui fait que ceux qui sont tenus de respecter le roi ou la reine doivent ramper devant leurs pieds quand ils reçoivent leur visite et réciter quelques incantations royales comme : « Que la puissance de la poussière sous la plante de vos pieds royaux protège ma tête et le haut de ma tête » « ใต้ฝ่าละอองธุลีพระบาท ปกเกล้า ปกกระหม่อม Tai-Fa-La-Ong-Thu-Lee-Pra-Bart-Pok-Klao-Pok-Karmom ».
Aujourd’hui, aucune personne sur cette planète n’est la poussière sous les pieds de toute autre personne. Même le Seigneur Bouddha a abandonné son royaume pour devenir égal aux autres.
Ce sont certaines des raisons qui font qu’il m’est difficile aujourd’hui d’aimer le roi.
Le courant « protéger la monarchie » qui cherche à nous mobiliser pour une « économie de suffisance » n’apporte pas la paix car il nous conduit à une guerre civile.
Quand la monarchie et ses institutions voudront-elles être assez gentilles pour accepter, accueillir et soutenir notre lutte pour l’égalité des droits, la justice, la démocratie, les résultats des élections libres et équitables et nos droits fondamentaux de la liberté d’expression et liberté d’association ?
Junya Yimprasert, le 12 Juin 2010/2553