Les grandes manœuvres ont commencé pour préparer la succession de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, dont la destitution a été officialisée vendredi 10 mars par la Cour constitutionnelle. La haute juridiction a ainsi confirmé la décision, prise le 9 décembre 2016, par l’Assemblée nationale. Mme Park était restée présidente, mais privée de tous ses pouvoirs, assumés par le premier ministre, Hwang Kyo-ahn.
Annoncée en direct à la télévision alors que les pro et les anti-Park étaient massés à proximité de la Cour, transformée en camp retranché par la police, qui avait déployé 21 000 hommes pour l’occasion, la décision de vendredi aura donc mis fin à un suspense de quatre-vingt-onze jours.
Pour se forger une conviction sur les treize chefs d’accusation mentionnés dans la motion de destitution, les juges ont auditionné vingt-cinq témoins,ont organisé trois audiences préliminaires et dix-sept audiences contradictoires. Les agissements de Mme Park « ont porté gravement atteinte à l’esprit (…) de la démocratie et de l’Etat de droit », a déclaré la présidente de la Cour, Lee Jung-mi, et « la présidente Park Geun-hye (…) a été congédiée ».
C’est la première fois dans l’histoire de la jeune démocratie sud-coréenne qu’un président quitte ainsi le pouvoir. En 2004, le progressiste Roh Moo-hyun, accusé d’infractions à la législation sur les élections, avait été la cible d’une motion de destitution, par la suite rejetée par la Cour constitutionnelle.
Caprices
Pour Park Geun-hye, la destitution est à effet immédiat, et il est désormais temps de quitter la Maison Bleue, la présidence, d’où elle n’était sortie qu’une fois depuis le 9 décembre, pour se rendre sur la tombe de ses parents. Elle ne résidera plus dans ce bâtiment où elle avait fait son entrée pour la première fois à 9 ans, dans les pas de son père, le président autoritaire Park Chung-hee (1961-1979). Elle avait quitté la Maison Bleue après l’assassinat de celui-ci, avant d’y revenir après sa victoire à la présidentielle de 2012.
Redevenue simple citoyenne, Mme Park devrait faire l’objet de poursuites pour corruption, dont le détail apparaît dans l’argumentaire présenté par la présidente de la Cour pour justifier la destitution. L’ex-chef d’Etat se voit reprocher d’avoir « trahi » la population en enfreignant la Constitution, ont estimé les juges, qui lui reprochent d’avoir « oublié son devoir de protéger la nation ».
Plus concrètement, Mme Park est reconnue coupable d’avoir laissé Choi Soon-sil, son amie et confidente depuis les années 1970, se mêler des affaires de l’Etat et d’avoir comploté avec elle pour extorquer des fonds aux chaebols, les conglomérats locaux. Les juges n’ont en revanche pas retenu l’accusation de négligence de ses obligations au moment du naufrage du ferry Sewol, en 2014, qui avait fait plus de trois cents morts.
Le scandale à l’origine de la destitution de Mme Park, connu sous le nom de « Choigate », a éclaté le 24 octobre 2016. Ce jour-là, la chaîne de télévision JTBC annonce avoir trouvé une tablette appartenant à Choi Soon-sil et contenant des fichiers de la présidence. Depuis, c’est le grand déballage. Les révélations s’enchaînent quotidiennement, mettant au jour les collusions entre le pouvoir politique et les chaebols, le tout selon les volontés, pour ne pas dire les caprices, de Choi Soon-sil.
Renoncement
Les Sud-Coréens, choqués, se mobilisent en masse pour obtenir la démission de la présidente. Des rassemblements s’enchaînent chaque samedi soir à Gwanghwamun, la porte principale du palais de Gyeongbokgung, haut lieu de l’histoire nationale. Le monde de la culture, dont beaucoup de membres s’étaient retrouvés sur une liste noire établie par l’administration Park, est très impliqué dans ce mouvement.
Le million de participants est atteint au plus fort de la crise, qui pousse la présidente à formuler – maladroitement – des excuses, et l’Assemblée nationale à créer un poste de procureur spécial – confié à l’avocat Park Yoon-soo –, chargé d’enquêter sur l’affaire. Une première salve de révélations a servi à rédiger la motion de destitution.
Closes le 28 février, les investigations du procureur Park ont permis l’inculpation d’une trentaine de personnes, dont plusieurs proches de la présidente, et Lee Jae-yong, le vice-président et dirigeant de fait du chaebol Samsung. M. Lee aurait promis ou versé des fonds aux fondations de Mme Choi, afin d’obtenir le soutien du gouvernement pour la fusion controversée, en 2015, de Samsung C&T et Cheil Industries. Son procès a commencé le 9 mars.
La décision de la Cour ouvre la voie à l’organisation d’une élection présidentielle dans les deux mois pour désigner un successeur à la dirigeante destituée. Choo Mi-ae, la présidente du Parti démocrate (opposition), a demandé au premier ministre, Hwang Kyo-ahn, de démissionner ou, au moins, de « mettre un terme aux politiques économiques et diplomatiques désastreuses de l’administration sortante ». Auparavant, le Parti de la liberté en Corée (LKP), la formation conservatrice héritière du Saenuri de Mme Park, avait présenté ses excuses. « Nous avons échoué à honorer nos engagements en tant que parti au pouvoir, a déclaré le président par intérim du LKP, In Myung-jin, et à protéger la dignité et la fierté de la Corée du Sud. »
Alors que les opposants à Park Geun-hye – favorables à 80 % à sa destitution – devaient se rassembler, vendredi soir, à Gwanghwamun, pour célébrer ce que le Parti populaire, formation d’opposition, a qualifié de « victoire du peuple », les états-majors politiques pensent déjà au scrutin présidentiel, qui devrait être organisé le 9 mai et se déroulera dans un contexte de tensions avec la Corée du Nord et la Chine, après la décision de Séoul et de Washington de déployer sur la péninsule un système antimissile. D’après le dernier sondage Gallup du 10 mars, Moon Jae-in, du Parti démocrate, candidat malheureux face à Park Geun-hye en 2012, part favori avec 32 % des intentions de vote.
Profondément discrédité, le camp conservateur pourrait avoir du mal à se trouver un candidat à même de l’emporter. Ses espoirs de victoire ont fortement pâti du renoncement de l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, début février, en raison, notamment, de révélations sur une affaire impliquant son frère.
Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)
Journaliste au Monde
* LE MONDE | 10.03.2017 à 06h52 • Mis à jour le 10.03.2017 à 10h58 :
http://abonnes.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/03/10/la-presidente-park-geun-hye-destituee-la-coree-du-sud-se-prepare-a-une-nouvelle-election_5092342_3216.html
En Corée du Sud, les partisans de la présidente Park voient des complots communistes partout
Alors que la Cour constitutionnelle doit se prononcer vendredi 10 mars sur la validité de la destitution de Park Geun-hye, ses partisans se mobilisent dans le centre de la capitale sud-coréenne.
LETTRE DE SÉOUL
« Je suis revenu pour sauver la présidente et mon pays des manœuvres nord-coréennes. » Tenue de camouflage, béret noir et conviction en bandoulière, l’homme aux cheveux grisonnants en est persuadé : le Choigate, le scandale de corruption et d’abus de pouvoir qui a provoqué la destitution le 9 décembre 2016 de la présidente Park Geun-hye, n’est rien d’autre qu’un complot orchestré depuis Pyongyang. « Puisqu’on vous le dit !, éructe un peu plus loin une femme âgée, elle aussi en tenue de camouflage floqué cette fois d’un drapeau sud-coréen. Les politiciens et les patrons des médias obéissent au leader nord-coréen Kim Jong-un. »
C’est ainsi que les militants de la frange sud-coréenne la plus conservatrice cherchent à discréditer le mouvement de masse demandant le départ de Mme Park. Il y a parmi eux des membres d’Eglises protestantes toujours très engagées contre la Corée du Nord, des adhérents de groupuscules nationalistes, parfois basés aux Etats-Unis, et même des moines bouddhistes.
On y retrouve de nombreux natifs de Daegu, la grande ville du centre du pays, fief historique de la famille Park, où la présidente bénéficie toujours d’un certain soutien. Il s’agit en immense majorité de personnes âgées, souvent nostalgiques de la période de forte croissance de Park Chung-hee, dirigeant autoritaire de 1961 à 1979 et père de l’actuelle présidente.
Fin 2016, La mouvance a dressé devant la mairie de Séoul un camp de tentes kaki et blanches d’où surgissent des hampes où flottent les drapeaux sud-coréens et américains, un rappel de la vieille alliance contre le communisme. Ici, on croque du « rouge » à longueur de temps en vitupérant contre les « chongbuk chwap’a », les « gauchistes pro-Nord », expression du temps des dictatures.
Ce camp de base offre une visibilité à un mouvement déjà actif sur Internet, avec notamment l’« Association de ceux qui aiment Park Geun-hye » (Parksamo), créée en 2004 et qui a connu un bond de ses adhésions depuis le Choigate. Il se veut le pendant de celui des opposants à Mme Park, installé un peu plus loin, sur la grande avenue Sejong, et où s’organisent les grandes manifestations du samedi soir appelant au départ de la présidente.
Les conservateurs arrivent à mobiliser des dizaines de milliers de personnes. La police veille à éviter les affrontements. La vigilance s’est intensifiée à l’approche du verdict de la Cour constitutionnelle, attendu vendredi 10 mars, sur la validité de la destitution de Mme Park.
« Faire couler le sang sur le bitume »
Des élus alimentent les tensions. L’ancien gouverneur de la province de Gyeonggi, Kim Moon-soo, l’un des chefs de file du Parti de la liberté en Corée (LKP), qui réunit les pro-Park du défunt Saenuri, n’hésite pas à assimiler les méthodes des anti-Park à celles des révolutionnaires russes de 1917. « Même les bolcheviks n’ont jamais affiché de tels comportements, brutaux, excessifs, pires que les gardes rouges », a-t-il martelé début février à la radio MBC au sujet des rassemblements du samedi soir, pourtant bon enfant et n’ayant jamais connu de débordements.
D’autres membres du LKP n’hésitent pas à menacer de « faire couler le sang sur le bitume ». Lors des dernières auditions à la Cour constitutionnelle, fin février, les avocats de la présidente ont évoqué un risque de « guerre civile ».
Le 6 mars, l’équipe chargée d’enquêter sur le Choigate a laissé entendre que la Maison Bleue, la présidence sud-coréenne, tirait les ficelles de la mouvance pro-Park. L’un des fonctionnaires de la présidence, Hoe Hyung-jun, aurait multiplié les contacts avec des formations d’extrême droite comme l’Union des mères.
C’est également lui qui aurait coordonné l’action de la Fédération des entreprises de Corée (FKI), sorte de syndicat des chaebols (conglomérats sud-coréens), quand il a versé des fonds, entre 2012 et 2014, à la Fédération des parents, une organisation d’extrême droite chargée d’organiser, parfois en coopération avec des groupes de réfugiés nord-coréens, des manifestations de soutien à Mme Park. Le Service national de renseignement (NIS) serait impliqué.
Au-delà des basses œuvres évoquant les pratiques passées, certains soutiens du mouvement affichent des convictions sincères, reflétant ainsi un sentiment partagé par plus de 15 % de la population. Certains défendent la présidente. D’autres redoutent l’arrivée au pouvoir des progressistes.
Compassion
Choe Hyon-seok, ancienne travailleuse sociale et auteure de plusieurs ouvrages sur les personnes âgées, notait le 7 février dans le quotidien de centre gauche Hankyoreh que les participants sont souvent « des personnes exclues et marginalisées sur les plans économiques, sociaux et géographiques ».
De fait, il y a parmi les participants aux rassemblements beaucoup de personnes qui viennent arrondir leurs maigres retraites. Cela rapporterait à chaque fois entre 20 000 et 40 000 wons (entre 17 et 34 euros), voire un petit gueuleton.
Relevant une certaine complexité dans les sentiments exprimés, Mme Choe a constaté une évolution chez certains qui ont critiqué Mme Park dans les premiers temps du scandale, avant de développer une forme de compassion pour une présidente perçue, par eux, comme une victime de sa confidente Choi Soon-sil, qui a donné son nom au Choigate.
Plus généralement, Mme Choe voit dans l’activisme de ces personnes « un désir irrationnel d’entraîner le système dans leur chute ». Dans ce sens, ajoute-t-elle, Park Geun-hye « est comme le symbole de leur sentiment d’abandon ».
Philippe Mesmer (Séoul, envoyé spécial)
Journaliste au Monde
* LE MONDE | 09.03.2017 à 12h15 :
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/03/09/en-coree-du-sud-les-partisans-de-la-presidente-park-voient-des-complots-communistes-partout_5091948_3216.html
En Corée du Sud, le syndicat des chaebols se délite
Samsung a annoncé son intention de quitter la Fédération des entreprises de Corée engluée dans le scandale du « Choigate ».
Le « Choigate » pourrait faire une nouvel le victime. La Fédération des entreprises de Corée (FKI), sorte de syndicat des chaebols (conglomérat sud-coréen), perd l’un de ses principaux contributeurs. Samsung a annoncé le 6 février son intention de la quitter.
Le géant de l’électronique a pris cette décision car l’organisation se trouve au cœur du scandale impliquant Choi Soon-sil, la confidente de la présidente Park Geun-hye, qui a conduit à un vote de destitution de cette dernière. L’un des volets de l’affaire concerne la FKI. Elle aurait joué les intermédiaires pour verser 77,4 milliards de wons (63 millions d’euros) aux fondations Mi-R et K-Sports, dirigées par Mme Choi. L’argent venait des chaebols, dont Samsung, qui auraient payé sous pression de la présidence.
Relations poreuses
Ce n’est pas la première fois que la FKI apparaît dans une affaire de corruption. Créée en 1961 peu après le coup d’Etat qui a porté au pouvoir Park Chung-hee, le père de l’actuelle présidente, elle s’activait pour obtenir les législations les plus favorables à ses membres.
Les relations plus que poreuses entre le monde des affaires et celui de la politique en a fait un outil actif de la corruption au profit des dirigeants. La FKI n’est pas étrangère au système mis en place du temps de Park Chung-hee (1961-1979), pour l’octroi de prêts aux entreprises. Il fallait alors faire un don d’environ 10 % à 20 % du montant du crédit. Outre le président Chun Doo-hwan (en poste de 1980 à 1988), son successeur Roh Tae-woo (1988-1993) en avait profité.
En 2016, la FKI a été accusée d’avoir versé des fonds entre 2012 et 2014 à la Fédération des parents, une organisation d’extrême droite chargée d’organiser, parfois en coopération avec des groupes de réfugiés nord-coréens, des manifestations en soutien à la présidente Park.
Considérée comme un vestige d’une période révolue par beaucoup de Coréens du Sud et inadaptée aux attentes des entreprises dans le contexte économique actuel, la FKI paraissait en sursis. Le « Choigate » semble accélérer son déclin.
Avant le scandale, elle comptait près de 600 membres dont les cotisations lui rapportaient 40 milliards de wons (32 millions d’euros) par an, dont 70 % émanaient de quatre contributeurs, Samsung, Hyundai, SK et LG. Avant Samsung, LG Group a décidé de la quitter fin 2016. Hyundai l’envisagerait aussi.
Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)
Journaliste au Monde
* LE MONDE ECONOMIE | 09.02.2017 à 09h50 :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/02/09/en-coree-du-sud-le-syndicat-des-chaebols-se-delite_5076968_3234.html
Corée du Sud : le retrait de Ban Ki-moon de la présidentielle ouvre la voie à l’opposition
L’ancien secrétaire général de l’ONU s’est dit déçu de l’attitude de certains milieux politiques, à la suite de soupçons de corruption formulés contre lui.
Le retrait de la course à la présidentielle sud-coréenne de l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon rebat les cartes du scrutin au profit de l’opposition. Candidat non officiellement déclaré mais menant une véritable offensive médiatique à travers le pays depuis son retour de New York, le 12 janvier, M. Ban apparaissait en deuxième position des intentions de vote pour le scrutin qui pourrait intervenir fin avril ou début mai.
La Corée du Sud est dans l’attente du jugement de la Cour constitutionnelle devant confirmer la destitution, votée le 9 décembre 2016 par l’Assemblée nationale, de la présidente Park Geun-hye pour des faits de corruption et d’abus de pouvoir. Si cette destitution est validée, un scrutin présidentiel sera organisé dans les soixante jours. Le président de la cour, Park Han-chul, souhaite que le verdict soit rendu le 13 mars au plus tard.
La décision de Ban Ki-moon profite avant tout à Moon Jae-in, du parti Minjoo (opposition sociale-libérale), qui bénéficiait de 34 % d’opinions favorables dans le sondage réalisé les 31 janvier et 1er février par le quotidien JoongAng. Ban Ki-moon, second, était à 15,7 %. Pour Moon Jae-in, la route vers la Maison Bleue (la présidence sud-coréenne) se dégage un peu plus. Dans son camp, ses principaux rivaux ne dépassent pas 10 % d’opinions favorables.
« Egoïstes »
Pour le camp conservateur au pouvoir, en revanche, le retrait de Ban Ki-moon, qui représentait une chance quasi inespérée de conserver le pouvoir, est un coup dur. Sa principale composante, le Saenuri, formation de Mme Park aujourd’hui discréditée, a perdu nombre de ses élus. Ils l’ont quitté pour créer fin décembre 2016 un nouveau parti, le Bareun. C’est ce nouvel appareil qui était pressenti pour porter la candidature de Ban Ki-moon. La formation va devoir trouver un nouveau champion, qui pourrait être l’actuel premier ministre et président par intérim, Hwang Kyo-ahn, crédité de 10,3 % d’opinions favorables par le JoongAng, ou Kim Moo-sung, un ancien dirigeant du Saenuri.
La question se pose désormais de l’avenir de Ban Ki-moon, 72 ans. « J’espère qu’il restera avec nous pour construire une nouvelle politique », a déclaré Chang Je-won, porte-parole du Bareun. Difficile de savoir si son vœu se réalisera. « Je vais me retirer de la vie politique », a déclaré Ban Ki-moon à l’annonce de son retrait, et « renoncer à mon aspiration à changer le monde politique et à unifier le pays ». Ban Ki-moon s’est dit déçu de l’attitude de certains milieux politiques, qu’il a qualifiés d’« égoïstes, fonctionnant en chapelles ». « Avancer avec eux ne présente aucun intérêt », a-t-il ajouté.
Toujours pendant sa conférence de presse, il a regretté l’influence de ce qu’il a qualifié de « fake news » (« fausses nouvelles »), en l’occurrence des soupçons de corruption formulés contre lui qui ont suscité de multiples critiques de l’opposition.
Le 21 janvier, le gouvernement américain a demandé l’extradition de son frère Ban Ki-sang, soupçonné de corruption dans la vente d’un complexe immobilier situé au Vietnam et appartenant à un géant coréen de la construction, Keangnam Enterprises, dont il était l’un des dirigeants. Son fils Joo Hyun-bahn a déjà été arrêté dans cette affaire. En réaction, Ban Ki-moon a présenté ses excuses et affirmé ne rien savoir de ces opérations.
Gaffes
Ces révélations suivaient celles de l’hebdomadaire basé à Séoul Sisa-Journal qui, dans son édition du 24 décembre 2016, affirmait que Ban Ki-moon avait reçu 200 000 dollars (185 000 euros) en liquide en mai 2005. Il était alors ministre des affaires étrangères du président progressiste Roh Moo-hyun (en poste de 2003 à 2008). L’argent lui aurait été remis lors d’une réception à sa résidence d’alors, située dans la capitale sud-coréenne.
Cette publication affirmait qu’il avait également perçu 30 000 dollars en 2007, alors qu’il venait d’accéder à la tête de l’ONU. Les fonds auraient cette fois transité par un restaurant new-yorkais. L’argent aurait été versé par Park Yeon-cha, sulfureux ancien patron de la marque de chaussures Taekwang, condamné en 2009 à l’issue d’un procès retentissant pour évasion fiscale et corruption de nombreuses personnalités politiques – dont des proches de Roh Moo-hyun –, économiques et judiciaires. L’entourage de Ban Ki-moon avait nié les accusations.
Dans le même temps, l’ex-secrétaire des Nations unies avait multiplié les gaffes lors d’apparitions publiques depuis son retour en Corée du Sud. Dès son atterrissage, il avait préféré le train à la limousine pour rentrer de l’aéroport, mais s’était montré incapable d’acheter un billet.
Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)
Journaliste au Monde
* LE MONDE | 02.02.2017 à 11h54 • Mis à jour le 02.02.2017 à 12h34 :
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/02/02/coree-du-sud-le-retrait-de-ban-ki-moon-de-la-presidentielle-ouvre-la-voie-a-l-opposition_5073390_3216.html