Il y a quelques jours, loin d’ici, en Colombie, près de 300 personnes sont mort.e.s et 300 autres ont été blessé.e.s, emportées par une coulée de boue qui a détruit une partie de la ville de Mocoa.
Ici même, des habitant.e.s, des associations, des communes, des élu.e.s, des partis dont le NPA mais pas que, se mobilisent contre le projet d’une autoroute inutile, nuisible et ruineuse, appelée « contournement Est de Rouen ».
Quel est le rapport ?
Le premier point commun : l’appellation mensongère.
En Colombie on nous parle de catastrophe naturelle. C’est effectivement une catastrophe, mais elle n’a rien de naturel. La première cause est le changement climatique qui aggrave encore les fortes pluies dues au phénomène El Niño, à chaque saison pluvieuse.
La deuxième cause est la déforestation galopante. Avec les pluies torrentielles, les zones déforestées ont tendance à s’effondrer, occasionnant les glissements de terrain qui emportent tout sur leur passage. Laquelle déforestation est aussi un facteur de réchauffement du climat… le cercle vicieux !
Ici, les aménageurs fous, nous promettent un « contournement de Rouen ». Il s’agit là aussi d’un mensonge. La liaison A28-A13, une nouvelle autoroute à péage, ne servira pas à désengorger Rouen et l’agglomération. Elle passera loin de la ville, à l’est, alors que l’essentiel de la circulation se concentre à l’ouest. Pour faciliter les déplacements, pas besoin d’autoroute, ni même de route ou de pont supplémentaire. Développons et rendons gratuits les transports collectifs ! Utilisons les voies déjà existantes, à commencer par l’A13. Pour cela, il faut supprimer le péage d’Incarville qui pousse des milliers de véhicules sur les routes secondaires.
Son but réel est de compléter la liaison Calais-Bayonne ou Amsterdam-Espagne, pour satisfaire les lobbys du transport routier, du béton et des péages. Son effet immédiat sera la destruction 240 hectares de terres agricoles, la détérioration du cadre de vie avec le bruit, la pollution en particulier les particules fines qui est responsable de 48 000 morts /an en France, la destruction de la biodiversité avec disparition de certaines espèces fragiles et la poursuite du massacre de la forêt de Bord.
Cette autoroute fait partie de ces Grands Projets Inutiles et nuisibles Imposés qui visent le toujours « plus vite, toujours plus loin » qu’il s’agisse d’un aéroport à Notre-Dame-des Landes, de La Ligne Nouvelle Paris Normandie ou du méga-canal vers le nord de l’Europe…
Il faut bloquer ces projets parce que globalement, et c’est le vrai lien entre là-bas et ici, l’inflation du transport est l’un des principaux facteurs de l’augmentation des émissions de GES responsable du changement climatique, le bétonnage et l’artificialisation des terres contribuant aussi fortement à ce changement climatique.
Il faut les bloquer parce que la catastrophe n’est pas pour la fin du siècle, elle est déjà là !
Déjà là ! en Colombie,
Déjà là ! en Afrique où 20 millions de personnes sont menacées par la famine en grande partie due à la sécheresse au Soudan du Sud, Nigeria, Yémen en Somalie.
Déjà là ! Dans les plaines côtières d’Asie ou dans les îles où les zones les plus peuplées sont menacées par la montée des océans.
Dans tous les cas les premières et principales victimes sont les plus pauvres.
L’humanité a deux problèmes urgents, aussi urgent l’un que l’autre et qui se combinent et se renforcent : les injustices sociales et les injustices écologiques. Elles se conjuguent aussi avec l’oppression des peuples.
La preuve par la Guyane.
Dans le cadre du mouvement actuel, les peuples Amérindiens de Guyane demandent : « La rétrocession immédiate de 400.000 hectares de terres afin de « garantir un espace de vie suffisant dans les villages pour la génération future (…) pour protéger cet espace de vie des spéculations foncières, des occupations illégales, de la déforestation, de l’agriculture intensive » Ils exigent « l’arrêt immédiat du projet d’exploitation aurifère sur le site Montagne d’Or, « l’éradication de l’orpaillage illégal“. Ils et elles sont les premiers empoisonnés au mercure.
Ces injustices se cumulent.
Elles ont aussi un seul et même responsable : le capitalisme, sa logique du profit et du productivisme.
Il faut bloquer ces projets mais pas seulement, il faut prendre le mal à la racine, élaborer et imposer une autre logique, une transition sociale et écologique appuyée sur les exigences portées par les mobilisations. Trois secteurs :
Les transports sont responsables près de 30% des émissions GES mais aussi de pollution et de nombreux accidents
Sortir du tout-voiture :
Une mesure d’urgence (et pas seulement au moment des pics de pollution !) : Instaurer la gratuité des transports en commun et les développer ; Rouvrir les gares et les lignes de chemin de fer…mais aussi repenser l’ensemble de l’organisation du territoire (urbain comme rural) modelée par la voiture (centre commerciaux)
Concernant les marchandises, en France 85% circulent sur la route, 9% sur les rails, 2,3% sur les fleuves. Il faut évidemment donner la priorité au rail et au fleuve. Mais pour en finir avec le tout-camions il faut surtout réduire le transport de marchandises sans rapport avec les besoins, supprimer le juste-à-temps et ses stocks roulants, cesser les va-et-vient des marchandises qui ne sert qu’à mettre en concurrence les salariés entre eux en transportant tout et n’importe quoi d’un bout du monde à l’autre.
La production d’Énergie entre les dangers du nucléaire et l’effet de serre des énergies fossiles, c’est la peste et le choléra :
• l’arrêt du nucléaire (arrêt de l’EPR à Flamanville ET fermeture immédiate de tous les réacteurs de plus de 30 ans, abandon des projets d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure et
• la sortie des énergies fossiles gaz, charbon pétrole
• 100 % d’énergies renouvelables en 2050. le potentiel de production électrique par des énergies renouvelables représente trois fois la demande d’électricité.
MAIS l’énergie la plus propre est celle qui n’est pas consommée : => Sobriété et efficacité énergétiques. Tout en refusant la précarité énergétique qui concerne 12 millions de personnes en France en rendant gratuits les premiers kWh indispensables.
Aujourd’hui l’agriculture industrielle est une agriculture de destruction (des paysan.ne.s, des emplois, du climat, des sols, de la santé…) sans parler des usines types 1000 vaches, 1000 vaux ou 100 000 poulets
A l’inverse une agriculture bio en supprimant les intrants chimiques (engrais, pesticides, herbicides, fongicides…) et les OGM, une agriculture paysanne, des circuits courts de transformation et de distribution permet d’assurer à la fois une alimentation saine et de qualité pour toutes et tous, et les moyens de vivre décemment pour des paysan.ne.s et des salarié.e.s plus nombreux.
Répondre à ces exigences => changer de logiciel… en finir avec celui du capitalisme
Arrêter d’attendre le retour de la croissance qui résoudrait tout alors qu’elle ne ferait que précipiter la catastrophe écologique.
Pour permettre à toutes de vivre dignement : partager les richesses
Pour en finir avec le chômage et la précarité : partager le travail, imposer une réduction collective et radicale du temps de travail avec embauche et sans perte de salaire
En finir avec le chantage à l’emploi (La direction de l’entreprise de plasturgie NEMERA ne s’est pas contentée de lancer une pétition patronale contre l’inspection du travail coupable de lui imposer de respecter le Code du travail en captant à la source des substances cancérogènes sur ses presses de production, elle menace de délocaliser la production et de licencier afin d’obtenir du Ministère du travail une décision favorable qui serait une autorisation légale d’exposer les travailleurs à un cancérogène mortel)
– Il faut interdire des licenciements et imposer la protection des salarié.e.s (continuité du salaire et de tous les droits sociaux) et reconversion collective dans les secteurs des productions inutiles ou nuisibles (de l’armement au nucléaire en passant par les engrais chimiques) ;
– On veut travailler pour produire ce qui est utile et dans le même temps en finir avec le gaspillage et la course à la consommation pour cela interdisons de la publicité et imposons des productions solides, réparables contre le tout à jeter de l’obsolescence programmée.
– créer des emplois dans des services publics pour la mise en œuvre de la transition écologique (rénovation énergétique des logements…), dans l’agriculture paysanne bio (campagne 1 millions d’emplois pour le climat)
Pour empêcher les capitalistes de pourrir nos vies, notre santé, le climat et l’environnement : expropriation des banques, des secteurs clés à commencer par l’énergie, l’eau, les transports, la distribution… ; Prendre les moyens de décider de ce qui doit être produit et comment par la socialisation sous le contrôle des salarié.e.s et des usager.e.s. Mettre au centre la planification démocratique, donc l’anticipation, la délibération, les choix sociaux et politiques, une logique du commun, de gestion ouvrière et citoyenne, d’autogestion… Pour reprendre la main sur nos vies et notre avenir.
Il n’y a pas de vie, pas de droits, pas de démocratie sur une planète morte, empoisonnée ou en partie submergée par la montée des océans… On peut et on veut vivre toutes et tous mieux en respectant les contraintes écologiques
En donnant la priorité à ce qui est vraiment important pour vivre bien :
Du temps libre pour se reposer et ne rien faire, partager les tâches domestiques, pour l’art et la culture…pour prendre soin les un.e.s des autres, de la démocratie et du monde.
La satisfaction des besoins sociaux essentiels (santé, éducation, crèches, soin et accueil des personnes âgées et/ou dépendantes, énergie, transports, eau…) selon le principe « À chacun selon ses besoins » grâce à des services publics et à la gratuité pour assurer à toutes et tous l’accès et l’égalité réelle.
Fillon ce matin parlait avec mépris des « candidats qui rêvent et n’ont aucune chance d’être élus » Oui ! Nous rêvons d’un autre monde parce que nos vies valent plus que leurs profits. Et nos rêves sont de ceux qui nous font agir parce que nous savons que personne ne les réalisera à notre place, il n’y a pas de sauveur suprême ! Seulement nous-mêmes mobilisé.e.s, auto-organisé.e.s, déterminé.e.s et fort.e.s de nos rêves.
Christine Poupin