Dès le début de son mandat, Donald Trump a concrétisé ses attaques contre la protection de l’environnement et du climat.
La personne désignée par Trump pour diriger l’Environmental Protection Agency (l’agence de protection de l’environnement), Scott Pruitt, a consacré l’essentiel de sa carrière à combattre l’Agence qu’il est maintenant appelé à piloter. C’est le renard dans le poulailler, mais il n’est pas seul : toute l’équipe du nouveau président est truffée de semeurs de confusion climatique liés aux secteurs des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz…).
Le nouveau président des Etats-Unis a relancé la construction des pipelines Keystone XL et Dakota Access, dont la mobilisation sociale avait imposé l’arrêt, parfois au prix de luttes acharnées. De plus, Donald Trump a promis d’abolir les dispositions en faveur de l’efficience énergétique des moteurs automobiles et d’examiner favorablement toutes les conditions que les constructeurs mettraient à la relance de leurs investissements aux Etats-Unis.
Alors que nous sommes au bord d’un basculement climatique irréversible, alors que l’accumulation des richesses n’a jamais été aussi grande et aussi inégalitaire, alors qu’une politique écologique et sociale devrait partager le travail et donner un revenu décent à tous et toutes, la protection de l’emploi sert de prétexte pour une politique insensée de soutien aux énergies fossiles.
« Nous tirons la sonnette d’alarme »
Les redoutables conséquences sociales et écologiques de cette politique ne font pas hésiter le nouveau président. Sa totale irrationalité non plus. Au contraire : le programme de recherche de la Nasa sur le changement climatique est dans le collimateur. Et, afin de faire taire les alertes, les chercheurs/euses dépendant de budgets fédéraux se voient totalement interdit(e)(s) de communiquer directement leurs recherches au grand public, de quelque manière que ce soit. Quand le message ne lui plaît pas, Donald Trump bâillonne le messager !
Nous tirons la sonnette d’alarme. La seule économie digne de notre espèce est celle qui commande de prendre prudemment soin de la Terre pour assurer à tous ses habitants et ses écosystèmes les meilleures conditions d’existence. Or, celles-ci sont menacées par l‘économie du pillage des ressources et du saccage de la planète, par la concurrence pour le profit immédiat et maximum.
Nous sommes tous et toutes concernés. L’avenir de la planète, notre avenir, celui de nos enfants, sont en jeu.
C’est le moment d’entrer en résistance. Aux Etats-Unis, dans le sillage de l’énorme succès de la Marche des Femmes, deux marches sont organisées : pour les sciences le 22 avril, pour le climat le 29 avril. Nous soussigné(e)(s), scientifiques et activistes sociaux, nous rassemblerons à Bruxelles le 22 avril, jour de la Terre, en solidarité avec nos collègues et ami(e)(s) des Etats-Unis.
Non au déni climatique.
Laissons les fossiles dans le sol.
Changeons le système, pas le climat.
Respect Women. Respect People. Respect the Earth.
Signataires :
Mateo Alaluf, sociologue, ULB ; Philippe Baret, professeur Agro-Louvain, UCL ; Léon Brenig, physicien, professeur émérite de l’ULB ; Antoinette Brouyaux, Associations 21 ; Marijke Colle, écoféministe ; Thibaut Demeulemeester, biologiste, Climat et Justice Sociale ; Vinciane Despret, ULg ; Marie-Soleil Frère, maître de recherche FNRS/ULB ; François Gemenne, directeur de l’Observatoire Hugo, ULg ; Pierre Gillis, physicien, professeur, UMons ; Jean-Claude Grégoire, agronome, professeur, ULB ; Christian Kunsch, président du MOC ; Pauline Lefèbvre, Lutte Solidarité Travail ; Jacinthe Mazzocchetti, anthropologue, professeure à l’UCL ; Marc Mormont, sociologue, professeur émérite de l’ULg ; Pierre Ozer, Observatoire Hugo, ULg ; Lidia Rodriguez Prieto, Le Monde Selon les Femmes ; Sarah Schlitz, coprésidente de la coalition climat ; Christophe Schoune, secrétaire général d’Inter Environnement Wallonie ; Isabelle Stengers, philosophe, professeure émérite de l’ULB ; Marcelle Stroobants, sociologue du travail, professeure, ULB ; Daniel Tanuro, agronome écosocialiste, Climat et Justice Sociale ; Jean-Pascal van Ypersele, climatologue, professeur à l’UCL ; Jean Vogel, directeur du Centre d’Histoire et de Sociologie des Gauches de l’ULB ; Laurent Vogel, chercheur à l’Institut syndical européen ; Grégoire Wallenborn, docteur en sciences, Climat et Justice Sociale.