En 1977, à l’université, Walter adhéra au Gruppe Revolutionäre Marxisten (GRM), qui devint SOAL en 1986. C’est dans les années 70 que la gauche radicale a eu le plus d’influence en Autriche, en particulier dans les universités et dans certains secteurs de la société. Le GRM a mené sa camagne la plus importante au cours de la lutte contre la centrale nucléaire de Zwentendorf (au bord du Danube). Elle a été construite, mais n’a jamais été mise en service : en 1978, un réferendum a scellé la fin du nucléaire en Autriche.
Au début des années 80, Walter a beaucoup milité dans le mouvement de soutien à la révolution sandiniste, et il a séjourné quatre mois au Nicaragua comme membre des brigades de solidarité. Après son retour il a quitté le secteur étudiant pour la rédaction de notre journal Die Linke (La gauche). Grâce à sa capacité à aller à l’essentiel, à clarifier les choses, à réagir à l’inattendu, il nous a été possible pendant presque 25 ans (jusqu’à l’arrêt de l’édition papier en 2006), de publier tous les quinze jours un journal de qualité. Prenant en compte impondérables et incertitudes (les articles promis vont-ils encore arriver, ou pas…), il avait intégré ce rythme bimensuel à sa vie.
Après un séjour en Algérie, où il avait travaillé avec les camarades du Parti Socialiste des Travailleurs (PST), il a toujours suivi de près les évolutions dans ce pays issu d’une révolution. Il méprisait ceux et celles qui n’étaient pas capables de voir plus loin que le bout de leur nez et donnaient plus d’importance aux mesquines luttes de pouvoir dans l’arrière-cour autrichienne qu’à une perspective internationaliste.
Malgré le peu de succès des efforts entrepris pour donner un ancrage social et politique à l’organisation : intervention dans des organisations de jeunesse social-démocrates, tournant vers l’industrie, travail dans la Alternative Liste pour la construire (elle donnera naissance aux Verts), et malgré la violence des débats et luttes de fractions des années 80 et 90, l’appartenance à SOAL et à la IVe Internationale étaient pour lui le fil à plomb directrice d’une activité révolutionnaire. Lorsque dans les années 80, la gauche marxiste – et notre organisation avec elle – perdit l’élan des années 70 et que la majeure partie d’une génération trouva des arrangements avec l’ordre des choses bourgeois, il resta inflexible, sans jamais tomber ni dans le dogmatisme, ni dans le sectarisme.
A la fin des années 80, l’ascension du FPÖ, avec la remontée à la surface de l’antisémitisme, de la xénophobie et d’éléments national-socialistes ont été un choc. Cependant le mouvement d’opposition au gouvernement « noir-bleu“ en 2000 (avec le chancelier fédéral ÖVP Wolfgang Schüssel et Jörg Haider du FPÖ) ont représenté une lueur d’espoir et un appel à continuer le combat. L’engagement de SOAL dans le mouvement altermondialiste a conduit Walter aux forums sociaux européens de Florence et de Paris. Il a été plusieurs fois délégué pour SOAL aux congrès mondiaux de la IVe Internationale ; dans „la Quatre“ il était souvent connu sous le nom qui figurait au bas de bien des articles de Die Linke : « Boris Jezek ».
Ces dernières années, Walter s’était engagé dans le travail auprès des réfugié-e-s. Avec d’autres camarades, il avait lancé l’association « Herein » (entrez !), qui loue des logements pour les mettre à la disposition de familles de réfugié-e-s.
Dans sa carrière professionnelle de coach, comme auparavant, entre autres, dans une maison d’édition, il connaissait le succès. Mais pour lui, ce n’était pas ça le plus important. Son énergie, il la concentrait comme en écho à l’exhortation de Brecht : « Change le monde : il en a besoin ! »
Des ami-e-s et camarades de Vienne