La lutte en faveur de l’autodétermination en Catalogne portée par un mouvement, authentiquement populaire, a mis à l’ordre du jour différents aspects, en particulier depuis le référendum unilatéral du 1er octobre :
• La nature fortement réactionnaire du nationalisme espagnol monarchique.
• L’impossibilité du républicanisme espagnol (à quelques exceptions près) d’engendrer un positionnement politique critique à même de mobiliser une masse de personnes et de les éloigner de l’influence de la droite.
• La nécessité de tout mouvement de rupture démocratique de faire face avec sérieux à la question du pouvoir.
• L’unité de la bourgeoisie en tant que classe en défense du statu quo.
Ces questions ne peuvent être surmontées qu’en mettant en avant la révolution démocratique.
Le pacte qui attribuait à l’Etat espagnol la fonction d’instrument de domination de classe s’affaiblit en raison de la mondialisation
L’Etat espagnol fut la forme politique de l’exploitation économique capitaliste depuis le XIXe siècle. Au travers de ce pacte, les bourgeoisies ont maintenu leur domination et ont obtenu des avantages économiques. La spécialisation territoriale, avec des zones périphériques qui servirent de réservoirs de main-d’œuvre migrante et de matières premières, coexista avec des territoires centraux tels que Madrid, Barcelone, Bilbao qui détenaient le pouvoir administratif, industriel et financier.
La configuration de ce pacte permettait l’exploitation sous le régime du monopole du territoire de l’Etat.
Malgré certains dysfonctionnements, en particulier en raison de la prépondérance de chaque bourgeoisie dans la gestion de l’appareil de l’Etat, le pacte s’est maintenu sous le franquisme et au cours des longues trois décennies qui succédèrent à la dictature. Ce n’est qu’avec le développement de la mondialisation néolibérale que la répartition des rôles est devenue caduque, surtout en ce qui concerne le pouvoir industriel catalan qui ne dispose plus de sa chasse gardée au sein de l’Etat espagnol, en raison de la libre circulation des marchandises.
Face à ce processus, les bourgeoisies de l’Etat comprennent qu’au sein d’un monde globalisé la gestion des infrastructures est essentielle pour attirer des investissements et transformer un espace donné en pôle d’accumulation capitaliste. La lutte pour la gestion aéroportuaire, le transport ferroviaire et les investissements autoroutiers, tout comme la bataille pour le contrôle des secteurs stratégiques s’est clairement déroulée au cours de la première décennie du XXIe siècle. L’agrandissement d’aéroports, comme celui de Prat [Barcelone], de Barajas [Madrid] ou encore d’autres construits sans qu’un avion en décolle, la bulle portuaire ou l’OPA sur Endesa [entreprise productrice d’électricité et de gaz naturel, l’entreprise italienne Enel détient une large majorité d’actions] lancée par Gas Natural [dont le siège est/était à Barcelone], avortée aux cris « plutôt italienne que catalane », illustrent ce processus.
L’idée d’élaborer un nouveau Statut pour la Catalogne [entre 2003 et 2006] constituait une tentative d’actualiser le pacte et – au-delà des compétences qu’il comportait et du fait que le terme « nation » apparaissait dans son préambule – l’aspect central de ce dernier était les investissements en infrastructures en Catalogne, le montant desquels figurait dans une disposition du Statut de 2006. Soit dit en passant, ce dernier n’a pas été rempli par l’Etat, la plupart des années en question, dès qu’il est entré en vigueur [une disposition additionnelle du Statut précisait que « l’investissement de l’Etat en Catalogne en matière d’infrastructures, excepté le Fonds de compensation interterritorial, équivaudra à la participation relative du PIB de Catalogne par rapport au PIB de l’Etat pour une période de sept ans »].
La récolte de signatures lancée par le PP contre le Statut engendrant un anticatalanisme a cependant provoqué un effet contraire en Catalogne. Soit une croissance de ce que l’ancien président de la Generalitat [entre 2006 et 2010, membre du PSC – Parti des socialistes de Catalogne], José Montilla, a appelé « désaffection envers l’Etat espagnol ».
La crise économique et les dures politiques antisociales initiées par le gouvernement Zapatero [avril 2004-décembre 2011] et approfondies par le PP ont également mis un terme au mirage de l’alternance politique au niveau de l’Etat. Le fait que le PSOE apparaisse comme une force mettant en œuvre des coupes budgétaires a eu des conséquences graves, dans tout l’Etat, et particulièrement en Catalogne, où l’image du PSC a été clairement endommagée et a marqué le début d’un déclin qui se poursuit aujourd’hui [l’une des expressions de ce déclin a été que plusieurs petites formations se sont détachées du Parti des socialistes de Catalogne ont rejoint en 2015 la coalition Junts pel Si]. C’est-à-dire que les forces politiques qui gouvernent l’Etat se sont retrouvées sans un parti ayant la capacité de remporter des élections en Catalogne.
Préparation du référendum en 2009 à Arenys de Munt
C’est dans ce contexte que le mouvement en faveur des consultations populaires pour l’indépendance – qui a débuté à Arenys de Munt en 2009 : entre 2009 et le printemps 2011, des centaines de consultations se sont déroulées dans des communes de Catalogne ; plus de 800’000 personnes y ont voté et elles furent déjà le théâtre d’actions judiciaires menées par l’Etat – s’est étendu à toute la Catalogne. Ceci, conjugué au mouvement du 15M finira par engendrer une progression du niveau de conscience populaire quant à la nécessité d’un « auto-gouvernement » dans tous les sens du terme, y compris sur la question nationale. L’émergence de l’idée d’autodétermination et de défense de l’indépendance face à un Etat qui opprime et exploite a dû dans un premier temps affronter les tentatives de la défunte CiU [coalition conservatrice qui a occupé le gouvernement de la Catalogne entre 1980 et 2003 puis entre 2010 et 2015] de rediriger les revendications populaires en direction d’un accord fiscal [avec l’Etat].
Cet objectif visait à aboutir au même statut que la bourgeoisie basque avait obtenu par le biais du Concierto Económico [série d’accords entre l’administration générale de l’Etat et la communauté autonome basque qui règle les questions fiscales entre les deux entités et donne une large autonomie à cette dernière]. Toutefois, la mobilisation populaire, en particulier à partir du 11 septembre 2012, a fait éclater cette tentative.
La mobilisation sociale pour des conditions d’existence meilleures a convergé avec l’idée d’une rupture avec l’Etat espagnol, transformant l’indépendance en alternative pour des millions de personnes.
Ainsi, de cette manière, CiU – la coalition qui a pu simultanément garantir la stabilité gouvernementale de l’Etat [1] et apparaître comme le garant des revendications catalanes – a pu voir comment le mouvement populaire pour l’indépendance l’empêchait d’être au four et au moulin.
L’Etat espagnol a perdu l’unité des partis bourgeois ou de droite ; il est entré en crise profonde. Non pas en raison de la volonté des directions de ces partis, mais parce que la société a bougé en Catalogne et que la seule possibilité de gouverner pour CiU – Convergence et Union : coalition aujourd’hui en pièces – était de s’engager dans le sillage tracé par l’électeur qui de catalaniste était devenu indépendantiste et avait évolué vers des positions plus à gauche. En ce sens, l’idée-force « d’abord l’indépendance, et nous verrons après » allait capter le suffrage qui s’était déplacé de l’autonomisme à l’indépendantisme, tout en évitant que la richesse de propositions de la gauche sociale catalane puisse s’installer au sein du mouvement indépendantiste.
La conséquence la plus claire de cette rupture entre bourgeoisies est la suivante : si l’Etat souhaite conserver sa primauté, il doit battre sévèrement le mouvement catalan et il doit être particulièrement dur avec la droite catalaniste, de telle sorte qu’il puisse gagner le soutien des secteurs économiques qui utilisaient auparavant CiU comme vecteur politique de leurs ambitions économiques. Vaincre et humilier les représentants de la petite et moyenne bourgeoisie – qui aujourd’hui encore soutiennent le processus – est indispensable pour réactualiser le pacte d’Etat, par lequel ces derniers acceptent une gestion centraliste des infrastructures indispensables à la mondialisation. Les multinationales, le pouvoir financier ayant son siège en Catalogne ainsi qu’une bonne partie des organisations patronales se sont positionnées contre la République catalane. En d’autres termes, le nationalisme monarchique espagnol a pu compter sur le soutien de la quasi-totalité de la grande bourgeoisie.
Le républicanisme espagnol, l’incapacité de Podemos et d’IU de faire face à la réaction
Tout au long de la crise économique et du processus d’ajustement structurel néolibéral, la gauche de matrice étatique [active au niveau de l’ensemble de l’Etat espagnol], a été incapable de reconnaître ou de comprendre que la lutte contre le néolibéralisme en Catalogne était associée, pour de larges masses de la population, à la lutte en faveur de la libération nationale, autant en raison de l’existence d’un conflit national que de la férocité néolibérale du PP. Ce dernier n’a pas hésité un seul instant à limiter les avancées obtenues par des luttes sociales en Catalogne comme dans le cas de la Loi d’urgence du logement [2]. Cela ne veut pas dire que le mouvement indépendantiste est strictement indépendantiste, mais que pour un grand nombre de gens que l’indépendance est associée à l’idée d’une société moins injuste et inégalitaire.
Podemos et IU (Izquierda Unida), peu importe les motifs, ont été incapables de placer au cœur de la crise politique de l’Etat l’idée de la République comme mécanisme pour rompre avec le régime de 1978. Leur idée de patriotisme social a échoué, jusqu’à maintenant, parce qu’elle n’est pas parvenue à reposer sur une base matérielle permettant de lutter dans les rues et sur les lieux de travail contre la droite espagnoliste ou, pour reprendre les termes de leur analyse populiste [« de gauche »], parce qu’elle n’a pas rencontré le signifiant à même de construire la chaîne d’équivalence qui fait naître un peuple. Seules les directions de Podemos et d’Izquierda Unida connaissaient les raisons qui font qu’ils n’ont pas opté, jusqu’à maintenant, pour placer la revendication d’une République, fédérale ou confédérale, au cœur de tout cela – évoquant plutôt un incompréhensible Etat plurinational. Il est toutefois connu publiquement que cette indéfinition ne leur a apporté ni des meilleures perspectives électorales, ni une plus grande force dans la rue ni même une capacité discursive pour affronter, jusqu’à maintenant, l’unitarisme monarchique espagnol.
L’incompréhension du rôle que joue la lutte pour la libération des nations opprimées a conduit à confondre l’unité de la population laborieuse avec l’unité sous le drapeau des Etats, une position qui provient de la même erreur que celle qui a conduit les partis [socialistes] de la IIe Internationale à soutenir la Première guerre mondiale. L’ennemi principal des classes populaires de l’Etat espagnol et la classe laborieuse en particulier c’est le système politique, économique et social qui permet leur domination et exploitation. La tâche de toute force qui souhaite contribuer à la libération sociale de ces dernières doit par conséquent tirer profit de toute opportunité permettant d’affaiblir cet Etat. Cela signifie, ici et maintenant, de soutenir, sans douter, la libre détermination de la Catalogne, non pas sur la base de la revendication qui va à contresens d’un référendum d’autodétermination négocié mais plutôt sur la base du soutien inconditionnel, mais critique, au mouvement catalan. En mettant en avant deux objectifs : 1° renforcer la position des gauches en Catalogne, de telle sorte que le processus place au centre les besoins des classes populaires et 2° miner les bases du nationalisme monarchique espagnol qui est l’un des outils fondamentaux qui permet à la droite de diriger de grands secteurs populaires.
Le positionnement des gauches les a conduites à observer de loin le conflit catalan et, en Catalogne, à être incapables (à l’exception du secteur proche d’Albano Dante – le leader de Podem qui vient de démissionner suite aux pressions brutales de la direction Iglesias – et d’Anticapitalistas) de se positionner aux côtés du mouvement populaire favorable à la rupture. Si cela avait été le cas, 78% du parlement catalan aurait été en faveur du référendum et les gauches auraient été en mesure d’agir ensemble dans les rues et sur les lieux de travail. Personne ne peut dire quel aurait été le résultat, mais il est clair que la République proclamée par le Parlament le 27 octobre aurait été bien plus forte.
La révolution démocratique
Arrivé à ce point, il convient de s’interroger sur la manière d’avancer dans cette direction. En Catalogne, cela revient à s’opposer à l’article 155, ce qui se traduit, dans la pratique, par impulser la République et développer le pouvoir constituant.
Nous avons vu comment les organisations patronales, dans leur majorité, ont opté pour un positionnement au côté du nationalisme monarchique espagnol, les banques ont fait de même ainsi que les multinationales dont le siège central est en Catalogne. Ce positionnement détermine que seules les classes populaires et la classe laborieuse peuvent se compter parmi les alliés, disposant d’un pouvoir, de la République. En outre, existe un problème supplémentaire que la défense de la susdite République laisse indifférente à une bonne partie de la population laborieuse, car le programme social du processus a été minimal.
Sur le champ de bataille actuel, il y a le pouvoir politique au niveau de l’Etat, au sein duquel le bloc du PP, du PSOE et de Ciudadanos constitue l’expression politique du nationalisme monarchique espagnol. A cela s’ajoute le pouvoir judiciaire, la police, l’armée, la grande bourgeoisie et leurs médias de communication.
De ce côté on trouve également l’extrême droite. Cette dernière est minoritaire, mais elle nage comme un poisson dans les eaux de la défense de la sacro-sainte unité de l’Espagne. Dans le camp républicain catalan, on trouve les entités souverainistes, les partis politiques qui ont voté pour la République au parlement et les Comités de défense de la République ainsi qu’une partie de la gauche syndicale. Dans le reste de l’Etat, le soutien à la république catalane est apporté par les forces de la gauche abertzale [la gauche « patriotique » basque], les forces souverainistes de Galice ainsi que la gauche syndicale en général, en particulier celle qui est regroupée dans les Marches de la dignité et, de manière plus large, en Euskal Herria [Pays basque] et en Galice où existent des syndicats souverainistes forts. Le principal référent politique pour la gauche sociale, Unidos Podemos, se définit en opposition à l’article 155, mais considère la République catalane illégale, de sorte – à l’exception honorable d’Albano Dante, de Marina Albiol (IU) et du courant Anticapitalistas – que son action politique se réduit, pour l’heure, à la simple rhétorique ; la coalition n’est pas même capable, y compris, d’appeler aux rassemblements de soutien au droit à décider.
L’une des priorités est de renverser cette situation, de façon à ce que la gauche qui – il y a à peine deux ans – appelait à rompre avec le régime de 1978 et à détrôner la casta, revienne sur ce chemin ou alors construire un référent qui, lui, puisse résister à la grande pression du nationalisme monarchique espagnol.
Sans une mobilisation dans le reste de l’Etat espagnol, la lutte pour la République catalane sera beaucoup plus difficile. Si, dans la question de la Catalogne, le nationalisme monarchique espagnol parvient à s’imposer, la défaite du PP, de Ciudadanos et du PSOE s’éloigne.
L’élan de la République catalane passe également par la nécessité de faire face à la question du pouvoir de l’Etat espagnol en Catalogne, lequel s’incarne dans l’armée, la police ainsi que dans le monopole de la collecte des impôts principaux.
Le gouvernement catalan des dernières années a fait face à cette question par le biais de l’idée de la création de structures d’Etat parallèle ainsi que par le passage de la loi à la loi [« transition juridique »]. La réalité est que cette démarche n’a pas permis de doter la République d’une force suffisante. Les partis qui se présentent aux élections du 21 décembre dans le camp indépendantiste et souverainiste devront répondre à question de savoir comment s’engager sur cette voie.
Comme il est clair qu’il s’agit de trouver une autre voie, certains parleront d’un référendum négocié des plus improbables. Une fois écartée la voie du type Herrero de Miñón [3], pour aboutir à la convocation d’un référendum d’autodétermination en Catalogne, par le biais des droits des nationalités historiques, il ne reste plus que la réforme constitutionnelle qui ne peut être réalisée qu’avec ¾ des voix au Congrès des députés, suivies par la convocation d’élections, puis par une ratification. Cet enchaînement d’événements est possible, mais hautement improbable, pour ne pas dire plus. Tant qu’Unidos Podemos ne se décide pas clairement de s’opposer au nationalisme monarchique espagnol en défense de la République et de l’autodétermination, un positionnement qui serait plus compréhensible qu’un plurinationalisme abstrait, ce qui permettrait d’offrir une alternative réelle aux millions de personnes qui souffrent du pillage mené par les élites.
En Catalogne, il est nécessaire de bâtir un programme social associé à la mise en place de la République, de sorte que la classe laborieuse et les classes populaires, avec leur méthode de lutte et la position qu’elles occupent dans le système, puissent se transformer en un contre-pouvoir à même d’impulser la République. L’idée « d’abord la République, ensuite on verra » nous empêchera d’atteindre la force sociale nécessaire pour vaincre les pouvoirs de l’Etat. Il nous faut, en outre, construire un horizon de lutte partagé avec le reste des peuples de l’Etat.
Si les différentes gauches sont capables de récupérer l’idée de la « Fédération de républiques ibériques », adaptée à l’actualité, soit des républiques unies sur un pied d’égalité, sur la base de l’indépendance de chacune d’elles, nous pourrons rompre avec l’un des meilleurs outils à disposition des élites pour nous dominer, à savoir le nationalisme monarchique espagnol.
Dans le fond, il n’est pas superflu de se rappeler que la classe laborieuse ne s’est pas unie par les drapeaux des Etats, mais par la lutte contre un ennemi commun : le capitalisme.
D’un autre côté, il faut se demander comment accumuler un pouvoir suffisant pour rompre avec le nationalisme monarchique espagnol et son système de domination politique. C’est-à-dire, sur comment développer les mécanismes pour appliquer le programme évoqué plus haut. En Catalogne, cela passe par une exploration et un approfondissement de la collaboration entre les CDR (les comités de défense de la République), la classe laborieuse organisée et les entités souverainistes présentes lors de la grève du 3 octobre et qui, probablement, s’élargira lors de la grève générale du 8 novembre [cela n’a pas été le cas].
Les CDR ont un rôle central. Ils sont aujourd’hui les organes de pression de la base, avec une capacité de mobilisation [ce 8 novembre, ils ont bloqué des dizaines de routes, autoroutes et voies de chemin de fer dans toute la Catalogne]. En outre, leur coordination – au niveau général et des régions – progresse entre la centaine de comités qui existent. Leur composition est diverse et plurielle, la dynamique repose sur des assemblées et ils sont enracinés dans les localités et les quartiers, ce qui leur permet d’être des espaces de lutte ainsi que de proposition. Par conséquent, ils seront toujours plus fondamentaux pour donner de l’élan à la république et pour établir un processus constituant.
Óscar Simón Bueno