Jeudi 28 décembre, les manifestations contre la vie chère ont commencé à Meched, la deuxième ville d’Iran. Depuis, elles ont gagné 55 villes, dont toutes les grandes villes du pays.
Cette irruption n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte de la combinaison de plusieurs facteurs dont :
la flambée des prix des produits de première nécessité, le prix des œufs a par exemple doublé en une semaine,
la révélation de détournements astronomiques de fonds publics au plus haut sommet du pouvoir,
l’absence d’amélioration de la vie quotidienne malgré la levée des sanctions internationales suite à l’accord sur le nucléaire.
Le gouvernement en place, qui avait provoqué de faux espoirs, a lamentablement échoué. Et le mécontentement s’exprime massivement dans les rues, dans les grèves ouvrières, dans les luttes du personnel enseignant, et parmi les étudiants et étudiantes.
Les jeunes chômeurs et chômeuses (30% de taux de chômage parmi les jeunes) ont commencé à manifester le 28 décembre avec des slogans contre la vie chère et le manque d’emplois. Mais, dès la fin de cette première journée, ont fusé les premiers slogans contre le « Guide Suprême » et le président Rouhani, ainsi qu’en faveur du renversement de l’ordre établi. De tels mots d’ordre n’avaient pas été entendu en 2009 lors grandes manifestations contre Ahmadinéjad, le précédent président.
La différence principale entre les manifestations actuelles et celles de 2009 est que les manifestants et manifestantes ne déclarent pas leur soutien à une fraction du pouvoir contre celle qui est en place (le clan Moussavi contre le clan Ahmadinéjad). Elle vise le régime dans sa totalité.
Aucun slogan religieux n’a été entendu, aucune référence à l’islam ou aux leaders islamistes
« réformateurs ». Cela montre que cette fois, les protestations débordent le cadre de la République
Islamique.
En 2009 c’était la jeunesse de la petite bourgeoisie urbaine relativement aisée qui était le moteur et l’organisatrice des rassemblements. Cette fois-ci, ce sont les travailleurs et travailleuses, et plus largement les couches populaires, qui sont sur le devant de la scène, vite rejoints par le monde étudiant.
En 2009, aucune revendication sociale n’avait été mise en avant. Cette fois-ci c’est un mouvement revendicatif qui s’est métamorphosé rapidement en un mouvement contre le régime.
L’heure est plus que jamais à la solidarité avec les luttes qui se déroulent en Iran depuis des années :
contre la vie chère, le chômage et la corruption,
pour la liberté d’opinion et d’organisation,
pour les droits des femmes dont la fin de l’obligation de porter le voile,
pour l’abolition de la peine de la mort (aujourd’hui appliquée pour homosexualité ou à des opposants au régime),
pour la libération des prisonniers d’opinion,
pour la liberté de créer des organisations syndicales et la libération des syndicalistes emprisonnés dont Reza Shahabi du syndicat indépendant des autobus de la région de Téhéran.