Kim Jong-un avait moins de 30 ans lorsqu’il fut propulsé à la tête de la Corée du Nord à la suite de la mort soudaine de son père, en décembre 2011. Bien qu’héritier en titre depuis 2009, il était loin d’avoir en main les leviers du pouvoir dans ce régime monolithique. Bien sûr, les analystes étrangers voyaient en lui un symbole de la continuité de la lignée des Kim – son grand-père, Kim Il-sung, fondateur du pays en 1948, puis son père, Kim Jong-il, qui lui succéda en 1994 –, mais tous pensaient qu’il serait vite manipulé par la vieille garde. Certains reprenaient volontiers les antiennes sur l’effondrement annoncé du régime, jugé « inévitable » voire « imminent » depuis vingt ans.
Six ans plus tard, non seulement celui-ci est toujours en place, mais le jeune dirigeant y a consolidé sa position. Après avoir éliminé avec force toute dissidence potentielle, il s’est même mué en chef de guerre, n’hésitant pas à défier les Etats-Unis. Dernière preuve en date : en dépit de la participation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) aux Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud, il organise une parade militaire le 8 février – veille de l’ouverture des JO –, jour anniversaire de la création de l’armée populaire. Une parade perçue à Washington comme une manifestation supplémentaire de ses intentions belliqueuses.
Qui est vraiment Kim Jong-un ? Donald Trump, qui se dit prêt à mener contre son pays une attaque préventive, voire à le « réduire en cendres », voit en lui un « rocket man » lunatique. Son homologue russe, Vladimir Poutine, le perçoit plutôt comme « un acteur sagace » de la scène internationale, un leader capable de poursuivre une stratégie lancée il y a plus de vingt ans par ses aïeux pour se doter d’une force de dissuasion crédible. Aux yeux du président russe, il ne fait aucun doute que le leadeur nord-coréen a « objectivement gagné » ce pari en 2017.
De fait, même s’il paraît aventureux et brutal, Kim Jong-un est aussi un habile stratège. « S’il est un terme auquel il faut renoncer dans son cas, c’est le qualificatif “irrationnel” : il est parfaitement rationnel dans la logique qui est celle du régime depuis des décennies », assure Andreï Lankov, historien à l’université Kookmin à Séoul et auteur de nombreux livres de référence sur la RPDC. Dans une interview à la BBC, John Delury, professeur à l’université Yonsei, de Séoul, jugeait tout aussi « rationnelle » l’ambition de se doter de l’arme nucléaire « pour un pays confronté à une superpuissance hostile [les Etats-Unis] qui n’hésite pas à envahir des Etats pour renverser leur gouvernement ». De ce point de vue, Kim Jong-un s’est montré plus agressif que son père en accélérant les programmes nucléaires et balistiques : en six ans, il a ordonné quatre essais nucléaires, accompagnés, pour la seule année 2017, de trois tirs de missiles longue portée.
L’héritier mystère
Malgré tout, on en sait toujours aussi peu sur lui. Aucun dirigeant occidental ne l’a rencontré. Quant aux services de renseignement, ils peinent à cerner sa personnalité et à décrypter, par la même occasion, les rouages du régime. « La RPDC est le plus grand échec des services américains », constatait déjà il y a plusieurs années Donald Gregg, ancien membre de la CIA et ex-ambassadeur des Etats-Unis en Corée du Sud (1989-1993). Cette méconnaissance nourrit aujourd’hui les spéculations les plus fantaisistes à propos de Kim Jong-un. Son âge lui-même est incertain : sans doute 34 ans, dit-on.
KIM JONG-UN CULTIVE SA RESSEMBLANCE PHYSIQUE AVEC SON GRAND-PÈRE ET ENTEND RENOUER AVEC LA JOVIALITÉ DE SON AÏEUL
Selon sa tante maternelle Ko Yong-suk, réfugiée aux Etats-Unis depuis 1998, il fut un enfant turbulent et colérique. Pour le reste, son enfance demeure assez mystérieuse. Un élément important émerge néanmoins de son CV : a priori, il n’était pas destiné à devenir l’héritier. Dans la tradition coréenne, ce rôle revient en effet à l’aîné. Mais, à en croire le cuisinier japonais de son père – une des rares « sources » sur le profil psychologique du personnage –, il aurait été plus combatif que son grand frère. Son père l’aurait donc choisi comme successeur alors qu’il n’avait que 8 ans… L’influence de sa mère, Ko Yong-hui, prima donna de la troupe musicale Mansudae, aurait été déterminante dans cette désignation. Ko Yong-hui est morte en 2004 dans un hôpital parisien où elle était en traitement, mais le processus de succession était sur les rails.
Dans la dynastie des Kim, un héritier n’est pas censé le devenir uniquement par le sang, mais en raison de ses capacités. Alors que son père était supposé être né dans les « effluves de la poudre » sur les flancs du mont Paektu – volcan éteint du nord de la péninsule, haut lieu de la mystique nationaliste et de la guérilla contre les Japonais (années 1930 et 1940) –, la vie de Kim Jong-un avant son arrivée au pouvoir apparaît plus prosaïque. A l’adolescence, il passe quatre ans (1996-2000) dans un lycée de la ville suisse de Berne, sous un nom d’emprunt. Une expérience du monde extérieur dont il aurait, semble-t-il, gardé un goût pour le basket-ball, les jeux vidéo et la musique pop.
De retour à Pyongyang, il intègre l’académie militaire, dont il sera diplômé en 2007. Il assume par la suite des fonctions dans l’appareil du Parti du travail et dans les structures de la sécurité de l’Etat. En septembre 2010, il apparaît pour la première fois sur une photo officielle à l’issue de l’assemblée des membres du parti. Excepté le cercle dirigeant, personne ne sait, à l’époque, qu’il est le successeur désigné.
Le « syndrome Kim Jong-un »
Quand son père meurt d’une crise cardiaque, fin 2011, Kim Jong-un est propulsé à la tête du pays alors que le processus de succession n’est pas encore achevé. En dehors de l’adoubement paternel, confirmé par un cercle restreint de dirigeants, il n’a guère d’atouts à faire valoir. Il n’a pas non plus de carrière militaire à son actif, un handicap majeur au sein d’un régime qui tire sa légitimité de la guérilla contre les Japonais. Autre point faible : il vivait en Suisse pendant les années noires de la famine, dans la seconde partie des années 1990 (près de 1 million de morts sur 24 millions d’habitants). Enfin, il est inconnu de la population comme de l’appareil du parti.
En dépit de son inexpérience, la machine de propagande l’aide à construire son image sur sa ressemblance frappante, et soigneusement cultivée, avec son grand-père Kim Il-sung (1912-1994). Il apparaît comme une sorte de réincarnation de ce « père de la nation » qui, lui aussi, avait accédé très jeune aux plus hautes responsabilités : même corpulence, même gestuelle, même large sourire, même voix grave… A la différence de son père, réputé froid et distant, Kim Jong-un entend renouer avec la jovialité de son aïeul. Le peuple le découvre serrant les mains et tapant dans le dos de ses interlocuteurs, s’asseyant par terre lors de ses visites sur le terrain histoire de bavarder avec des ouvriers ou des agriculteurs.
Tout le monde ignore pourtant ses traits profonds de caractère. Ce qui n’empêche pas – et facilite même, semble-t-il – l’émergence progressive d’un « syndrome Kim Jong-un » qui en fait, à l’étranger, la figure la plus énigmatique de la planète. Ne figurait-t-il pas, fin 2017, parmi les cinq personnalités de l’année du magazine Time ? A bien y regarder, ce « syndrome Kim Jong-un » est en réalité une expression forgée par les services de propagande de Pyongyang dans un petit livre en anglais, intitulé Supreme Leader Kim Jong-un in the Year 2012, pour décrire la supposée « stupeur » du monde devant l’apparition d’un tel « génie »…
« Entretenir la terreur »
Les mêmes services ne manquent pas non plus une occasion d’invoquer le passé. Ainsi, l’héritage de la lutte des partisans ayant combattu les Japonais est sans cesse ravivé par des rites commémoratifs identifiant la nation à la « lignée du mont Paektu » et appelant la population à afficher aujourd’hui la même détermination qu’à l’époque de la colonisation nippone. Plus que le marxisme-léninisme, le fondement du régime est bien ce nationalisme farouche, transmis de génération en génération.
Héritier de ce passé, Kim Jong-un sait en jouer pour orchestrer sa stratégie. « Plutôt que de se focaliser sur sa personnalité à partir d’éléments pour le moins aléatoires et sur ses déclarations incendiaires, il vaut mieux regarder ce qu’il a fait au cours de ces six années », estime Cheong Seong-chang, chercheur à l’Institut Sejong de Séoul, qui travaille actuellement à une biographie du jeune dirigeant. « Après six ans, il s’avère que son père a fait le bon choix, analyse pour sa part Andreï Lankov. Kim Jong-un s’est avéré habile, brutal si nécessaire, et même parfois plus que nécessaire, calculateur, plus pragmatique qu’idéologue en ce qui concerne l’économie, et plutôt bon stratège avec les cartes qu’il a en main. »
En dehors de son ascendance qui, par une sorte de « migration de l’âme » du fondateur à ses héritiers, est censée légitimer la poursuite de la dynastie, la détermination dont Kim Jong-un a su faire preuve sous une apparente jovialité a tenu un rôle déterminant dans la consolidation de son pouvoir : il a écarté sans états d’âme les personnes susceptibles de lui résister ou de lui faire de l’ombre.
Dans son entourage familial d’abord, avec l’exécution de son oncle par alliance puis l’assassinat de son demi-frère. Du côté de l’armée, ensuite, où il a limogé, banni ou fait exécuter des officiers suspectés d’être déloyaux, à commencer par le chef d’état-major, le général Ri Yong-ho (limogé en 2012), puis le général Hyon Yong-chol (limogé en 2014). Que sont-ils devenus ? Personne ne peut l’affirmer avec certitude. Les chefs d’état-major et les ministres de la défense se sont ensuite succédé à un rythme jamais vu en RPDC, afin d’assurer au dirigeant une loyauté sans faille de la part d’une armée soudain privée d’une partie des privilèges économiques obtenus du temps de son père et de redonner la primauté au parti.
« Ces purges ne sont pas un signe de faiblesse, mais au contraire de solidité. Kim Jong-un dispose désormais d’un pouvoir sans partage », assure Cheong Seong-chang. « Il doit entretenir la terreur pour se maintenir en éliminant les adversaires potentiels », abonde AndreÏ Lankov.
« Il délègue davantage »
Dans un rapport des Nations unies de 2014 sur les violations des droits de l’homme, la RPDC est accusée de crimes contre l’humanité. Selon Cheong Seong-chang, « Kim Jong-un a en fait procédé à moins de purges que son père au cours des six années écoulées (sans doute deux cents personnes) », mais il s’y est employé de façon plus spectaculaire. Après avoir épuré la hiérarchie militaire, il a rajeuni la structure sclérosée du parti. Ainsi, en octobre 2017, il a renouvelé un quart des cadres des instances dirigeantes (bureau politique, commission militaire centrale). « Plus confiant dans l’appareil, il délègue davantage : toutes les décisions importantes sont discutées dans les plus hautes instances du parti alors que père avait le goût du secret et décidait avec ses plus proches collaborateurs », poursuit le chercheur.
La peur n’est pas le seul levier auquel il a recours. Les intérêts bien compris de l’élite entrent aussi en jeu. Le système économique mis en place au fil des réformes entreprises depuis 2012, imbriquant dans un mélange inédit centralisme et initiatives privées, a permis un élargissement de l’élite traditionnelle (héritiers des partisans, apparatchiks, hauts gradés) à une couche d’entrepreneurs, de marchands et d’intermédiaires, ainsi que l’apparition d’un embryon de classe moyenne. Le fait d’avoir vécu un temps à l’étranger a sans doute joué dans la volonté de Kim Jong-un de faire sortir le pays de l’ornière économique. « Contrairement à son père, qui craignait qu’une libéralisation ne fragilise le régime, il n’a pas peur du marché », poursuit Cheong Seong-chang.
Parvenu au pouvoir, il a promis aux Coréens qu’ils n’auraient plus à « se serrer la ceinture », selon ses propres termes, soulevant une vague d’espoir. En six ans, l’atmosphère du pays, non seulement dans la capitale, vitrine du régime, mais aussi en province, a changé en profondeur. « L’arme nucléaire coûte moins cher que l’armement conventionnel, et Kim Jong-un a reconverti des usines travaillant pour l’armée en unités de production de biens de consommation qui se substituent peu à peu aux importations de la Chine », précise M. Cheong.
Dans le même temps, il a mobilisé la fierté nationale par ses avancées nucléaires et balistiques, présentées à la population comme une garantie contre les attaques : un discours porteur dans ce pays à la mentalité d’assiégé, où le rappel des horreurs de la guerre est incessant. Après l’effondrement de l’URSS et l’évolution de la Chine, la RPDC ne peut compter que sur ses propres forces pour se défendre, martèle la propagande.
« Les sanctions ont un effet limité »
D’après une enquête de l’Institut pour les études sur la paix et l’unification de l’université nationale de Séoul, 63 % des réfugiés nord-coréens en Corée du Sud estiment que la moitié de la population au Nord est favorable à Kim Jong-un, en particulier dans les jeunes générations, en raison d’une image plus moderne et des ouvertures offertes par les réformes. Si une autre partie de la population peut légitimement penser que l’arme nucléaire n’améliore pas un ordinaire très pénible (40 % des Coréens du Nord souffrent de malnutrition par manque de protéines, selon les Nations unies), le pays se dégage de la grisaille de la fin du règne du précédent : « Force est de constater que Kim Jong-un a redonné espoir à la population, que ses réformes économiques ont été un succès et qu’il tient le cap de sa politique d’avancée simultanée dans le domaine économique et défensif », admet un ancien diplomate sud-coréen.
Sans oublier que le pays demeure solidement tenu. « A court terme, on peut exclure une instabilité », estime Cheong Seong-chang. « Si un mécontentement se manifeste, prévient Andrei Lankov, il viendra de ceux qui nagent dans le courant de la nouvelle économie, de plus en plus affectée par les sanctions, mais il est vraisemblable qu’ils subiront en silence. »
Dans son bras de fer avec Donald Trump, ponctué d’échanges sur les grosseurs respectives de leurs boutons nucléaires, Kim Jong-un paraît plus déterminé que son père avant lui. « Il rend coup pour coup : une provocation de sa part entraîne des sanctions auxquelles il répond par une autre provocation », commente Paik Hak-soon, directeur du Centre de recherches sur la Corée du Nord à l’Institut Sejong à Séoul.
Pour ce dernier, le dirigeant de Pyongyang ne dévie pas de sa route, en dépit de l’irritation de Pékin : « Avançant sur la brèche comme l’a toujours fait le régime par le passé, il poursuit avec constance une stratégie risquée mais réfléchie. Il n’est pas opposé au dialogue, mais refuse de l’entamer aux conditions préalables – le renoncement à l’arme nucléaire – imposées par Washington. Même si elles commencent à avoir un impact, les sanctions ont un effet limité, et, sans une négociation parallèle, elles ne feront pas fléchir le régime. Ce ne fut pas le cas avec ses prédécesseurs, et ce ne sera pas le cas avec Kim Jong-un. » Ce qui ne facilitera pas le rôle de médiateur que le président sud-coréen, Moon Jae-in, aspire à jouer après la trêve olympique en vue d’une reprise du dialogue entre Pyongyang et Washington.
Dans la famille Kim, le tri sélectif
Intrigues de palais, exils, éliminations tragiques… La lignée des Kim est moins « linéaire » qu’il n’y paraît et loin de se réduire à la branche « régnante », à savoir Kim Il-sung, le père fondateur, son fils Kim Jong-il (XX-2011) et son petit-fils Kim Jong-un (le leader actuel). L’un et l’autre ont dû évincer leurs rivaux potentiels, issus d’autres branches de la famille. Ainsi, Kim Jong-il envoya-t-il en province son oncle paternel, qui aurait pu prétendre au pouvoir. Il exila aussi son demi-frère dans de lointaines ambassades en Europe du Nord.
Pour sa part, Kim Jong-un a évincé de façon plus radicale des « parents » susceptibles de le gêner. A commencer par son oncle par alliance, Jang Song-taek, un homme ambitieux, présent dans les hautes sphères de l’Etat depuis quarante ans. Devenu la figure principale du conseil de régence – structure mise en place juste après l’arrivée de Kim Jong-il à la tête du pays –, il représentait un danger par le pouvoir parallèle qu’il s’était constitué grâce à ses accointances avec la Chine. Ses proches avaient tendance à suivre ses instructions et non celles du dirigeant, une défiance impardonnable aux yeux de ce dernier. L’oncle fautif fut donc arrêté et fusillé en 2013 après un procès expéditif. Son ex-épouse, âgée de 71 ans et gravement malade, n’est plus apparue en public depuis lors. La branche collatérale qu’elle représente a ainsi été anéantie, sa fille s’étant suicidée à Paris au début des années 2000.
Le demi-frère de Kim Jong-un, Kim Jong-nam, assassiné en 2017 à l’aéroport de Kuala Lumpur (Malaisie), représentait un risque d’une autre nature. Kim Jong-il l’avait eu lors d’une liaison avec une célèbre actrice de cinéma, ensuite répudiée et supplantée par la mère de Kim Jong-un, Ko Yong-hui. Sans ambition politique, il vivait en exil volontaire à Macao sous la protection de la Chine.
Des femmes sur la voie loyale
Selon le journaliste japonais Yoji Gomi, qui entretenait avec lui des échanges suivis, il avait été mis à l’écart sur l’insistance de la mère de Kim Jong-un, soucieuse d’éloigner ce potentiel candidat au pouvoir. Par la suite, il aurait été perçu par son ascendance comme un éventuel recours afin de donner un vernis de légitimité à une nouvelle succession en cas de déstabilisation de Kim Jong-il. Les réfugiés nord-coréens au Sud l’avaient d’ailleurs sollicité pour prendre la tête d’une sorte de gouvernement en exil. Il avait refusé cette proposition, tout comme il avait décliné celle de Pyongyang de rentrer au pays. S’il avait fait défection, comme pouvaient le craindre les dirigeants nord-coréens, il aurait porté un coup sérieux au prestige du régime. Pyongyang nie toute responsabilité dans son assassinat.
Des membres de la lignée des Kim jugés loyaux, dont deux femmes, jouent un rôle important dans la garde rapprochée du leader actuel. Si l’on ignore la place qu’occupe son frère aîné Jong-chul, sa sœur cadette, Yo-jong, gravit les échelons dans l’appareil du pouvoir. Promue en octobre 2017 membre du bureau politique, elle serait mariée au fils du personnage le plus important du régime après Kim Jong-un : Choe Ryong-hae, vice-président du comité central du Parti du travail, membre permanent du bureau politique et chef du département de l’organisation et de direction depuis octobre 2017.
Une autre femme aurait également un rôle décisif : Kim Sul-song, la fille que Kim Jong-il a eue d’un éphémère mariage. Agée d’une quarantaine d’années, lieutenante-colonelle dans l’armée populaire, elle a fait partie de la garde privée de son père. Elle aurait aujourd’hui « un rôle influent dans le cercle dirigeant sans présenter, pour l’instant, un danger pour Kim Jong-un », estime Cheong Seong-chang, chercheur à l’Institut Sejong de Séoul.
Philippe Pons (Tokyo, correspondant)
Mise à jour du mercredi 7 février à 15 h 10 : une version initiale de cet article mentionnait l’intérêt de M. Kim pour le base-ball. Il s’agit en fait du basket-ball.
* LE MONDE | 07.02.2018 à 06h43 • Mis à jour le 07.02.2018 à 15h10 :
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2018/02/07/les-kim-dictateurs-de-pere-et-fils_5252797_3216.html
Kim Jong-un promeut sa sœur cadette au sein de l’appareil du parti au pouvoir
Kim Yo-jong a été nommée, le 7 octobre, au bureau politique du Parti du travail de Corée.
Alors que les tensions restent vives avec les Etats-Unis après les tirs de missiles balistiques et un sixième essai nucléaire en septembre suivis de nouvelles sanctions onusiennes, la Corée du Nord a célébré, mardi 10 octobre, le 72e anniversaire d’un Parti du travail à la direction quelque peu remaniée.
Kim Yo-jong, sœur cadette du dirigeant Kim Jong-un, a ainsi été promue au bureau politique du parti unique. La décision a été prise le 7 octobre lors de la deuxième session plénière du 7e congrès, une rencontre annuelle des plus proches conseillers du dirigeant. Si Kim Yo-jong n’est pas membre à part entière du bureau et ne dispose pas d’un droit de vote, elle peut néanmoins participer aux réunions les plus importantes. Mme Kim occupait la direction adjointe du département d’agitation et de propagande au sein du parti. Elle siège également au comité central.
Place de choix
Née en septembre 1987, Kim Yo-jong est le troisième enfant du défunt leader Kim Jong-il (1941-2011) et de Kim Yong-hui (1952-2004). D’abord élevée à Pyongyang par sa mère avec ses deux aînés Jong-chol – né en 1981 mais sans fonction officielle connue – et Jong-un actuellement au pouvoir, elle aurait rejoint en 1996 ses frères à Berne (Suisse), où ils étaient scolarisés. Elle aurait par la suite étudié dans une université européenne avant de retourner en République populaire démocratique de Corée (RPDC), où elle aurait suivi des cours à l’université Kim-Il-Sung.
Promue en 2007 au sein du Parti du travail, elle sert son père et sa tante Kim Kyong-hui. Quand Kim Jong-il subit une attaque cérébrale en 2008, elle est au côté de Kim Jong-un à son chevet. Intégrée à la commission de la défense nationale et au secrétariat de son père, elle se montre très active dans la préparation de la succession au profit de son aîné.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un en 2011, Kim Yo-jong occupe une place cruciale à ses côtés, s’occupant de ses déplacements, l’accompagnant dans ses « visites sur le terrain pour donner des instructions ».
Selon la presse sud-coréenne citant les renseignements chinois, elle serait mariée au plus jeune fils d’un personnage important de la dictature nord-coréenne, Choe Ryong-hae. Son époux travaillerait au service des finances et de la comptabilité du parti et aurait des liens avec la Division 39, créée dans les années 1970 pour gérer les avoirs de la famille Kim. Après avoir semble-t-il connu une période de disgrâce en 2015, Choe Ryong-hae, 67 ans, est de nouveau une figure majeure du régime. Il aurait, lui aussi, bénéficié d’une promotion lors de la session du 7 octobre. Déjà vice-président du parti et membre du comité permanent du bureau politique, il est désormais, selon l’agence officielle KCNA, membre de la puissante commission militaire centrale.
« Concentrer le pouvoir »
Ces nominations ont été connues publiquement dimanche 8 octobre lors des célébrations du 20e anniversaire de l’élection de Kim Jong-il au poste de secrétaire général du parti. Le positionnement au « Juseokdan », la partie de la tribune officielle réservée aux proches de Kim Jong-un, a été modifié au profit de Choe Ryong-hae et du premier ministre Pak Pong-ju. Pour Kim Yong-hyun, de l’université sud-coréenne Dongguk, le premier représente le parti et le second l’économie. Leur promotion confirmerait la volonté de « concentrer le pouvoir au sein du parti et de donner plus d’importance à l’économie ».
Pendant la session plénière, Kim Jong-un a confirmé la poursuite de la politique caractérisée par le byungjin noson, une « ligne du parallélisme » qui accorde la même importance au développement économique et au renforcement de la défense, le nucléaire notamment. Dans le discours prononcé au cours de la session, il a critiqué « l’ultime tentative » des « impérialistes américains » pour « étouffer la souveraineté de la RPDC en tripatouillant des résolutions au Conseil de sécurité avec la mobilisation des forces vassales ». Et Kim Jong-un de souligner l’importance de l’arsenal nucléaire, « un puissant outil de dissuasion protégeant la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne et en Asie du Nord-Est ».
Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)
* LE MONDE | 10.10.2017 à 09h46 • Mis à jour le 10.10.2017 à 11h42 :
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/10/10/kim-jong-un-promeut-sa-s-ur-cadette-au-sein-de-l-appareil-du-parti-au-pouvoir_5198663_3216.html