La décision du Parti communiste de présenter Marie-Georges Buffet bie qu’elle ne fasse consensus ni au sein des collectifs, ni entre le organisations, et sans attendre les résultats de la nouvelle consultation de collectifs marque une rupture avec la perspective d’un candidat commu de la gauche antilibérale à l’élection présidentielle. Malgré l’aspiratio unitaire de milliers de militants communistes, notre rassemblement est ébranlé. De son côté, la majorité de la LCR, toute à son affirmatio identitaire, avait porté le premier coup à cette construction en se mettant l’écart du processus dès le mois de septembre, puis en présentant Olivie Besancenot.
L’évolution unitaire positive du PCF ces dernières années montre ses limites avec cette incapacité de comprendre que notre rassemblement pluraliste ne pouvait s’incarner dans la candidature de la principale dirigeante d’une de ses composantes. Malgré des déclarations contraires, force est de constater que le vieux schéma du « rassemblement autour du Parti » a la vie dure, alors même que les combats émancipateurs dans le monde se font aujourd’hui à partir de nouvelles références et de nouvelles pratiques. Cette expérience montre aussi l’incapacité de la majorité de la LCR à sortir d’une culture minoritaire et à se hisser au niveau des exigences de la construction d’une alternative.
Nous sommes tristes en pensant aux millions d’hommes et de femmes qui souffrent des politiques néolibérales et qui attendent une alternative politique. Nous sommes tristes en pensant aux nombreux participants de nos derniers meetings et à celles et ceux qui s’étaient mobilisés pour la victoire du non au traité constitutionnel européen.
Mais nous sommes aussi en colère contre ces mauvais choix qui ont conduit à sacrifier une chance historique de battre la droite tout en faisant réussir une alternative à gauche. Pour n’avoir pas su choisir jusqu’au bout la logique du rassemblement antilibéral, le PCF risque de le payer très cher au printemps prochain. Sa direction risque alors d’être écartelée entre deux options : le repli dans une marginalité identitaire et la satellisation autour du Parti socialiste via des circonscriptions concédées. Avec, dans les deux cas, une incapacité à peser sur l’avenir politique de notre pays. Quant à la démarche solitaire et cantonnée à la protestation, choisie par la majorité de la LCR, elle n’apporte aucune réponse crédible à nos concitoyens qui attendent au plus tôt un changement de leurs conditions d’existence. Nous ne pouvons nous résigner à cette double impuissance.
L’enjeu, c’est la recomposition du paysage politique à gauche et la capacité de la gauche de transformation à ne pas être durablement marginalisée. Laisser le paysage politique s’organiser dans un bipartisme sans espoir, partagé entre un parti libéral réactionnaire et un parti social-libéral, avec l’ombre menaçante du Front national comme réceptacle de toutes les exaspérations sociales, serait dangereux pour l’avenir démocratique et l’espérance sociale dans notre pays.
La tâche est ambitieuse. Nous héritons des conséquences d’un siècle tragique. Les guerres capitalistes et les oppressions coloniales l’ont ravagé. Et les diverses tentatives d’émancipation humaine ont échoué. L’espérance révolutionnaire s’est enlisée dans le cauchemar bureaucratique et policier du stalinisme. Les expériences de transformations progressives du capitalisme se sont achevées en capitulations sociales-libérales.
Dans le même temps, ces dernières décennies, de nouveaux mouvements sociaux ont cherché à ouvrir de nouvelles voies pour l’émancipation (féminisme, écologie, altermondialisme...) et pour l’affirmation des droits. Sur d’autres continents, notamment en Amérique latine, de nouvelles contestations du capitalisme libéral se développent. Et, depuis 1995 en France, le réveil des luttes sociales s’est combiné avec un rejet croissant des politiques néolibérales.
Nous avons la responsabilité de reconstruire l’espoir de la transformation sociale, environnementale et démocratique, de bâtir un projet alliant le meilleur de la tradition du mouvement ouvrier et des combats républicains, avec les apports des nouveaux mouvements sociaux.
Nous avons d’ores et déjà réalisé de grandes avancées. Partant d’histoires et de cultures politiques très diverses, nous avons travaillé ensemble, appris à nous connaître, et réussi à élaborer un socle politique commun ambitieux, tant sur les questions de stratégie que de programme.
Nous devons répondre à l’attente suscitée par la victoire du 29 mai, et ne pas laisser se disperser les forces qui s’étaient rassemblées dans la campagne du référendum. Nous ne tirons un trait sur personne, sur aucune tradition historique, sur aucune sensibilité politique. Mais nous sommes persuadés qu’il faut résolument faire du neuf à gauche.
Nous sommes déterminés à poursuivre dans la voie d’une nouvelle perspective de transformation et à faire vivre l’unité nécessaire pour la porter. Les bases existent avec les réflexions et actions menées en commun depuis deux ans. Nous avons au fil des mois tissé des liens de travail et de lutte. Nous ne sommes pas au bout du chemin, mais ce qui est déjà engrangé est prometteur. Ensemble, nous avons la possibilité de faire vivre une autre voie à gauche.