Le 12 juin, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et le président américain Donald Trump se sont rencontrés lors du sommet historique de Singapour, qui s’est conclu par la déclaration conjointe des deux dirigeants. En substance, ce sommet a confirmé l’esprit de la déclaration de Panmoonjeon qui avait été signée lors du sommet nord-sud coréen le 27 avril.
Cependant, la déclaration conjointe de l’accord mutuel crée des confusions parmi les partisans et les critiques du sommet. Par rapport aux attentes élevées, l’accord final est plutôt simple, ne contenant aucun détail décisif ou concret.
Interprétations contradictoires des résultats du sommet
Tout d’abord, les adversaires de Trump aux États-Unis ont attaqué Trump pour avoir échoué à obtenir la DICV (dénucléarisation complète, vérifiable, irréversible) de la délégation nord-coréenne.
En outre, la mention de Trump de son intention d’arrêter des exercices militaires conjoints (« jeux de guerre coûteux ») pendant la négociation, qui ont servi de prétexte au gouvernement nord-coréen pour refuser toute coopération avec la Corée du Sud et les Etats-Unis, est présentée comme une concession.
Cependant, ceux qui veulent la dénucléarisation et la paix en Corée, de même que Trump, ont salué le succès du sommet, soulignant l’importance de faire le premier pas vers la dénucléarisation complète et la fin de l’hostilité mutuelle entre les deux parties. Bien que la fin de la guerre n’ait pas été déclarée, un pas vers la paix a été pris de manière décisive.
Qui a gagné ?
Les critiques de Trump affirment que le gagnant du sommet est Kim Jong-un et la Corée du Nord, ainsi que la Chine et la Corée du Sud. La critique la plus fréquente est qu’il n’a pas réussi à obtenir le DICV. Ainsi, la plupart des leaders démocrates et certains dirigeants républicains considèrent ce sommet comme un échec, mettant en doute la capacité de Trump à poursuivre une négociation intelligente avec l’un des adversaires les plus durs.
En Corée du Sud, quelques experts autoproclamés, d’extrême droite, ont attaqué Trump comme « un pauvre commerçant », et pour avoir été manipulés par les tours de Kim Jong-un, bien qu’une majorité absolue de Coréens soit satisfaite du résultat du sommet.
Cependant, la question de savoir qui a été le gagnant du sommet est plutôt insignifiante et hors contexte. Malgré les zigzags dans la préparation du sommet, les deux parties sont parvenues à un accord qui a reconfirmé l’objectif de la dénucléarisation et de la paix, ouvrant ainsi la voie à une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne.
La faiblesse de Trump et la force de Kim
Donald Trump a été connu comme un maître en négociations, mais dans les discussions avec la Corée du Nord, il a fait plusieurs erreurs. Fondamentalement, les États-Unis se sont contentés de dénoncer la Corée du Nord pour son manque de respect pour les droits humains, pour le terrorisme, et ainsi de suite, niant tout droit à la Corée du Nord en tant que nation. Ainsi, les États-Unis ne disposaient pas d’informations appropriées sur le fonctionnement du régime et sur sa nature.
Bien que les détails d’une longue négociation ne soient pas entièrement connus, les propositions de la Corée du Nord semblaient être plus rationnelles que l’approche imprudente du gouvernement des États-Unis. Clairement, le processus de dénucléarisation ne peut pas être fait en un couple de mois, et l’approche par étapes appropriées est plus raisonnable.
Par ailleurs, l’annulation abrupte du sommet par Trump, suivie de sa relance quelques jours après était une erreur fatale pour un négociateur expert. Trump ne pouvait pas donner une raison claire à l’annulation de la négociation et sa tactique de pression maximale s’est finalement révélée être un échec.
De plus, sur le plan diplomatique, la réconciliation de Kim avec la Chine était stratégique. La Chine n’a pas non plus de raison de maintenir à l’écart la Corée du Nord aussi longtemps que Kim Jong-un exprime clairement sa volonté de dénucléarisation. Ainsi, au sommet, la Corée du Nord était dans une meilleure position pour convaincre son vis-à-vis durant la négociation. En ce sens, le sommet de Singapour a été un premier succès pour Kim Jung-un.
Kim a arrêté les provocations militaires et a résolument déplacé sa politique de la confrontation à la négociation pacifique. Tant qu’il maintient sa position de dénucléarisation, il est en position de force dans la négociation avec les États-Unis et les autres.
Vers la fin de la guerre froide ?
On pourrait dire en plaisant que la présence massive d’équipes médiatiques de 5 000 journalistes du monde entier a été la scène la plus spectaculaire. Le sommet en tant que tel n’était qu’un premier pas et un succès pour la paix en Corée. Les Sud-Coréens se félicitent du résultat final et sont soulagés d’obtenir une paix potentiellement permanente.
Pour la Corée du Nord, Kim Jung-un a confirmé à plusieurs reprises sa volonté de dénucléarisation et ce sommet est supposé les sauver du fardeau inutile des affrontements et éventuellement d’une guerre. Le sommet a été un succès diplomatique important, qui permettra à la Corée du Nord de consacrer ses capacités au développement économique.
Cependant, le succès du sommet de Singapour a été un premier pas vers d’autres négociations difficiles entre les deux parties qui ont habilement échangé la reconnaissance du régime nord-coréen pour la dénucléarisation complète. Ainsi, la péninsule coréenne a fait un pas historique en vue d’arrêter des décennies de confrontation antagoniste et se diriger vers une coopération mutuelle, mettant fin à la dernière zone de la guerre froide sur la planète.
Au lendemain du sommet de Singapour, lors des élections régionales, locales et municipales et d’une douzaine d’élections partielles de députés, le parti gouvernemental a remporté une victoire écrasante – alors que les partis d’opposition, qui ont constamment critiqué le président Moon Jae-in et son approche de la Corée du Nord, ont été vaincus de manière cruciale et sont plongés dans une crise critique.
Youngsu Won
Forum international en Corée