Ce n’est pas la résignation ou le renoncement qui dominent, mais bien au contraire une satisfaction d’avoir tenu jusque-là, et une envie de ne pas lâcher, de remettre à plus tard pour certainEs, peut-être à la rentrée, ou de continuer sous d’autres formes cet été.
Bilan d’étape
Après trois mois de mobilisation, et alors que l’été annonce une pause dans le mouvement, un premier bilan d’étape de la grève telle qu’elle a été menée s’impose. Parmi les acquis du mouvement, il y a sans aucun doute cette partie significative de la population qui s’est rangée du côté des cheminotEs, malgré les tentatives du gouvernement de les faire passer pour des « nantis » qui défendraient leurs prétendus « privilèges ».
Ce mouvement de grève a également battu des records, comparé aux mouvements précédents à la SNCF : par sa durée et par le nombre de grévistes qui s’y sont impliqués. La grève des cheminotEs s’est imposée, pendant 3 mois, dans le paysage. Bien que la réforme ait été adoptée à l’issue du débat parlementaire, les cheminotEs, à l’exécution comme chez les cadres et maîtrise, la rejettent toujours profondément.
Enfin, cette grève a été l’occasion de nouer des liens militants forts entre cheminotEs de différentes branches, de constituer des réseaux, de militer dans des formes d’auto-organisation, de convaincre des cheminotEs non syndiquéEs, et souvent jeunes, de militer pour la construction de la grève, son renforcement en interne et son extension à d’autres secteurs mobilisés tels que la jeunesse, les fonctionnaires, les hospitalierEs, les électricienEs et gazierEs ou encore les postierEs. Car la possibilité que les cheminotEs arrivent à amplifier le rapport de forces en entraînant d’autres secteurs dans la grève est restée tout au long du mouvement, et reste à plus long terme une perspective que les dirigeants redoutent toujours, du côté du patronat comme du gouvernement.
Toujours mobiliséEs
Sans attendre la rentrée, une minorité non négligeable de cheminotEs reste mobilisée, tentant de maintenir le mouvement cet été et de préparer une reprise après la pause estivale. Cela passe par le maintien de la pression vis-à-vis de la direction SNCF et des dirigeants locaux. Il reste à faire appliquer la décision de justice en faveur des grévistes, sur la retenue des repos sur le salaire, que la direction a injustement opéré. Il reste aussi à contester et dénoncer les attaques de la direction contre des cheminotEs pour faits de grève, comme ce militant à qui elle reproche d’avoir allumé une torche en gare de Nîmes, avec demande, pour ce simple geste, de son licenciement. Un exemple parmi d’autres…
Alors que les négociations sur la convention collective du ferroviaire ne sont pas terminées, la direction commence à remettre en cause des acquis gagnés par la lutte, variables en fonction des établissement et qui s’appliquent localement. C’est notamment le cas chez les conducteurEs et les contrôleurEs. Dans ces chantiers, les cheminotEs ne comptent pas laisser leur conditions de travail se dégrader sans réagir, à l’image des conducteurEs de manœuvres et de lignes locales de Sotteville-lès-Rouen (76), en grève reconductible depuis le 11 juin contre des suppressions de postes et contre la remise en cause de leurs acquis locaux qui se traduirait par une perte de 200 euros par mois en moyenne.
Persévérer
Du côté des sommets syndicaux, on semble plus préoccupé par les négociations sur la convention collective et sur les protocoles d’accord qui préparent les prochaines élections professionnelles, que par les suites à donner à la mobilisation. CGT et Sud appellent néanmoins à poursuivre la mobilisation avec une prochaine journée de grève le 19 juillet. Les cheminotsE n’ont pas l’intention de s’arrêter là, et exprimeront leur rejet de la politique de Macron sous différentes formes cet été même si, chez de nombreux collègues, c’est la rentrée sociale qui se fait attendre.
En tenant tête à Macron pendant de longues semaines, les cheminotEs ont montré que le monde du travail ne manque pas de combativité, qu’il faut persévérer vers un mouvement de l’ensemble des salariéEs du public et du privé qui, seul, permettra de stopper l’offensive généralisée du patronat et de ses alliés du gouvernement.
Stella Monnot