« Ortega est un tyran désespéré »
La commandante guérillera Dora María Téllez confie que, quoique cela ne lui aurait pas déplu, ce n’est pas elle l’instigatrice des protestations qui depuis le mois d’avril dernier menacent de faire vaciller le régime de Daniel Ortega.
La commandante guérillera Doria Maria Téllez a été accusée de tirer les ficelles des protestations qui ont commencé en avril dernier. Ce qu’elle nie, bien qu’elle avoue volontiers qu’elle aurait aimé jouer ce rôle.

Dora María Téllez
Dans cet entretien elle explique qu’à 63 ans, elle ne redoute pas les menaces de l’orteguisme, cependant elle se dit inquiète du fait que quelqu’un soit « lâché » pour assassiner certains dirigeants de la protestation civique et qu’ensuite l’acte soit imputé tout simplement à un sympathisant en colère [1].
Par ailleurs, elle dépeint le président Daniel Ortega comme un homme uniquement préoccupé par le pouvoir et par l’argent et qui ne se soucie pas de la vie des Nicaraguayens.
Eduardo Cruz – Auriez-vous pu imaginer revivre un jour dans une sorte de clandestinité ?
Dora María Téllez – Personne au Nicaragua n’imaginait que nous revivrions un jour une dictature en tout point similaire à celle de Somoza. Cela pose un problème pour tous les Nicaraguayens qui évidemment n’imaginaient pas qu’elle serait aussi sanglante. Depuis de longues années, le Mouvement rénovateur sandiniste (MRS) a été la cible de nombreuses persécutions. En 1998 on nous a retiré notre personnalité juridique et de nouveau en 2008. Depuis que nous existons, nous avons été réprimés. Nous avons connu en permanence la répression et les menaces de la part de ce régime.
En avez-vous été victime, vous en particulier ?
Depuis le début des évènements en avril, ils ont lancé la chasse contre moi et une grande campagne qui, peu après, s’est retournée contre eux comme d’ailleurs tous leurs mensonges et toutes leurs actions. Mais je crois que nous, les Nicaraguayens, vivons un cauchemar dont Daniel Ortega est entièrement responsable. En trois mois, plus de 300 morts ; des centaines de personnes séquestrées, détenues ; déjà presque 200 personnes jugées par le peloton d’exécution judiciaire d’Ortega ; des disparus ; des milliers de blessés et plus de vingt mille Nicaraguayens exilés au Costa Rica, pour ne parler que de ce pays. C’est un vrai cauchemar pour tout le monde, parce que les familles se séparent, les gens vivent des deuils terribles. Il y a des familles qui commencent tout juste à récupérer et d’autres qui souffrent.
Vous avez bien connu Ortega, comment expliquez-vous son attitude ?
Ce type d’attitude ne peut s’expliquer que par des ambitions démesurées et l’absence de principes. Ce qu’Ortega donne à voir, c’est qu’il est un dictateur, un tyran comme le fut Somoza. Il n’a aucun principe, il n’est pas attaché à la démocratie, il n’est pas attaché aux libertés des Nicaraguayens. Il n’est attaché à rien. La seule chose qui l’a intéressé, c’est de créer un grand groupe économique, un empire économique pour lui et sa famille et d’exercer un pouvoir illimité, absolu, en complète impunité. C’est une personne sans principes uniquement mue par la soif de pouvoir. Rien ne lui a importé, ni les morts ni les blessés, rien de tout cela. Voilà une personne sans aucun scrupule.
Le MRS a été pointé du doigt comme financeur des protestations et une loi contre le financement du terrorisme vient d’être adoptée, qu’en pensez-vous ?
Cette loi contre le terrorisme, franchement, je la considère comme un coup d’épée dans l’eau de la part de Daniel Ortega. Il y avait aussi une loi sur le crime organisé qui sert uniquement à emprisonner n’importe qui, à confisquer les biens de n’importe qui, à affecter la situation économique de n’importe quelle personne et de sa famille. Cette loi sur le terrorisme ressemble point par point aux lois de sécurité nationale que Somoza avait mises en place. Ils s’en servent comme d’une mitraillette. Des juges et des officiers de police judiciaire, qui n’ont pas de scrupules non plus, se mettent à lancer des rafales d’accusations de terrorisme contre n’importe qui. Je considère cela comme une tentative désespérée d’Ortega de faire taire la protestation civique populaire. Je le sens aux abois parce que tout cela ne va servir à rien. Il peut remplir les prisons, il lui faudra un stade, deux stades, trois stades, le nouveau stade et l’ancien stade pour y caser tous ceux et celles qu’il veut emprisonner mais il ne va pas juguler la protestation civique du peuple. C’est un effort insensé d’Ortega pour tenter d’arrêter ce qui ne peut déjà plus l’être.
Certains dirigeants des protestations font déjà l’objet de procès…
Tous ces jugements sont illégaux parce qu’ils partent d’une action illégale : l’enlèvement. Des personnes ont été séquestrées chez elles et emmenées sans mandat d’arrêt, nombre d’entre elles ne voient même pas un défenseur, les audiences sont à huis clos et se déroulent en secret. Ils agissent comme sous un régime totalement sans loi ni ordre, c’est pourquoi, à mon avis la loi sur le terrorisme est lettre morte et va le rester lorsque tous ces jugements seront déclarés nuls. En revanche, ce que je te garantis, c’est que tous les officiers de police judiciaire, les juges et les policiers qui se bousculent au portillon pour monter ces procès, devront rendre des comptes pour avoir infligé la prison à des innocents parce qu’il y a des centaines de personnes totalement innocentes qui n’ont rien fait d’autre que d’aller manifester et qui sont accusées de tous les crimes possibles et imaginables. Ces procès ne sont même pas sérieux ni ne peuvent être considérés comme tels.
Que penses-tu des interviews qu’Ortega a donnés aux médias internationaux ?
Je les vois comme un acte désespéré. Tu as un homme qui est resté enfermé dans sa résidence d’El Carmen [2] à regarder la télévision et à faire ce qui lui passe par la tête et qui maintenant se précipite fébrilement pour donner des entretiens à tous les médias qui le sollicitent [Fox News, RT, CNN…]. C’est un signe qu’Ortega tente désespérément de remonter la pente pour contrer le discrédit international dont il fait l’objet, parce qu’il sait que son régime ne peut pas tenir un jour de plus dans ces conditions. Le pire qui lui soit arrivé, c’est qu’Ortega est habitué à donner des déclarations sans être démenti et là, d’entretien en entretien, il a remplacé un mensonge par un autre jusqu’à arriver à un point critique pour lui. Au cours de l’entretien avec Oppenheimer [3], Ortega dit que les paramilitaires sont des policiers volontaires. Et là c’est très simple : si tu admets – et il l’a admis publiquement – que ce sont des policiers volontaires, même si nous savons tous que c’est faux, il reconnaît sa responsabilité pour tous les crimes commis par les paramilitaires parce que le chef suprême de la police nationale s’appelle Daniel Ortega. Par conséquent, si ces paramilitaires assassins sont des policiers volontaires comme il l’a déclaré, plus tard il faudra produire cette vidéo devant les tribunaux comme preuve qu’il est responsable de tous les crimes en tant que chef suprême de la police nationale. Au lieu d’améliorer la situation, d’un entretien à l’autre, Ortega a aggravé son cas.
Quelle est ton opinion de la police ?
Elle est dans un processus de profonde décomposition. Je suis convaincue qu’il y a encore une quantité importante de policiers qui trouvent répugnant le bain de sang dans lequel les hauts gradés de la police se sont immergés.
Et de l’armée ?
Il me semble que sa position correspond à ce qu’elle a elle-même décrit, à savoir que son rôle n’est pas d’intervenir dans des affaires d’ordre interne et de se limiter à protéger les principaux objectifs économiques. D’un autre côté, Humberto Ortega [4] a raison lorsqu’il dit qu’il ne peut y avoir deux forces armées dans le pays. Si les militaires ont été si implacables avec ceux qu’ils ont qualifiés de membres de bandes armées qui avaient pris le maquis [5] – c’était il y a à peine quelques mois – pourquoi ne le sont-ils pas autant pour désarmer les bandes de paramilitaires ? Et là Humberto [Ortega] leur a facilité la tâche en suggérant que le chef de l’Armée aille dire à [Daniel] Ortega : « Ecoutez monsieur, nous avons besoin de votre autorisation pour désarmer ces paramilitaires. » Il faut voir ce que répondra Ortega, mais les militaires doivent d’abord faire l’effort de tenter la démarche.

Daniel Ortega et le général en chef Julio César Avilés Castillo
En tant qu’ex-chef des Armées, Humberto Ortega connaît fort bien la procédure et ce serait à Avilés [6] de faire un premier pas dans cette direction. C’est très important car, dans ces circonstances, l’image de l’armée est en jeu aussi. Soumis à une répression brutale, le peuple nicaraguayen voit que, dans le meilleur des cas, les militaires restent les bras croisés, alors ils se disent : « Pourquoi avoir une armée si elle ne nous défend pas ? » Les gens se demandent : « Pour quelle raison devrions-nous avoir une armée si, face à des bandes armées de mitrailleuses, de lance-grenades, de lance-roquettes, de fusils de guerre qui circulent dans la nature, l’armée se contente de les regarder passer comme si de rien n’était ? » Il y a de nombreuses interrogations sur le rôle de l’armée au Nicaragua. Il est très important que le commandement de l’armée engage une réflexion sur le rôle qu’elle doit jouer dans cette crise, en particulier face à une violation massive des droits humains des Nicaraguayens.
Les paramilitaires utilisent des armes de guerre, d’usage exclusif de l’armée ? Cela la compromet-elle ?
Une activité qui sera essentielle – lorsque se conclura cette étape du régime d’Ortega – consistera à vérifier les stocks de l’armée. Ils disent qu’ils les tiennent sous contrôle, que les armes ne sont pas sorties des casernes, mais il est crucial de faire l’inventaire et cela est très facile. Ils avaient cinq fusils Dragunovs [arme de sniper d’origine soviétique – élaborée dans les années 1930 –, très répandue dans le monde], les cinq doivent y être. Le Dragunov c’est le plus simple de ce type qu’on a vu circuler. On a vu apparaître des lance-roquettes – je les ai vues utilisées sur une vidéo prise à Carazo, ainsi que des lance-grenades, également à Carazo.
L’armée est dans l’obligation de savoir si cela est sorti ou non de ses entrepôts. Cependant l’apparition de ces armes ne compromet pas forcément l’armée. Ce que dit le général en retraite Humberto Ortega est vrai : il y a beaucoup d’armes de guerre en circulation et pour une seule d’entre elles, parmi les plus simples, l’armée au complet est tombée à bras raccourcis sur quelques paysans dans la montagne, sous le prétexte qu’il s’agissait de bandes criminelles et il y a même eu des exécutions sommaires [7].
A quoi pensez-vous lorsque vous écoutez parler Ortega ?
Je vois un sujet totalement décadent, un tyran taillé dans le style du XXe siècle, qui se croit au XXe siècle ; qui croit qu’il peut mentir, qu’il contrôle tout. Si les membres de la famille Ortega aspirent à contrôler tous les médias, c’est parce qu’ils pensaient que cela allait leur garantir le contrôle de la vérité des informations diffusées. Mais cela a échoué car nous sommes au XXIe siècle et là les choses fonctionnent autrement. Ce que je vois, c’est un tyran désespéré qui n’éprouve aucune compassion envers aucun des morts. Voici un homme qui ergote pour savoir s’il y en a 195, 197 ou 200.
La vérité, c’est que la somme de ceux qu’il a assassinés les 18, 19 et 20 avril était à elle seule plus que suffisante pour que ce gouvernement, n’importe quel gouvernement, démissionne et quitte le pouvoir. Il n’est pas besoin de débattre du nombre de morts pour conclure que ce gouvernement est un gouvernement assassin. Tu es face à un type décadent qui, de surcroît, pousse jusqu’à faire une chose vraiment horrible : dire aux personnes qui n’ont pas terminé de porter le deuil que leurs morts n’existent pas.

Que peut-on dire de Rosario Murillo ?
Je crois que c’est une personne qui a un grand mépris pour tout le monde, qui considère que tous les autres sont moins bien que ce qu’elle est. Elle méprise les gens, elle les considère de niveau inférieur au sien. Elle se prend pour une personne pleine de grandeur et pense que toute personne qui se trouve dans son entourage peut lui être redevable et que par conséquent elle peut la maltraiter, l’offenser, l’insulter. Contre nous, le peuple nicaraguayen, elle a proféré des grossièretés.
Attendiez-vous quelque chose du dialogue [national] ?
Franchement, je pense que le dialogue reste une option. Je n’ai ni espoir ni absence d’espoir, je crois simplement que c’est le seul espace au sein duquel il serait peut-être possible de trouver une solution.
Malgré tout ce qu’a dit Ortega ?
Ils savent qu’ils sont finis. La seule chose qu’Ortega essaie d’obtenir avec tous ces entretiens, c’est de se placer en meilleure posture pour tirer sa révérence et s’asseoir à la table pour négocier son départ. Il le sait parfaitement, Rosario Murillo aussi ainsi que toute la famille et cela ne fait aucun doute non plus, du moins dans les plus hautes sphères du gouvernement d’Ortega. Pour le reste, je n’en sais rien. Il se peut qu’ils s’accrochent, mais au sommet, ils savent très bien que tout est fini, que ce modèle est révolu.
Ce qu’essaie de faire Daniel Ortega, c’est de calculer les meilleures conditions pour s’asseoir à la table du dialogue et de voir comment s’y prendre pour que son associé Arnoldo Alemán [8] s’y assoie aussi. Dans tous les entretiens, il s’est attaché à élever le profil du Parti libéral constitutionnaliste [9] (PLC). Pas plus tard qu’hier il l’a fait apparaître soudainement comme parti majoritaire. Ortega pense que dans le meilleur des cas, un pacte sortirait [de ce dialogue], mais il n’y est pas parvenu. Ce que je veux dire, c’est qu’il va toujours jouer la carte marquée « je reste », mais dans le même temps il sait parfaitement qu’il est liquidé, qu’il n’y a plus rien à faire. Il doit négocier son départ et actuellement nous sommes, ni plus ni moins, dans la phase de rédaction de l’acte de décès du régime.
Les entrepreneurs ont dénoncé des occupations de leurs terres…
Pour les entrepreneurs, il est clair que la grande vengeance de Daniel Ortega consiste à leur prendre des terres, des propriétés, envahir les zones franches… tout cela est très clair. C’est la facture que leur présente Daniel Ortega. Regarde l’exemple de Christian Fajardo. Ils le retiennent prisonnier lui et son épouse María Adilia pour terrorisme. Mais, qui a incendié le petit hôtel Masaya et la maison de Christian Fajardo [10] ? L’a-t-il incendié lui-même ? Qui a mis le feu ? N’est-ce pas Daniel qui a commandité l’incendie ? N’est-ce pas le chef de la police de Masaya qui a donné l’ordre et les paramilitaires qui l’ont exécuté et allumé le brasier ? Alors, les terroristes, où sont-ils ? Tout le monde reconnaît là la facture de Daniel Ortega. Ortega a pris la décision d’affronter tout le pays et tout simplement c’est un régime en bout de course.
Et comment évalues-tu les réactions de la communauté internationale ?
Elle est passée de la surprise à la condamnation généralisée. Désormais, il n’y a plus personne de gauche, de droite ou du centre, du haut ou du bas qui n’ait condamné Daniel Ortega. Désormais il n’est pas une personnalité qui compte au sein de la gauche mondiale, ni de personnalité influente de la droite mondiale, ni de représentant centriste important qui n’ait condamné Daniel Ortega. Il ne lui reste que Sánchez Cerén, président du Salvador, un point c’est tout [en dehors de Cuba, du Venezuela, pour l’essentiel, Réd.]. Maintenant, la communauté internationale est allée au-delà de la condamnation et du fait qu’il s’agit d’un président issu d’un processus constitutionnel. Tout cela est faux. Désormais, la Maison Blanche reconnaît que le régime d’Ortega est le résultat de fraudes électorales successives conjuguées à une manipulation de la loi. Cela indique que ce régime est illégal, ce que nous disions depuis des années, parce qu’il était fondé sur des fraudes électorales. Pour le dire autrement, il s’est mis les élections dans la poche. Il s’est imposé comme candidat en violation de la Constitution, avant la réforme de 2014, par le biais d’une sentence de la Cour complètement viciée qui contrevient à la Constitution.
Quelle est votre situation actuellement ?
Disons, normale… Ils ont lancé une chasse aux sorcières en diffusant sur tous leurs médias et leurs réseaux sociaux que c’était moi le grand architecte de la grande conspiration contre Daniel Ortega. J’aurai bien aimé que ce soit vrai mais en réalité, je n’y suis pour rien. Ils ont lancé une chasse aux sorcières dont je connais très bien les ressorts : elle consiste dans le fait que peut-être on ne t’arrête pas mais que quelqu’un peut t’assassiner en pleine rue car, effectivement, ils peuvent « lâcher » quelqu’un et, comme c’est arrivé quand Carlos Guadamuz [11] a été tué, faire apparaître ça comme une initiative personnelle. C’est ce qui m’inquiète à propos de la direction de l’Alianza Cívica ainsi que pour d’autres dirigeants politiques et leaders qui influent sur l’opinion publique, que leur vie soit en danger parce qu’ils peuvent lâcher contre eux un de ces fanatiques – comme ceux qui se sont déchaînés à cause des propos qu’a tenus Oscar René Vargas – et pan !, tout d’un coup ils le tuent en pleine rue ! Je crois que c’est un risque réel quand tu es face à un régime qui ne connaît aucune limite.
En ce qui me concerne, je peux te dire la chose suivante : j’avais à peu près vingt ans pendant la lutte contre la dictature de Somoza. J’ai commencé très jeune et il me restait, disons, soixante ans de vie devant moi si on calcule que la moyenne d’espérance de vie au Nicaragua est de quatre-vingts ans. Donc, il peut m’en rester vingt. Alors, j’ai suffisamment vécu, et ce ne sont pas les menaces de prison ou d’assassinat de la part de l’ortéguisme qui vont m’effrayer. Et franchement, la pire fin qui puisse être, c’est celle qui attend Ortega qui part comme un criminel, comme un tyran. Bien qu’il affirme que cela lui est égal, pour tout le reste du pays, c’est important pour que nous puissions en tirer cet apprentissage social : c’est un tyran, un satrape, une tyrannie que le Nicaragua ne doit plus jamais revivre. (Entretien publié dans La Prensa, en date du 5 août 2018 ; traduction L.Z. pour A l’Encontre)
Entretien avec Dora María Téllez conduit par Eduardo Cruz
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La trajectoire personnelle de Dora María Téllez
La commandante guérillera est née le 21 novembre 1955 à Matagalpa (Centre-pacifique) Dans les années soixante, elle arrive à León pour étudier la médecine à l’Université autonome du Nicaragua (UNAN-León). De là, elle part à Cuba pour s’entraîner à la guérilla.

Doria Maria Téllez ; année 1980
En 1978, elle a fait partie du commando qui a pris d’assaut le Palais national (siège du Parlement) et plus tard elle a été à la direction militaire de l’insurrection à León.
Dans les années quatre-vingt, elle a été ministre de la santé et dans les années quatre-vingt-dix elle a pris ses distances du FSLN pour fonder le MRS.
Elle possède un Master en Histoire et travaille comme consultante.
• Article publié dans Confidencial le 7 août 2018 ; traduction A l’Encontre publiée le 6 août 2018 :
http://alencontre.org/debats/nicaragua-debat-dora-maria-tellez-ortega-est-un-tyran-desespere.html
Les traits forts de la répression du régime Ortega-Murillo

Manifestation le 6 août 2018 protestant contre les licenciements des médecins
Cristian Fajardo Caballero et María Peralta Cerrato, membres du Mouvement du 19 avril [étudiant] à Masaya, ont été capturés le 23 juillet au poste frontière de Peñas Blancas [frontière Nicaragua-Costa Rica].
Tous deux essayaient d’atteindre le Costa Rica, fuyant le régime du président Daniel Ortega. Ils sont actuellement accusés de crime de terrorisme, de financement du terrorisme, de crime organisé et d’entrave au fonctionnement des services publics !
C. Fajardo et M. Peralta sont deux des 132 prisonniers politiques qui, selon la Commission permanente des droits de l’homme (CPDH), sont poursuivis pour avoir participé aux manifestations contre le régime d’Ortega et Murillo. Selon le dernier rapport de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), 317 personnes ont été assassinées.
En juillet 2018, la fraction parlementaire du FSLN à l’Assemblée nationale a adopté deux lois pour persécuter et criminaliser les citoyens et citoyennes, les opposant·e·s, les entrepreneurs et les ONG [12] qui soutiennent ou effectuent un don pour une campagne civique afin de se défendre contre le régime autoritaire de Daniel Ortega.
Le nouveau texte juridique définit celui qui commet un acte « terroriste » comme étant tout individu qui tue ou blesse des personnes qui ne participent pas aux hostilités pendant un conflit militaire [une guerre], ou endommage des biens publics ou privés, s’il le fait dans le but d’intimider une population, de perturber l’ordre constitutionnel ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir [13] un acte [manifestation, activités, etc.], et le punit de 15 à 20 ans d’emprisonnement.
Documents de la CIDH sur la persécution
Entre le 19 et le 30 juillet, le Mécanisme spécial de suivi pour le Nicaragua (MESENI) de la CDIH (Commission interaméricaine des droits de l’homme) a vérifié la criminalisation et les poursuites menées au Nicaragua. Elle a reçu des informations sur la mise en œuvre des pratiques de persécution judiciaire et de la criminalisation des personnes opposées au régime du gouvernement Ortega.
« Nous avons appris, avec beaucoup d’inquiétude, l’augmentation vertigineuse du nombre de personnes détenues sans garanties d’une procédure régulière et nous demandons instamment à l’Etat d’assurer le strict respect de la loi. L’Etat doit libérer rapidement toutes les personnes détenues arbitrairement et sur la base d’accusations non fondées », a déclaré le commissaire Joel Hernández [d’origine mexicaine, nommé en juin 2018, pour la période 2018-2021], rapporteur sur les droits des personnes privées de liberté.
Un parmi les cas de criminalisation du droit de protester est celui de la dentiste et commerçante Irlanda Jerez Barrera, leader des commerçants auto-convoqués du marché oriental de Managua. Elle a été kidnappée par des gens cagoulés sur le rond-point de Cristo Rey, après avoir quitté un rassemblement auquel participaient divers mouvements sociaux afin d’organiser des manifestations contre le régime.
Un communiqué de presse publié sur le site Internet du pouvoir judiciaire indique qu’Irlanda Jerez Barrera a été arrêtée et envoyée à la prison [dénoncée plus d’une fois pour ses méthodes violentes] La Modelo « pour avoir été reconnue coupable de fraude et d’escroquerie ». Une sentence que sa fille, Sterina Jérez, a rejetée, puisqu’il s’agit d’une référence à « un procès qui, il y a des années, a été jugé devant la Cour suprême et qui avait statué en sa faveur ».
Francisco Eguiguren, rapporteur pour la défense des droits de l’homme auprès de la CIDH, a déclaré très préoccupante l’utilisation abusive du droit pénal et, en particulier, de la loi antiterroriste, récemment approuvée, dans le but de criminaliser l’exercice des droits à la protestation sociale et à la défense des droits humains. Il a déclaré : « Nous appelons l’Etat à mettre fin à la criminalisation de ceux et celles qui participent pacifiquement à des manifestations et à s’abstenir d’appliquer des formulations inappropriées, larges et vagues renvoyant au terrorisme afin de riposter aux protestations et aux revendications sociales. »
Accusés de terrorisme
Marcos Carmona, directeur du CPDH (Commission permanente des droits de l’homme), a déclaré que parmi les crimes retenus contre les personnes détenues par le régime d’Ortega-Murillo figurent le terrorisme, le crime organisé, la possession illégale d’armes ou l’assassinat, selon le cas. Ce qui est illustré par l’accusation faite contre Brandon Lovo et Glenn Slate, responsables présumés de la mort du journaliste Ángel Gahona, directeur de la chaîne d’information locale El Meridiano, ou les imputations contre Medardo Mairena et Pedro Mena [arrêté le 13 juillet à l’aéroport Sandino], deux dirigeants paysans, accusés, entre autres, de la mort de quatre policiers à Morrito, Río San Juan [Alfredo Mareino a indiqué que son frère avait été torturé et qu’un examen médical avait été rejeté ; le fils de Pedro Mena, Kenler Mena, a témoigné de manière identique].
Marcos Carmona a posé une question de manière insistante : « Notre attention a été attirée par le fait que l’on disait que c’était le pays le plus sûr d’Amérique centrale. Or, d’où provient le fait qu’autant de jeunes sont censés être liés au terrorisme ? S’agit-il d’une manœuvre pour intimider les jeunes qui se cachent ou qui quittent le pays ? »
Denis Darce, avocat de la CPDH, a déclaré que cet organisme de défense des droits de l’homme prend en charge la défense technique des 132 citoyens, par le biais d’une équipe juridique spécialisée. Le défenseur a déclaré que les personnes ont été détenues illégalement, et même si elles ont un avocat, au moment où elles sont présentées à l’audience préliminaire, elles sont incapables de parler à leurs proches ou à la personne en charge de leur dossier.
La plupart des personnes qui font l’objet de poursuites ont été présentées devant une instance en dehors des délais prévus par la Constitution (48 heures). Le cas de Medardo Mairena et Pedro Mena, dirigeants du Mouvement paysan, détenus à l’aéroport international Augusto César Sandino, est un exemple clair de cette violation des droits par l’Etat, puisqu’ils ont été présentés à un juge seulement 96 heures après leur arrestation.
Les avocats de la CPDH soulignent l’existence d’une collusion entre la police nationale, le ministère public et le pouvoir judiciaire. Et d’autres acteurs tels que les paramilitaires et les autorités du système pénitentiaire La Modelo.
Julio Montenegro, membre de la CPDH, a décrit le fonctionnement de chaque institution. Il a expliqué que les premiers maillons dans la chaîne sont les paramilitaires, qui sont chargés de capturer les citoyens ayant participé aux manifestations contre le régime d’Ortega-Murillo.
Puis intervient la Police Nationale, avec des enquêtes ; suit le bureau du procureur général, au moment de l’action pénale et enfin le pouvoir judiciaire. « C’est là que sont choisis les juges qui sont préparés à cette fin, c’est-à-dire ceux qui résoudront la question comme cela est souhaité. » Montenegro a indiqué qu’il disposait d’informations selon lesquelles le procureur a placé dans son réfrigérateur des accusations élaborées, prêtes à être sorties.
Centres de torture
Le système pénitentiaire national sert de centre de torture. Selon les informations en possession de la CPDH, les détenus y sont enchaînés mains et pieds, la tête est rasée et ils sont battus. Cette forme de torture a été appliquée à Medardo Mairena et Pedro Mena, ont déclaré les membres du CPDH.
Le CIDH a déclaré dans son dernier communiqué qu’elle avait reçu de nombreuses informations sur les obstacles mis pour avoir accès à une défense juridique adéquate. Ce qui impliquait la restriction mise à la présence d’avocats lors des audiences, ainsi qu’aux organisations de la société civile ; le refus de fournir des données sur la situation juridique et l’état de santé des personnes détenues. Dans une partie du rapport, il est mentionné : « A cet égard, je réitère la recommandation faite à l’Etat d’élaborer et de publier un registre public contenant les informations suivantes : nombre de personnes qui ont été détenues depuis le début des manifestations, le 18 avril ; causes de la détention ; durée de la détention ; lieu de détention ; nombre de personnes actuellement détenues dans le cadre des manifestations qui ont eu lieu depuis le 18 avril ; et nombre de personnes emprisonnées. »
L’Etat criminalise le journalisme
Roberto Collado Urbina, correspondant d’Acción 10 à Granada [sur les rives du lac Nicaragua], a été battu et kidnappé par des paramilitaires dans la zone de la station essence Petronic dans cette ville, alors qu’il couvrait une marche en soutien aux évêques de la Conférence épiscopale.
L’agression subie par le correspondant d’Acción 10 est une autre preuve de la criminalisation que le président Ortega a promue contre le droit d’information des journalistes dans le pays. Mauricio Madrigal, responsable de l’information de ce programme, a également dénoncé la persécution de Paco Espinoza qui couvrait la crise sociopolitique dans le nord du Nicaragua.
Roberto Collado, qui a été libéré cinq heures plus tard, a subi de graves blessures à la tête et sur le reste du corps. Paco Espinoza se réfugie dans un endroit sûr, fuyant les opérations de la police nationale.
Dans son rapport, la CIDH a déclaré que, compte tenu de l’importance du travail des journalistes, l’Etat devrait leur accorder le maximum de garanties afin qu’ils puissent remplir leur fonction.
La criminalisation du gouvernement a touché les médecins et autres personnels médicaux dans les hôpitaux du pays. Le 27 juillet, au moins 35 personnes ont été licenciées, sans raison valable de l’Hospital Oscar Danilo Rosales (HEODRA) de la ville de León, en représailles pour avoir soigné ou manifesté leur soutien aux personnes blessées lors des manifestations.
Le 28 juillet, quelque 40 employé·e·s ont été licenciés de l’Hôpital régional Santiago à Jinotepe [département de Carazo] pour avoir participé, supposément, à l’occupation de l’hôpital. Et à Masaya, au moins 15 employé·e·s du secteur de la santé publique, y compris des médecins, des aides-soignants et des infirmières, ont également été mis à pied [14].
Soledad García Muñoz, rapporteuse spéciale de la CIDH, a déclaré : « Est interdit tout type d’intimidation possible, de punition, directe ou indirecte, tel que des sanctions ou des licenciements, visant le personnel de santé pour le simple fait d’avoir accompli ses fonctions professionnelles afin de défendre le droit aux soins. »
Maynor Salazar
• Article publié dans Confidencial le 7 août 2018 ; traduction A l’Encontre publiée le 6 août 2018 :
http://alencontre.org/ameriques/amelat/nicaragua/nicaragua-les-traits-forts-de-la-repression-du-regime-ortega-murillo.html
Débat Nicaragua. Les raisons d’Etat ne sont pas les raisons des peuples
Les manifestations de solidarité avec la dictature de Daniel Ortega et de sa famille ont été récemment exprimées lors du Forum de São Paulo, qui s’est réuni à La Havane et s’est clôturé le mardi 17 juillet.
Le Forum de São Paulo est né en 1990 au Brésil, composé de partis et de mouvements sociaux de gauche, à l’initiative de Fidel et Lula, pour promouvoir l’unité des peuples d’Amérique latine et des Caraïbes dans la lutte pour la souveraineté, l’indépendance économique et politique face à l’hégémonie nord-américaine traditionnelle, exercée en complicité avec les gouvernements de droite et leurs politiques néolibérales.
Après vingt-huit ans de processus complexes de lutte entre les forces conservatrices et les mouvements progressistes – avec des hauts et des bas de victoires et de défaites – leurs dirigeants actuels n’ont pas été en mesure de séparer le bon grain de l’ivraie dans cette unité des partis et des mouvements sociaux de diverses nuances de gauche.
Les réalités concrètes de chaque pays restent mutuellement inconnues, ce qui est confirmé par ces déclarations de solidarité avec le gouvernement de Daniel Ortega (l’ivraie au sein de la gauche) qui est supposé être victime de l’agression impériale et la droite interne. Ils font fonctionner le « petit catéchisme » et le récitent tombant ainsi dans une application mécanique du discours idéologique sans la moindre analyse des réalités concrètes de chaque pays, se séparant ainsi davantage de la dialectique marxiste et la contredisant avec leur pratique.
Ils le confirment par leur soutien à la politique répressive et criminelle d’Ortega, ce qui signifie le mépris de la vie de nos étudiants, des jeunes travailleurs urbains et des paysans. En outre, ils les victimisent une fois de plus en leur appliquant des épithètes blessantes tels que « droitiers », « putschistes », « terroristes » et « vandales ». Ce sont des termes avec lesquels le gouvernement Ortega et ses sbires cherchent à ternir l’image de nos jeunes, alors qu’en réalité ils tracent ainsi leur propre portrait.
Nous entrons dans le quatrième mois de terreur orteguiste pratiquée avec sa police – dont la direction appartient de facto au binôme Ortega-Murillo –, une armée illégale de paramilitaires et une armée officielle, prétendument impartiale, faisant la sourde oreille.
S’il était vrai qu’Ortega serait attaqué par des terroristes, comment qualifient-ils les étudiants, et si ces derniers étaient armés que se passerait-il ? Des quelque quatre cents tués, des milliers de blessés, des centaines de kidnappés et torturés, au moins la moitié devrait être des membres de sa police et de ses paramilitaires. Mais il fait face à un peuple désarmé… Ce sont les enfants, les jeunes étudiants et les travailleurs qui constituent la très large majorité des morts !
Tout est consigné dans des vidéos, des images sur les TV, des témoignages de membres des familles, de voisins et d’observateurs d’organisations internationales. Il n’est pas rare que le gouvernement Ortega prétende que ces organismes sont composés de gouvernements de droite et de gouvernements pro-américains, ce qui est souvent vrai. Personne, à gauche ou à droite, ne doute que les Etats-Unis, par l’intermédiaire de l’USAID et d’autres agences, poursuivent leurs objectifs politiques. Mais est-ce pour cela que le peuple nicaraguayen va refuser une aide et continuer d’être assassiné par Ortega tant que cette dictature despotique le veut ?

Onofre Guevara Lopez
Ou faut-il remercier ceux du Forum de São Paulo pour leur solidarité avec le bourreau parce qu’ils le considèrent comme « de gauche » ? Et serait-ce parce que la mort a été infligée par « un homme de gauche », que leurs familles seraient moins affligées par l’assassinat, l’emprisonnement, la torture et la persécution de leurs enfants ? Il y a plus de quarante ans, la mort de nos enfants nous fait encore souffrir, bien s’ils soient morts au combat les armes à la main [contre la dictature de Somoza]. Et pourquoi cela serait différent pour nos enfants qui, aujourd’hui, ont été tués alors qu’ils ne se défendent qu’avec des pierres, des frondes et des drapeaux du pays ?
Si la solidarité de Cuba et du Venezuela avec Ortega l’est pour des raisons d’Etat, ses actes criminels cesseraient-ils d’être des crimes contre l’humanité ? Non. Et cela ne cesserait pas d’être des actes contraires à l’éthique et immoraux… Et pour quelles raisons oublieraient-ils les raisons et les droits de l’homme de notre peuple ?
La plupart des partis et mouvements du Forum de São Pablo identifiés comme étant de gauche (mais opportunistes et dogmatiques) seraient-ils favorables à la reproduction des comportements et politiques dictatoriaux, antipatriotiques et corrompus appliqués par la dictature d’Ortega depuis vingt-huit ans ? Ce que je résume ici.
• Abandon des principes de la révolution, destruction du mouvement original et création d’un appareil politique à son service.
• Ne pas mener une opposition révolutionnaire au néolibéralisme et à ses politiques anti-populaires, mais promouvoir les incendies de mairie et les activités de sabotage pour préserver l’image du leader « révolutionnaire ».
• Faire un pacte avec un politicien de la mafia libérale [Arnoldo Alemán], partager les ambitions de pouvoir en marge du peuple et se répartir les postes de l’appareil judiciaire et les ministères de l’Etat.
• Réformer la Loi électorale pour marginaliser d’autres forces politiques, monopoliser la politique électorale et abaisser le pourcentage électoral à 35% pour gagner la présidence, au lieu de 50% plus un.
• Atteindre le pouvoir avec seulement 38% des voix, jeter l’allié mafieux en prison, profiter de ses crimes pendant sa présidence [Arnoldo Alemán : 1997-2002], le libérer, puis exercer un chantage à son égard le menaçant de la prison pour une durée plus longue, afin de le forcer à collaborer politiquement.
• Utiliser son contrôle du pouvoir judiciaire pour prescrire le procès pour le viol de sa belle-fille [Zoilamérica Narváez Murillo ; elle soutient depuis le Costa Rica la rébellion civique], attribuer des quotas de pouvoir à sa femme en échange de sa complicité et expulser la victime du pays.
• Ne pas inclure dans le budget général de la République l’argent de la coopération vénézuélienne et commencer à s’enrichir lui-même et sa famille.
• Redessiner les armoiries nationales de façon caricaturale, à l’usage du papier à en-tête de l’Etat, en se moquant de la Constitution politique.
• De signer un accord pour un canal transocéanique avec un millionnaire chinois, en tant qu’entreprise privée, dans des conditions encore plus préjudiciables à la souveraineté et à l’environnement que le pacte Chamorro-Bryan de 1914, signé sous le « poids » de l’intervention militaire des Etats-Unis [pacte signé en août 1914, ratifié en 1916, entre le secrétaire d’Etat William Jennings Bryan et le général Emiliano Chamorro Vargas, un pacte qui assurait aux Etats-Unis les moyens d’une « protection » du canal de Panama et le droit de propriété sur un possible canal transocéanique au Nicaragua ; les troupes états-uniennes ne quittent le Nicaragua qu’en 1933 ; le pacte sera révoqué en 1970].
• Réformer illégalement la Constitution politique pour répondre à leurs ambitions et assurer une réélection pour une durée indéterminée.
• Réaliser des élections (municipales et présidentielles) en faisant usage du mensonge et de la fraude, avec le contrôle d’une machine électorale grâce à des magistrats corrompus, payés en toute impunité.
• Faire fortune dans l’ombre du pouvoir, devenir millionnaire, s’allier aux grandes entreprises, se conformer aux règles du FMI et de la BM, et co-légiférer avec elles pour se garantir les bienfaits du néolibéralisme.
• Monopoliser les médias, la radio et la télévision, avoir la main sur la communication de l’Etat, ne pas donner accès (selon la loi) aux médias indépendants à l’information publique et les censurer.
• Contrôler les commandements de la Police et de l’Armée, ainsi que disposer d’une armée privée de répression [les « forces paramilitaires »] pour punir ceux qui osent protester.
• Perpétuer le discours « révolutionnaire » et « anti-impérialiste » pour gagner la solidarité de la gauche internationale.
• Après l’annulation de l’ordre constitutionnel dans la pratique, l’adoption de lois « antiterroristes » à appliquer contre ceux qui s’opposent à la dictature.
• Est-ce l’orteguisme sans Ortega, le modèle politique qu’ils [ceux du Forum de São Paulo] aimeraient pour leurs pays et contre leurs peuples, au nom de l’anti-impérialisme ?
Si c’est le cas, restez solidaire avec Ortega… mais n’attendez pas le pardon du peuple nicaraguayen ! ()
Onofre Guevara Lopez
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Emission (en castillan) de Esta Noche, en date du 5 août, par Carlos F. Chamorro, ancien directeur du quotidien du FSLN : Barricada :
Vidéo disponible sur le site A l’Encontre.
• Article publié dans Confidencial le 24 juillet 2018 ; traduction A l’Encontre publiée le 6 août 2018 :
http://alencontre.org/debats/nicaragua-debat-les-raisons-detat-ne-sont-pas-les-raisons-des-peuples.html
• Onofre Guevara Lopez, ex-parlementaire du Conseil d’Etat et de l’Assemblée nationale pour le FSLN (1981-1991) ; ex-responsable de la page éditorial de Barricada (1981-1995), ex-collaborateur de El Nuevo Diario (1995-2012) et actuellement contribue à la publication Confidencial.