Pour cette saison 2018, les vitrines sont fatiguées. Plusieurs des plus grands constructeurs automobiles mondiaux sont absents, parmi lesquels Nissan, Opel, Volkswagen Fiat et Ford. Bien que leur patrons se soient défilé une trentaine de salariés de l’usine tiendront un stand Ford devant les portes du salon… à condition que leur demande d’inscription soit acceptée par la direction du Salon.
Ils seront présents pour dire que la vitrine de l’automobile, ce n’est pas seulement des véhicules toutes options, des profits, des dividendes. Ce sont aussi des licenciements, des fermetures d’usines contre lesquelles ils sont mobilisés.
Comme en 2008, 2010, 2012, 2014 il s’agit de toucher à l’image de Ford, montrer la réalité scandaleuse de se faire entendre pour sauver les emplois, empêcher la fermeture de l’usine !
Il revient donc principalement à PSA et Renault de faire oublier le dieselgate, les trucages opérés par tous les constructeurs automobiles, la casse sociale du secteur qui aura perdu 60 000 emplois en dix ans, le quart des effectifs salariés, et les dégâts créés par les automobiles en terme de pollution et d ‘émissions de CO2. Alors ils mettent le paquet sur la voiture électrique et le véhicule autonome.
Les projecteurs sur le véhicule électrique
La voiture électrique, on en parlait déjà il y a dix ans juste après la grande crise de 2008. Le PDG de Renault Carlos Ghosn avait annoncé à l’époque que dans les cinq ans qui allaient venir 100 000 voitures électriques seraient vendues en France. Dix ans après en 2017, 25 000 voitures électriques ont été vendues en France ; leur part est de moins de 2 % dans toute l’Europe. Renault utilise la seule usine de Flins à moins d’un tiers de ses capacités pour produire 30 000 Renault Zoe.aux côtés de la Clio et la Nissan Micra.
Aujourd’hui la situation est modifiée et c’est bien toute l’industrie automobile mondialisée qui investit et va produire des voitures électriques. D’ores et déjà la Chine est devenue le premier pays pour les ventes de véhicules électriques. Et en Europe toutes les marques se préparent à en produire et vendre dès la fin de cette décennie. Conséquence directe de la fin programmée du diesel, ce choix des constructeurs automobiles ne va pas changer de façon significative le niveau des émissions de CO2 de la circulation automobile.
Il est avéré que tout au long de son cycle de vie - extraction des matières premières pour les batteries, production de l’électricité majoritairement au charbon ou nucléaire, construction des voitures, circulation automobile et traitement des déchets - le transport individuel par voiture électrique engendre autant d’émissions de CO2 qu’un véhicule essence : pas plus mais pas moins.
Ce qu’entraîne un véhicule électrique c’est un déplacement géographique des lieux d’émission de la pollution : moins dans les centres de ville et d’avantage dans le zones d’extraction et de production.
Cacher cette pollution qui continue de dérégler le climat : voilà la vraie politique à l’œuvre !
Merci les subventions publiques !
Payer plus cher une voiture dont l’autonomie réelle ne dépasse pas trois cent kilomètres avant une recharge qui dure plusieurs heures ne suscite pas immédiatement l’enthousiasme. Pour garantir des débouchés à leurs investissements incertains en ce domaine, les firmes automobiles ont obtenu du gouvernement qu’une prime de 6 000 euros finance l’achat de véhicules électriques pas plus pas moins polluants que les autres. Ces champions de la libre entreprise connaissent le chemin des aides publiques quand c’est nécessaire pour leurs profits !
Devant les difficultés probables à vendre les véhicules électriques, les constructeurs automobiles proposent dans leur catalogue des véhicules hybrides intégrant une moteur essence et un petit moteur électrique. Celui-ci permet une autonomie d’une trentaine de kilomètres au maximum et n’est installé que pour gagner quelques points dans les mesures d’émanation de CO2.
Souvent compté avec les véhicules électriques ces véhicules utilisent pour la grand majorité des distances parcourues la motorisation essence. Des rois chez les hypocrites faux culs !
Vous avez dit : autonomes !
Pendant ce salon de l’automobile, les firmes automobiles vantent leur participation à une transition prétendument écologique. Ecologique, une arnaque, mais une vraie transition qui est le mot doux pour restructuration auxquelles s’invitent à côté des firmes automobiles classiques les Google et autres Apple ainsi que les fabricants de batteries électriques.
Demain les véhicules électriques et après demain de systèmes de conduite appelés autonomes, en fait des solutions de téléguidage sous le contrôle centralisé des Google et autres Apple. Même si ces prototypes suscitent beaucoup de commentaires dès aujourd’hui, une mise en service généralisée n’est envisagée que pour dans vingt ou trente ans.
Les premières expérimentations datent de déjà dix ans à l’initiative de la firme Google qui déclare avoir fait rouler des voitures sans conducteur sur la voirie publique nord américaine un équivalent de 3,2 millions de kilomètres.
Voiture autonome disent-ils, mais en fait c’est en voiture téléguidée parce que complètement dépendante des itinéraires enregistrés sur toute la planète par Google ou ses concurrents. Ils cherchent à mettre en place des systèmes hyper centralisés, l’exact contre sens du mot autonome.
Privatiser encore plus l’espace des mobilités urbaines
Les innovations présentées à ce salon de l’automobile 2018 s’inscrivent toutes dans la promotion du véhicule individuel.
Les solutions de voitures autonomes concoctées par les alliances Renaut Nissan Google ou Volkswagen Apple visent à essayer de trouver des nouveaux débouchés à une industrie automobile dont les ventes stagnent en tendance en Europe et aux Etats-Unis.
Pour trouver de nouveaux gisements de profits, les firmes automobiles continuent de supprimer des emplois et veulent privatiser à leur profit de nouveaux espaces de mobilité urbaine
Jean-Claude Vessillier