Ni Fernando Haddad ni Jair Bolsonaro. Tel est le mot d’ordre donné cette semaine par la plupart des partis dont les candidats ont été éliminés dimanche 7 octobre au premier tour de l’élection présidentielle.
Arrivé quatrième du scrutin avec 4,76 % des voix, Geraldo Alckmin a ainsi annoncé mardi, après une réunion du comité exécutif du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB, droite), que la formation politique n’appuierait aucune des deux candidatures.
“Pendant la campagne présidentielle, [il] a tenté de se présenter comme une alternative à Bolsonaro et Haddad, affirmant que les deux candidats représentaient le ‘radicalisme’ de droite et de gauche”,souligne le portail d’information G1, du groupe Globo.
Geraldo Alckmin a déclaré :
Nous ne nous sentons représentés ni par l’un, ni par l’autre. […] Nous ne faisons que répéter de manière cohérente ce que nous avons dit pendant la campagne. […] Il est évident que le parti n’appartiendra à aucun gouvernement.”
Autorisés à soutenir un candidat en leur nom propre
Le PSDB a cependant indiqué que ses militants et ses leaders politiques étaient libres de soutenir n’importe quel candidat, en leur nom propre.
Un membre du parti s’était déjà empressé de le faire : opposé à la neutralité du PSDB, le candidat au poste de gouverneur de São Paulo, João Doria, avait ainsi indiqué avant la réunion qu’il soutiendrait le candidat d’extrême droite au second tour.
“ll veut profiter de la popularité de Bolsonaro pour gagner le poste de gouverneur”, estime un éditorialiste de la Folha de São Paulo. “On ne sait pas ce qu’il restera du PSDB à la sortie de ce processus. Balayé par les urnes, le parti n’est déjà plus une référence de son champ politique. Il pourrait être réduit à l’insignifiance s’il devient une ligne auxiliaire du bolsonarisme.”
Groupe parlementaire formé par cinq partis et ancien allié de Geraldo Alckmin, le “grand centre” apparaît divisé. Deux des formations politiques sont partagées, en interne, en raison d’intérêts et d’alliances régionales.
Le journal Estado de São Paulo précise que tous devraient, à l’instar du PSDB, annoncer leur neutralité tout en autorisant leurs membres à faire campagne en faveur d’un des deux candidats.
Le “soutien critique” de Ciro Gomes
Pour l’heure, Fernando Haddad, à 17 points de Jair Bolsonaro au premier tour, compte en particulier sur le ralliement de Ciro Gomes, arrivé en troisième position avec 12,47 % des voix.
Selon Estado de São Paulo, le poulain de Lula a d’ailleurs “fait un geste” en direction du candidat de centre gauche, lors d’une réunion : “Selon Haddad, les programmes du PT et de Ciro ont beaucoup d’affinités”, indique le quotidien. Le comité exécutif du Parti démocratique travailliste (PDT), de Ciro Gomes, a annoncé le 10 octobre son “soutien critique” au candidat de gauche.
Quant à l’écologiste Marina Silva (1 % des voix), elle a dénoncé un clivage “toxique” de la campagne et a indiquéque“quel que soit le président élu, elle resterait dans l’opposition”
Morgann Jezequel
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