“Grande mobilisation, cette semaine, de la société civile marocaine à l’occasion de l’adoption du Pacte mondial sur les migrations (PMM) prévue les 10 et 11 décembre, à Marrakech”, annonce Les Eco. Pour exprimer leurs craintes vis-à-vis de ce nouveau texte international, l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) ainsi qu’un grand nombre d’associations marocaines feront partie de la coalition mondiale Action mondiale des peuples (Peoples’ Global Action, PGA). “Cette coalition annonce l’organisation d’un forum parallèle au sommet officiel, qui, lui, se tiendra les 8 et 9 décembre. La PGAprésentera ‘une analyse du pacte et une exploration des positions des divers groupes de la société civile, des syndicats et des mouvements sociaux’, annoncent les organisateurs”, précise le quotidien marocain.
Un texte non contraignant
C’est en décembre 2017 que les Nations unies ont désigné le Maroc pour accueillir la Conférence internationale sur la migration (CIM 2018). Cette rencontre devrait compléter les travaux du Forum mondial sur la migration et le développement (FMMD), coprésidé par le Maroc et l’Allemagne, qui s’est déroulé du 5 au 7 décembre à Marrakech. La CIM 2018 présentera ainsi le premier document onusien sur la question de la migration dans sa globalité. En juillet, à l’exception des États-Unis, tous les pays de l’ONU avaient adopté ce pacte à New York après de longues négociations. Mais alors que quelque 185 États membres de l’ONU devraient participer à ce rendez-vous, le texte suscite frictions et interrogations et des désistements sont déjà annoncés.
Quel est le contenu de ce document qui fait l’objet de vives contestations ? “Décliné en 23 objectifs, le texte fera office de référence internationale dans le domaine de la migration ainsi que de sa gestion et ambitionne également de faciliter les flux migratoires”, explique Tel Quel. L’hebdomadaire marocain détaille les objectifs de ce Pacte mondial sur les migrations en soulignant que ce texte est “non contraignant. Cela signifie donc que l’ONU ne peut pas forcer les États membres à appliquer certaines dispositions du texte afin de respecter la ‘souveraineté’ de chacun d’entre eux.”
L’externalisation des frontières en Afrique
C’est d’ailleurs l’une des faiblesses de ce pacte relevée par diverses associations qui ont rejoint la coalition PGA et qui estiment qu’un pacte non contraignant pour les États ne peut pas protéger les migrants. “Alors que des pays, notamment de l’Union européenne (UE), plaident pour ce texte, plusieurs données pointent les conséquences négatives de la politique migratoire européenne sur l’Afrique”, relève pour sa part Yabiladi. Le site marocain cite les travaux de chercheurs de l’institut néerlandais Clingendael, qui alertent sur les conséquences de l’approche européenne basée sur l’externalisation des frontières en Afrique.
Le cas de la Libye, où la question migratoire est perçue par l’UE comme étant plus prioritaire que la reconstruction d’un État libyen, est notamment pris en exemple. Dans ce pays, “l’Union européenne s’est engagée, directement et indirectement, avec les milices. Les données des chercheurs indiquent que ces milices sont elles-mêmes ‘impliquées dans le trafic illicite de migrants ou étaient supposément prêtes à arrêter et combattre le trafic illicite en échange d’un soutien financier et d’une reconnaissance politique’.”
Selon les chercheurs de l’institut Clingendael, poursuit le site marocain, l’externalisation des frontières déjà en cours a abouti à une nette diminution des flux migratoires.
Cependant, cette tendance s’est accompagnée d’une ‘augmentation de l’invisibilité et des risques’, ainsi que d’‘équilibres politiques fragilisés’.”
Hoda Saliby
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