Elsa Assidon a été une militante très active de la solidarité internationale. Elle a joué un rôle très important au CEDETIM (Centre d’Etudes et d’Initiatives pour la Solidarité Internationale) et à l’AITEC (Association Internationale de Techniciens, Experts et Chercheurs).
Elsa a été une des principales animatrices, avec François Della Sudda, Christine Daure-Serfaty, et d’autres, des Comités de Lutte contre la répression au Maroc qui avait été créé, en 1972, à la suite des arrestations et des tortures pendant les Années de Plomb au Maroc. Elle s’y était directement impliquée pour la défense de son frère Sion Assidon, emprisonné de 1972 à 1984. Elle a défendu tous les prisonniers marocains et s’est investie dans la lutte pour les droits démocratiques au Maroc et dans le Maghreb, puis en Afrique et en Amérique Latine. Parmi de très nombreuses activités et initiatives, elle avait travaillé activement avec le Comité des mathématiciens, créé par Laurent Schwartz et Michel Broué.
Au Cedetim, elle participe à de nombreuses activités. Elle fait partie du collectif qui rédige le livre L’impérialisme français, paru en 1978 aux Editions Maspéro et en livre de poche en 1980. Elle est une des animatrices de Libération Afrique, avec Jean Yves Barrère, Guy Labertit, Ginette Pigeon, Edmée Touton. Cette publication avait été créée à Alger, par Michel Capron, à la demande des six mouvements de libération de l’Afrique non-décolonisée (en Namibie, au Zimbabwe, en Afrique du Sud, en Guinée-Bissau/Cap-Vert, au Mozambique, en Angola). Libération Afrique a servi au départ d’organe de presse officiel de ces mouvements avant de devenir le journal des opposants africains. Après la révolution des Oeillets, au Portugal, une nouvelle génération de militants était entrée au comité de rédaction pour reconstruire une ligne politique post-coloniale sur l’Afrique.
Elsa poursuit de front une activité politique pour l’Afrique indépendante avec un travail d’économiste à travers tous ses articles et les livres qu’elle publie, notamment en 1978, Le Sahara Occidental, un enjeu pour le Nord-Ouest Africain, aux Editions François Maspéro. En 2000, elle publie Le Commerce captif, les sociétés commerciales françaises en Afrique Noire, aux Editions L’Harmattan et aussi, en 2000, avec Jacques Adda, Dette et financement du développement aux Editions L’Harmattan.
Elsa Assidon était une économiste reconnue. Elle a enseigné longtemps à l’université de Paris-IX-Dauphine, puis, comme professeure d’économie à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (université de Paris-III). Elle a été nommée en 1999 à la Haute Autorité de la Coopération Internationale dans laquelle Stéphane Hessel a joué un rôle prépondérant. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur l’économie du développement. Elle a eu aussi une activité d’éditrice en dirigeant une collection aux Editions L’Harmattan.
Son ouvrage Les théories économiques du développement, publié en 1999 aux Editions La Découverte et repris en 2000 dans la collection Repères, reste une référence. Elle publie en 2002, avec Pierre Jacquemot, Marc Raffinot et Karima Dekhli, un Guide bibliographique et documentaire : Economie et sociologie du Tiers Monde qui fera référence. En 2000, dans un article très remarqué de la revue l’Economie Politique, FMI-banque Mondiale : la fin du consensus théorique, elle est une des premières à souligner l’importance des approches de Amartya Sen et de Joseph Stiglitz. Elle publiera en 2007, dans Archimède et Léonard, la revue de l’Aitec un article important sur L’idée de marché dans la politique économique.
Elsa Assidon était rigoureuse, passionnée et engagée. Dès les années 1970, elle a été très active dans la solidarité internationale, dans la lutte pour la libération des peuples et dans les luttes féministes. Elle a toujours lié l’engagement militant et le combat intellectuel. Elle a énormément apporté à tous ceux qui ont eu la chance de la connaître.
Gustave Massiah
décembre 2018