“Les actions d’indiscipline ne seront pas permises et donneront lieu à des mesures appropriées” : c’est ainsi que le ministère cubain de la Santé justifie dans un communiqué publié dans la presse officielle du régime la sévère répression qui a frappé les étudiants en médecine congolais à La Havane, rapporte le site 14ymedio.
“La police est arrivée et a frappé à maintes reprises, cinq étudiants au moins ont été arrêtés ainsi qu’un voisin qui filmait et une jeune fille”, confie un jeune protestataire congolais au site cubain.
Accueillis à Cuba – réputée pour la qualité de ses médecins – pour leurs études dans le cadre d’un accord du régime avec plusieurs pays, ces jeunes originaires du Congo (Brazzaville) doivent théoriquement recevoir de quoi vivre grâce à une bourse financée pour tout ou partie par leur pays, explique le site.
Mais depuis des jours, ces étudiants protestent contre le non-paiement de leurs bourses et à propos de leurs conditions d’hébergement dans les résidences universitaires de la capitale cubaine.
Plus de deux ans sans argent
Une première manifestation fin mars et une réunion à l’ambassade du Congo, le 1er avril dernier, n’ont donné aucun résultat, souligne 14ymedio.
Les étudiants ont alors commencé à faire la grève des cours, un geste collectif qui a éveillé l’attention des autorités. Lundi 8 avril, la police antiémeute du ministère de l’Intérieur et la police nationale ont débarqué sur le campus de Boyeros, un quartier de La Havane.
Des vidéos filmées en cachette et postées sur les réseaux sociaux montrent un déploiement imposant de forces de l’ordre et la violence de la répression à l’encontre des étudiants.
Les étudiants congolais attestent n’avoir reçu aucun argent de leur bourse depuis vingt-sept mois. Voici un an, en mars 2018, le site congolais Sacer Info écrivait : “À Cuba, sans bourse, les étudiants congolais sont devenus des musiciens et putes pour survivre.”
Mais à Cuba, on ne plaisante pas avec l’ordre public. En 2010, raconte El Nuevo Herald, les forces de l’ordre avaient sévèrement réprimé une manifestation d’étudiants en médecine pakistanais à Matanzas, dans l’ouest du pays. Les meneurs de cette fronde avaient été expulsés et avaient dû renoncer à leurs études.
Sabine Grandadam
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