Le manga, véritable miroir de la société japonaise, aborde des thèmes aussi divers que la dépression, les brimades à l’école ou le vieillissement de la population. Dernièrement, “une nouvelle tendance se fait jour dans les mangas pour femmes”, note l’Asahi Shimbun. “Un nombre croissant de titres se penchent sur la réalité du mariage et les inégalités entre hommes et femmes.” Il y a beaucoup à dire sur le sujet : dans le classement 2018 du Forum économique mondial en matière de parité, le Japon arrive en 110e position sur 149 pays, très loin derrière les autres membres du G7.
Sortir des rôles définis par la société
Sayonara Miniskirt d’Aoi Makino (“Adieu minijupe”, non traduit en français) a remporté un grand succès en 2018. Il raconte l’histoire d’une lycéenne qui, après une agression, décide de ne plus porter la jupe obligatoire dans son école. “Ce manga ne nie pas totalement la féminité”, il encourage surtout les filles à être elles-mêmes et à faire ce qu’elles veulent, indépendamment de ce que la société voudrait leur imposer, commente le Mainichi Shimbun.
De même, dans 1122 (non traduit en français), vendu à plus de 300 000 exemplaires, Peko Watanabe remet en question l’image du couple idéal en mettant en scène deux époux qui, n’ayant plus de vie sexuelle, se livrent à un adultère librement consenti. “À une époque où la famille se diversifie, pourquoi ne pas proposer de nouvelles formes de relations ?” suggère la mangaka sur le site d’information Blogos.
Interviewé par l’Asahi Shimbun, Makoto Oda, spécialiste du manga féminin, observe que “si les mangas pour filles renforcent les stéréotypes de genre avec des récits à l’eau de rose, les mangas pour femmes adultes corrigent cette tendance”. Par ailleurs, à travers l’histoire d’une enseignante de lycée victime d’agressions sexuelles, un autre manga populaire, Sensei no Shiroi Uso (“Le Pieux Mensonge d’une professeure”, non traduit en français), dénonce le statut inférieur des femmes dans la société. Ainsi que le formule son auteure, Akane Torikai, dans une interview accordée au quotidien :
“Comme pour les romans ou les films, la plupart des mangas étaient jusqu’ici conçus par des hommes et avec des mots d’hommes. Mais les temps ont changé, et aujourd’hui on raconte des histoires de femmes avec des mots de femmes.”
Masatoshi Inoue
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