1. Mouvements sociaux, campagnes, organisations non gouvernementales, organisations de communautés, organisations religieuses et militants du monde entier, se sont rassemblés à Nairobi, au Kenya pour le Forum Social Mondial 2007. Ensemble, nous sommes déterminés à stopper la domination du mécanisme de la dette. Il est inacceptable que les puissants du Nord demandent des centaines de millions de dollars chaque jour au Sud pour le paiement d’une dette qui a été formée lors de relations économiques injustes, qui ont appauvri le Sud et enrichi le Nord. L’endettement prive les peuples d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Asie de leurs droits fondamentaux : droit à l’indépendance, droit à l’autonomie politique mais aussi droit à la santé, à l’éducation et aux autres biens essentiels et services de base.
2. La crise de la dette n’est pas seulement un problème financier pour les pays du Sud. C’est aussi un problème politique basé sur des relations de pouvoir inégales. Le mécanisme de la dette continue d’être utilisé comme un instrument de contrôle au travers des conditionnalités des prêts et des annulations de dette. C’est une arme utilisée par les pays prêteurs et les institutions pour faciliter l’entrée des multinationales, pour renforcer leurs stratégies militaires et leurs politiques étrangères, pour assurer la sécurité des contrats favorables aux multinationales, pour promouvoir l’extraction des ressources naturelles des pays emprunteurs.
3. C’est aussi une responsabilité du Nord : Son inconscience, ses intérêts, ses prêts irresponsables ont favorisé cette crise. Les gouvernements riches, les multinationales, et les institutions comme le FMI, la Banque mondiale, l’OMC doivent reconnaître leurs responsabilités pour le rôle qu’ils ont joué dans la création et la poursuite de cette situation.
Nous reconnaissons aussi le rôle des gouvernements corrompus du Sud dans la création de cette dette. Ces gouvernements doivent restituer ces sommes volées aux peuples exploités du Sud.
4. Nous applaudissons les campagnes et militants norvégiens qui, travaillant en partenariat et en solidarité avec les pays du Sud, ont réussi à convaincre le gouvernement norvégien d’être le premier prêteur à annuler des dettes illégitimes. Dans un souci de justice, nous appelons les gouvernements du G8 et les autres créanciers à analyser leurs comptes et à reconnaître leurs responsabilités.
5. Nous savons que notre force repose sur l’engagement et la détermination des mouvements sociaux, campagnes et individus qui travaillent solidairement à travers le monde. Les mouvements sociaux doivent relever le défi de l’annulation de la dette. Il est fondamental que la crise de la dette soit connue de tous et qu’elle devienne un véritable sujet de débat. Notre engagement a abouti ces dernières années à quelques succès, notamment à l’annulation (mentionnée plus haut) de la dette par la Norvège ou à la réalisation d’audits publics en Equateur et dans d’autres pays. Nous, peuples, organisations, mouvements du Sud et du Nord, sommes déterminés à travailler et élever nos voix jusqu’à ce que notre appel pour la fin de la domination de la dette se réalise enfin.
6. Les souffrances humaines ont été causées par l’exploitation historique et continue des pays du Sud, le déséquilibre du pouvoir politique et économique et le ravage écologique dicté par des intérêts commerciaux et les politiques des gouvernements et institutions du Nord. Nous affirmons que le Sud est créancier d’une énorme dette historique, sociale, culturelle, politique et écologique. Cela doit être connu et faire l’objet d’une réparation et d’une restitution.
7. Nous exigeons des relations économiques justes entre les pays et à l’intérieur même de ces pays. Nous n’appelons pas à des initiatives contrôlées par les pays prêteurs pour faciliter la circulation des capitaux des pays pauvres, ou pour un allègement de dette sous conditions imposées par les institutions du Nord. Nous appelons les pays riches et puissants du monde à reconnaître qu’ils ont bénéficié de l’exploitation du Sud et ont échoué dans leur prise de responsabilité. Nous affirmons le droit des peuples à obtenir des gouvernements qu’ils rendent des comptes sur les tenants et aboutissants de leur dette. Nous appelons à des audits officiels et citoyens de la dette ainsi qu’à un audit citoyen des institutions financières internationales. Nous appelons à un contrôle social systématique de l’endettement public. Nous appelons à l’annulation inconditionnelle de la dette, à des restitutions et à des réparations. Nous soutenons les gouvernements qui ont choisi de répudier cette dette illégitime. Nous appelons à l’annulation totale de cette dette odieuse, illégitime, injuste et impayable.
Appel à des actions
1. Semaine d’actions globales contre la dette du 14 au 21 octobre 2007
Cette semaine marque :
le 15 octobre, le vingtième anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara (président du Burkina Faso)
le 16 octobre, la journée mondiale de l’alimentation
le 17 octobre, la journée mondiale pour l’éradication de la pauvreté
le 20 octobre, la journée mondiale de la jeunesse
le 19-21 octobre, la rencontre annuelle de la Banque mondiale et du FMI.
Cette semaine d’actions appelle les gouvernements du Sud à répudier la dette et les gouvernements du Nord à annuler cette dette.
2. Un jeûne pour protester contre la domination de la dette
40 jours de jeûne continu et tournant, du 6 septembre au 15 octobre (semaine d’actions) aux Etats-Unis.
« Un repas pour l’Afrique », proposition à concrétiser.
3. Utiliser les rencontres et les sommets des gouvernements pour appeler à l’annulation de la dette
Juin 2007, G8, mobilisations et communication médiatique en Allemagne et dans les autres pays (Sommet des peuples au Mali pendant le G8).
rencontre des chefs de gouvernement du Commonwealth, novembre 2007, mobilisation en Ouganda.
4. Appel pour des audits
audits officiels et citoyens de la dette et audit citoyen des institutions internationales financières.
5. Appel pour un appui des leaders et représentants
Appel aux élus, aux leaders religieux et autres leaders et représentants, du Sud comme du Nord, de s’associer à ces actions et à ces appels.