Crédit Photo : Par Central Intelligence Agency, Wikicommons
Le gouvernement nationaliste hindou du Bharatiya Janata Party (BJP) a procédé le 6 août à un véritable coup d’Etat constitutionnel en révoquant l’article 370 de la Constitution qui assurait l’autonomie de l’Etat du Jammu et Cachemire et en présentant un projet de loi qui envisage de couper en deux la région.
Détaché de sa partie orientale, le Ladakh, à majorité bouddhiste, le Jammu et Cachemire restant, dont la vallée de Srinagar à majorité musulmane dans le nord, perdrait son statut d’Etat confédéré pour devenir un « territoire de l’Union », entièrement dépendant de l’administration centrale de New Delhi. Cette annonce a été précédée d’un déploiement massif de troupes dans une région qui est déjà une des plus militarisées du monde, alors que les leaders politiques locaux étaient placés en résidence surveillée, les écoles fermées et toutes les communications, y compris internet et les lignes téléphoniques fixes, bloquées.
Même si dans les faits depuis les années 1990 l’intervention du gouvernement central dans cette région s’était accentuée, l’article 370 garantissait l’autonomie de la région, condition qui avait présidée au ralliement de cette zone frontalière avec le Pakistan à l’Etat indien au moment de l’Indépendance des deux pays. Le territoire reste cependant depuis lors disputé, avec la présence de mouvements séparatistes actifs.
La révocation de l’article 370 fait depuis longtemps partie des objectifs du BJP. Elle intervient au lendemain de la victoire sans appel de ce dernier lors des élections fédérales d’avril-mai dernier, qui a donné un second mandat au premier ministre Narendra Modi. Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, l’accroissement et la violence de la répression au Jammu et Cachemire ont entrainé une détérioration très sensible de la situation dans la province, donnant un nouveau souffle au mouvement de rébellion.
En cherchant à la mettre au pas de manière autoritaire, le BJP poursuit son projet de construction d’une nation hindoue, où les musulmans sont relégués au rang de citoyens de seconde zone. Jusqu’alors les législations empêchaient notamment les personnes non-originaires de la région d’y posséder des terres. Ces dispositions vont pouvoir être modifiées, ouvrant la voie à changement de la composition démographique et une hindouisation de la zone. Le gouvernement promeut aussi sa vision d’une Inde forte, affirmée au travers d’une belligérance marquée à l’égard du Pakistan, attitude qui lui a permis de faire oublier le très mauvais bilan économique de son précédent mandat et a fortement aidé sa réélection.
Correspondante