Surnommé « le boucher du Gujarat » pour son implication dans les pogroms anti-musulmanEs organisés en 2002 dans cet État qu’il dirigeait alors, Modi a fait sienne la rhétorique « antiterroriste » destinée à stigmatiser les musulmanEs et à flatter et renforcer les préjugés nationalistes hindous contre une communauté qui représente 14 % de la population de l’Inde.
La semaine dernière, les deux chambres du Parlement indien ont adopté une loi réformant le droit de la nationalité en Inde, présentée par Modi comme motivée par « un esprit de compassion et de fraternité ». Une loi qui facilite la naturalisation des Afghans, Banglandais et Pakistanais, qui sont nombreux à se réfugier en Inde, leur permettant d’acquérir la nationalité indienne au bout de cinq ans – au lieu de onze. Mais la « fraternité » a ses limites, puisque, comme le souligne Libération (12 décembre), « seuls les adeptes de six religions pourront en bénéficier : hindous, bouddhistes, chrétiens, sikhs, jaïns et zoroastriens. Toutes les grandes religions régionales, sauf l’islam. »
Une discrimination institutionnalisée qui a suscité de vives critiques, notamment chez les musulmanEs – mais pas seulement – qui voient un cap supplémentaire franchi dans l’imposition d’un ultranationalisme hindou et antimusulmanEs. À l’heure où ces lignes sont écrites, de nombreuses manifestations de protestation ont lieu, violemment réprimées par le pouvoir.
Julien Salingue