La justice marocaine a décidé d’accorder la liberté provisoire au journaliste et militant des droits humains Omar Radi, placé en détention la semaine dernière pour avoir critiqué sur Twitter une décision de justice, a indiqué mardi 31 décembre son avocat. M. Radi, 33 ans, « comparaîtra le 2 janvier en état de liberté », a dit à l’AFP Me Omar Benjelloun, confirmant des informations de presse. L’avocat n’a pas été en mesure de dire quand exactement le journaliste serait relâché.
Omar Radi a été arrêté jeudi 26 décembre pour un tweet publié en avril dans lequel il fustigeait le verdict d’un magistrat contre des membres du Hirak, un mouvement de contestation qui a agité le nord du Maroc en 2016 et 2017, condamnés à des peines allant jusqu’à vingt ans de prison. « Ni oubli, ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité ! », avait-il écrit, qualifiant le juge de « bourreau ».
Son procès a débuté le jour même de son arrestation et l’affaire a suscité une vague d’indignation dans le royaume, où des centaines de personnes ont manifesté samedi pour appeler à sa libération et à l’abandon des charges.
Une « atmosphère de plus en plus suffocante »
Dans une tribune publiée lundi dans le journal Le Monde, un collectif de journalistes, intellectuels, penseurs et artistes a dénoncé son emprisonnement « pour un tweet dénonçant l’injustice de la justice », qui « met en lumière des manquements graves à la liberté de la presse et d’opinion au Maroc ».
Omar Radi a collaboré avec plusieurs médias marocains et internationaux et publié des enquêtes remarquées sur l’économie de rente ou les collusions entre pouvoir et argent. Plus récemment, il a couvert les nombreux mouvements de contestation ayant agité des régions marginalisées du royaume.
Human Rights Watch a critiqué samedi l’arrestation de M. Radi et dénoncé une « atmosphère de plus en plus suffocante pour les journalistes, dissidents et artistes marocains qui prennent la parole sur les réseaux sociaux ». En l’espace de quelques jours au Maroc, un youtubeur a été condamné à quatre ans de prison pour « offense au roi », un lycéen a écopé de trois ans de prison pour une publication sur Facebook et un militant a été placé en détention pour une publication sur les réseaux sociaux.
Un nouveau code de la presse ne prévoyant plus de peines de prison est entré en vigueur en 2016 au Maroc, mais les journalistes continuent d’être poursuivis selon le code pénal, tout comme des internautes pour des écrits sur les réseaux sociaux.
AFP, 1er janvier 2020
Au Maroc, des centaines de manifestants contre l’arrestation d’un journaliste
Omar Radi a été placé en détention provisoire pour avoir critiqué sur Twitter une décision de justice. Il encourt jusqu’à un an de prison pour « outrage à magistrat ».
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi 28 décembre à Rabat pour dénoncer l’arrestation du journaliste et militant marocain Omar Radi, placé en détention pour avoir critiqué en avril sur Twitter une décision de justice. « Nous ne lâcherons pas », « Justice aux ordres », « Cet Etat est corrompu », ont scandé les manifestants devant le Parlement.
M. Radi, 33 ans, a été placé en détention jeudi et son procès a débuté le même jour. Le journaliste est jugé pour un tweet dans lequel il avait fustigé le verdict d’un magistrat contre des membres du Hirak, un mouvement de contestation qui a agité le nord du Maroc en 2016 et 2017, condamnés à des peines allant jusqu’à vingt ans de prison. « Ni oubli, ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité ! », avait-il écrit, qualifiant le juge de « bourreau ».
M. Radi encourt jusqu’à un an de prison pour « outrage à magistrat ». La prochaine audience aura lieu le 2 janvier. Il a collaboré avec plusieurs médias marocains et internationaux et publié des enquêtes sur l’économie de rente ou les collusions entre pouvoir et argent. En 2016, il a révélé une affaire d’acquisition de terrains de l’Etat à des prix dérisoires par des responsables, dont des conseillers du roi et des ministres. Plus récemment, il a couvert les nombreux mouvements de contestation ayant agité des régions marginalisées du royaume.
« Une atmosphère de plus en plus suffocante »
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a exhorté samedi les autorités marocaines à « libérer immédiatement le journaliste d’investigation primé ». « Sa détention et son procès injustifiés surviennent dans une atmosphère de plus en plus suffocante pour les journalistes, dissidents et artistes marocains qui s’expriment sur les réseaux sociaux », a déclaré dans un communiqué Sarah Leah Whitson, directrice Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW.
L’Association marocaine des droits humains (AMDH) a pour sa part fustigé une « campagne féroce de l’Etat contre la liberté d’opinion et d’expression ». En l’espace de quelques jours au Maroc, un youtubeur a été condamné à quatre ans de prison pour « offense au roi », un lycéen a écopé de trois ans de prison pour une publication sur Facebook et un militant a été placé en détention pour une publication sur les réseaux sociaux.
Un nouveau code de la presse ne prévoyant plus de peines de prison est entré en vigueur en 2016 au Maroc, mais les journalistes continuent d’être poursuivis selon le code pénal, au même titre que des internautes pour des écrits sur les réseaux sociaux. Dans son dernier classement annuel sur la liberté de la presse, Reporters sans frontières a classé le Maroc 135e sur 180 pays.
AFP, 30 décembre 2019
Au Maroc, la détention d’un journaliste confirme le durcissement contre les « voix dissidentes »
Le procès du journaliste Omar Radi, jugé en raison d’un tweet, doit reprendre le 2 janvier 2020 à Casablanca, alors que les condamnations pour « insulte à la police », « outrage au roi » ou « outrage au magistrat » se sont multipliées ces dernières semaines dans le pays.
Les appels à la libération d’Omar Radi se sont multipliés samedi 28 décembre, deux jours après l’arrestation de ce journaliste et militant des droits de l’homme marocain, accusé d’« outrage à magistrat ».
En avril 2019, il avait critiqué sur les réseaux sociaux le verdict de la cour d’appel de Casablanca. Celle-ci venait de confirmer des peines, allant jusqu’à vingt ans de prison, à l’encontre de 42 participants au « hirak », ce mouvement de contestation pacifique qui a bousculé le Rif marocain à partir de 2016.
Le procès d’Omar Radi, 33 ans, devant le tribunal de première instance de Casablanca s’est ouvert dès jeudi soir, quelques heures à peine après son arrestation. Au cours de cette première audience, la demande de remise en liberté provisoire formulée par ses avocats a été rejetée. La prochaine audience du procès est fixée au 2 janvier.
Placé en détention en vertu de l’article 263 du code pénal [1], il risque entre un mois et un an de prison. Au Maroc, cet article punit « quiconque, dans l’intention de porter atteinte à leur honneur, leur délicatesse ou au respect dû à leur autorité, outrage […] un magistrat, un fonctionnaire public, un commandant ou un agent de la force publique ».
Dans un communiqué, Reporters sans frontières « appelle à la libération immédiate et à ne plus poursuivre les journalistes sur la base du code pénal ». L’ONG Human Rights Watch, qui a assisté à la première audience du procès, relayait samedi le même message : « Critiquer des fonctionnaires est un droit, et personne ne devrait risquer la prison pour ce genre de conduite pacifique », estime Sarah Leah Whitson, la responsable de l’ONG pour l’Afrique du Nord, jugeant que l’épisode a « des relents de vengeance politique à l’encontre d’un type de journalisme et d’activisme critique ».
Journaliste d’investigation basé à Casablanca, Omar Radi avait témoigné des entraves à la liberté de la presse au Maroc dans le cadre d’un article du Comité pour la protection des journalistes, publié à l’été 2019.
Cet ancien collaborateur du journal en ligne marocain Le Desk y expliquait notamment avoir abandonné une enquête sur une affaire de corruption présumée impliquant le roi du Maroc, en raison des pressions exercées sur l’une de ses sources. Activiste, Radi fut aussi, un temps, vice-président de la branche marocaine de l’ONG Attac.
Omar Radi. © Le Desk
Le 18 avril dernier, des policiers de Casablanca avaient interrogé une première fois Omar Radi pendant plusieurs heures [2], après la publication d’une série de messages postés sur Twitter (un thread). Radi s’en était pris à un portrait qu’il jugeait trop empathique, publié par le journal Tel quel le 12 avril, de Lahcen Tolfi [3], le juge de la cour d’appel de Casablanca qui a confirmé les peines de prison du hirak.
Les policiers n’avaient pas repris contact avec Radi jusqu’au 25 décembre. L’interrogatoire mené le 26 décembre au matin, cette fois en présence de quatre avocats de Radi, n’a duré que trente minutes, selon le récit donné par l’un des avocats.
L’échange a porté sur un seul message, publié sur Twitter en avril, dans la foulée cette fois de la confirmation du verdict de 2018 : « Lahcen Tolfi, juge de la cour d’appel, bourreau de nos frères, souvenons-nous bien de lui. Dans beaucoup de régimes, les petits bras comme lui sont revenus supplier après en prétendant “avoir exécuté des ordres”. Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité ! »
Des manifestants du hirak aujourd’hui en prison disent avoir été condamnés, en 2018, sur la base de témoignages obtenus sous la torture policière [4].
« On reproche donc à Omar Radi d’avoir osé critiquer publiquement la justice, et plus spécifiquement le juge Lahcen Tolfi qui a eu les faveurs d’un portrait indulgent dans la presse. Plutôt un prétexte pour faire taire un journaliste qui agace le pouvoir… », s’indignait, vendredi, un journaliste du Desk, inquiet du durcissement en cours au Maroc : « Arrestations, condamnations et châtiments se multiplient contre les voix dissidentes. » Le cas d’Omar Radi n’est pas une exception. Il s’inscrit au Maroc dans une dynamique de fond.
Le youtubeur Mohamed Sekkaki a ainsi été condamné le 26 décembre décembre à une peine de quatre ans de prison ferme pour « outrage au roi » [5]. Quelques jours plus tôt, un lycéen de la région de Meknès a été de son côté condamné à trois ans de prison ferme pour avoir repris sur Facebook, selon la version du Desk, « 3acha Cha3b », (« Vive le peuple »), en écho à une chanson du rappeur Gnawi. Ce dernier avait lui-même été condamné, en novembre, à un an de prison ferme pour insulte à la police [6].
Dans un communiqué publié vendredi en soutien à Omar Radi, cinq ONG tunisiennes écrivent [voir ci-dessous] : « Le Maroc connaît une recrudescence des atteintes à la liberté d’expression, entraînant une augmentation du nombre de détenus en raison de l’expression de leurs opinions critiques à l’égard des autorités marocaines », s’inquiétant d’une « instrumentalisation du pouvoir judiciaire » dans le but de faire taire des opposants politiques au régime.
LA RÉDACTION DE MEDIAPART
• MEDIAPART. 28 DÉCEMBRE 2019 :
https://www.mediapart.fr/journal/international/281219/au-maroc-la-detention-d-un-journaliste-confirme-le-durcissement-contre-les-voix-dissidentes
Libertés – Cinq ONG tunisiennes dénoncent l’arrestation au Maroc du journaliste Omar Radi
Solidarité. Cinq ONG tunisiennes, dont le syndicat des journalistes tunisiens, ont dénoncé l’arrestation et les poursuites judiciaires engagées à l’encontre du journaliste Omar Radi en raison d’un tweet qu’il a publié il y a six mois dans lequel il a critiqué des décisions de justice rendues dans le procès des détenus du Hirak du Rif.
Dans un communiqué conjoint, les cinq ONG (le Syndicat des journalistes tunisiens, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, l’Association tunisienne pour la défense des libertés individuelles et l’Association vigilance pour la démocratie et l’État civil) ont affirmé suivre avec préoccupation les poursuites et les arrestations de ceux qui critiquent les verdicts sévères prononcés à l’encontre des activistes du Rif, dénonçant l’incarcération d’Omar Radi et appelant à sa libération immédiate.
« Le Maroc connaît une recrudescence des atteintes à la liberté d’expression, entraînant une augmentation du nombre de détenus en raison de l’expression de leurs opinions critiques à l’égard des autorités marocaines », relève le communiqué des ONG tunisiennes dénonçant ce qu’il a qualifié de « l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire » pour régler des comptes avec les critiques et les opposants.
Le journaliste Omar Radi a été arrêté et interrogé par les éléments de la Brigade nationale de la police judiciaire avant d’être déféré devant le procureur général du roi qui a décidé de le poursuivre en état d’arrestation.
Le journaliste risque jusqu’à un an de prison ferme, selon les disposition du code pénal marocain.
Article19.ma
• 28 décembre 2019 :
http://article19.ma/accueil/archives/121770
« Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité ! » : au Maroc, un journaliste en détention pour un Tweet
Jugé en vertu de l’article 263 du code pénal, Omar Radi, 33 ans, risque une peine d’un mois à un an de prison pour « outrage à magistrat ».
« Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité ! » Pour avoir écrit ces mots sur le réseau social Twitter en avril, le journaliste et militant des droits humains marocain Omar Radi a été placé en détention, jeudi 26 décembre. Jugé en vertu de l’article 263 du code pénal marocain, M. Radi, 33 ans, risque une peine d’un mois à un an de prison pour « outrage à magistrat ».
Arrêté jeudi matin, M. Radi a été entendu dans l’après-midi par la police judiciaire, qui l’a déféré devant le procureur. Ce dernier a alors décidé de le placer en détention, et son procès a débuté dans la foulée, au cours de la soirée. Lors de cette première audience devant le tribunal de première instance de Casablanca, les avocats du militant des droits humains ont demandé sa remise en liberté provisoire, ce qui a été rejeté par le tribunal. La prochaine audience a été fixée au 2 janvier.
Condamnation des ONG
Selon sa défense, le journaliste est poursuivi pour un Tweet qui fustigeait le verdict d’un magistrat contre des membres du Hirak, un mouvement de contestation sociale qui a agité le nord du Maroc en 2016 et 2017. Un juge de la cour d’appel de Casablanca avait alors confirmé des peines allant jusqu’à vingt ans d’emprisonnement pour quarante-deux membres de l’organisation. M. Radi avait alors commenté sur Twitter :
« Lahcen Talfi, juge de la cour d’appel, bourreau de nos frères, souvenons-nous bien de lui. Dans beaucoup de régimes, les petits bras comme lui sont revenus supplier après en prétendant “avoir exécuté des ordres”. Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité ! »
Son arrestation a suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, et a été dénoncée par Reporters sans frontières (RSF). Dans un communiqué publié vendredi, cinq ONG tunisiennes ont appelé à sa libération. Elles ont notamment condamné « des attaques en hausse contre la liberté d’opinion et d’expression et le nombre croissant des détenus en raison de leurs opinions critiques à l’égard des autorités marocaines ».
Un nouveau code de la presse ne prévoyant plus de peines de prison est entré en vigueur en 2016, mais les journalistes continuent d’être poursuivis selon le code pénal. Dans son dernier classement annuel sur la liberté de la presse, RSF a classé le Maroc 135e sur 180 pays.
AFP, 27 décembre 2019
Maroc : un journaliste emprisonné pour un tweet
Le journaliste marocain et militant des droits humains Omar Radi a été placé en détention après une décision du tribunal de grande instance de Casablanca pour “outrage à magistrat”. Son tort : avoir fustigé une décision de justice dans un tweet. Reporters sans frontières (RSF) appelle à sa libération immédiate et à ne plus poursuivre, sur la base du code pénal, les journalistes en raison d’actes liés à leur activité professionnelle.
Le Marocain Omar Radi, 33 ans, journaliste indépendant et défenseur des droits humains, connu pour être un critique virulent du roi du Maroc, a été placé en détention jeudi 26 décembre 2019 pour avoir publié un tweet le 5 avril 2019 critiquant le verdict d’un magistrat contre des membres du Hirak, un mouvement de contestation sociale qui a agité le nord du Maroc en 2016 et 2017. Un juge de la cour d’appel de Casablanca avait à l’époque condamné 42 membres du Hirak à des peines allant jusqu’à vingt ans d’emprisonnement. “Ni oubli, ni pardon pour ces fonctionnaires sans dignité”, avait alors tweeté le journaliste, qualifiant au passage les magistrats de “bourreaux”.
Le procureur du roi, saisi par la police judiciaire qui avait entendu le journaliste, a renvoyé le journaliste devant le tribunal de première instance de Casablanca. Ce dernier a considéré que ce tweet constituait un “outrage à magistrat”, délit passible d’une peine allant d’un mois à un an de prison selon l’article 263 du code pénal. Le journaliste a été immédiatement incarcéré. Le tribunal a rejeté quelques heures plus tard la demande de remise en liberté provisoire déposée par ses avocats. Sa prochaine audience a par ailleurs été fixée au 2 janvier.
Omar Radi, collaborateur régulier de médias marocains et internationaux, a signé plusieurs enquêtes ciblant le pouvoir et dans lesquelles il a mis à jour / a dénoncé des affaires de corruption. Il a, dernièrement, couvert nombre de mouvements de contestation à travers le royaume.
“Nous appelons à la libération immédiate d’Omar Radi, déclare RSF. Aucun journaliste ne devrait être jugé en vertu du délit de presse. RSF regrette que le Maroc continue de répondre aux délits de presse par des peines privatives de liberté à l’encontre de leurs auteurs. Ces dispositions font peser une épée de Damoclès sur la tête des journalistes marocains sous le joug du code pénal malgré la promulgation du nouveau code de la presse en 2016 qui a supprimé les peines de prison.”
Le Maroc se situe à la 135e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse en 2019.
Reporters sans frontières
• RSF. 27 décembre 2019 - Mis à jour le 30 décembre 2019 :
https://rsf.org/fr/actualites/maroc-un-journaliste-emprisonne-pour-un-tweet