Le Parti socialiste (PS) et Ségolène Royal admettent l’intérêt d’une relance du nucléaire civil. Le PS « s’oriente » vers le maintien du projet de construction de l’EPR, le réacteur de troisième génération qu’EDF doit mettre en service en 2012 à Flamanville (Manche), a annoncé Arnaud Montebourg, mardi 20 février sur Europe 1.
Le porte-parole de la candidate à l’Elysée avance trois raisons au revirement du PS. Celui-ci jugeait que l’EPR « ne correspond pas à un besoin réel et immédiat » et préférait attendre les réacteurs de quatrième génération, plus efficaces et plus propres (brûlant leurs déchets), mais opérationnels en 2040 seulement.
« UN OUTIL INDUSTRIEL QUI S’EXPORTE »
Lancé en 2004 par le gouvernement Raffarin, l’EPR est « une décision de l’Etat qui doit s’inscrire dans une forme de continuité », a indiqué M. Montebourg. C’est aussi « un outil industriel qui s’exporte », a-t-il ajouté avant de conclure sur l’argument écologique : il faut « d’abord lutter contre les émissions de gaz carbonique ».
De quoi rassurer le PDG d’EDF, pour qui le besoin de « renouvellement des compétences » est urgent dans un secteur qui n’a pas construit de réacteur depuis dix ans. Dans Les Echos du 22 février, Pierre Gadonneix souligne que « le nucléaire est un formidable atout pour la France ».
La Finlande doit opter prochainement pour un second EPR et le français Areva finalise la vente de deux réacteurs en Chine. De son côté, EDF a identifié quatre pays où elle veut les bâtir et les exploiter (Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Afrique du Sud).
Bruno Rebelle, ex-patron de Greenpeace en France et actuel conseiller de Mme Royal, n’a pas pu obtenir l’abandon de l’EPR. Dans une étude commandée au scientifique britannique John Large, le mouvement écologiste affirme qu’il sera « le réacteur le plus dangereux au monde », en raison de son combustible, le MOX, plus radioactif que l’uranium enrichi.
Greenpeace juge « prometteuses » les déclarations de Mme Royal mercredi soir
Greenpeace a salué jeudi les déclarations de Ségolène Royal à propos de l’EPR. L’association écologiste parle des propos tenus mercredi soir lors d’une conversation informelle entre la candidate, des militants et des journalistes, à l’issue d’une réunion publique dans le Calvados. Mme Royal a indiqué qu’elle considérait que la décision de construire le réacteur nucléaire de nouvelle génération avait été prise « sans véritable débat », estimant qu’il fallait « remettre à plat l’ensemble des données ».
« Cet engagement pour un moratoire de fait est prometteur, s’il permet effectivement la mise à plat de la politique énergétique française sur des critères objectifs et rationnels », a commenté Greenpeace, qui appelle les candidats à l’élection présidentielle à s’engager à renoncer au projet EPR, dont la construction doit débuter fin 2007. - (Avec AFP)