Mardi 28 janvier vous manifestiez de nouveau à Paris à l’appel de l’intersyndicale. Pourquoi cette nouvelle manifestation nationale ?
Thomas - Tout simplement parce que ça fait 8 mois que nos revendications sont au point mort. Et il y en a marre… Nous le répétons inlassablement : vu l’aggravation de la crise et l’augmentation de la pauvreté nos interventions d’assistance à personnes se multiplient et nous sommes dramatiquement en manque d’effectif.
Nous sommes confrontés aux mêmes difficultés que les personnels de santé ; nous sommes un des premiers maillons essentiels de la chaine des secours pour soulager les souffrances de la population mais nous manquons de moyens humains.
Nous attendions des réponses précises concernant nos revendications et il n’y a toujours rien de concret. Je me suis déjà exprimé sur ce sujet, je pense que le dialogue social c’est de la fumisterie. Nous n’aurons rien de positif sans construire un puissant rapport de force si possible en convergence avec les autres secteurs en lutte.
Pourtant le gouvernement annonce qu’il a donné satisfaction à vos revendications ?
Ces déclarations sont de la foutaise. Concernant la retraite nous sommes toujours au même point, les pompierEs n’ont pas eu gain de cause. Le gouvernement nous prend pour des imbéciles. Castaner annonce la possibilité de partir à en retraite à 57 ans mais cet acquis nous l’avions déjà, il n’y a donc aucune avancée sur le dossier retraite et l’âge pivot est toujours d’actualité et s’appliquera aussi aux sapeurs-pompierEs.
Comme d’habitude on nous promet des pseudos groupes de travail, de synthèses, un observatoire, etc. mais tout ça c’est de la poudre de perlimpinpin pour essayer d’endormir le mouvement. On s’en moque de la réunionite à répétition, nous exigeons l’augmentation des effectifs professionnels. C’est urgent, on ne lâchera rien et on va continuer !
Quant à l’augmentation de la prime de feu qui « devrait » passer de 19% à 25%, ce que les médias ne précisent pas c’est que ça reste soumis à la bonne volonté des départements et ces derniers nous rétorquent à longueur d’année qu’ils n’ont pas de budget… cherche l’erreur !
Et en plus ce processus est totalement injuste et révoltant : imaginons qu’un département plutôt riche applique l’augmentation de la prime de feu et qu’un département limitrophe plus pauvre ne l’applique pas ce serait quand même scandaleux. Pour nous, CGT, le mot d’ordre reste : même métier = même droits !
L’intersyndicale a pourtant annoncé la suspension du mouvement ?
L’intersyndicale est composée de huit organisations syndicales : CGT, SUD, fédération autonome, FO, UNSA, CFDT, CFTC, CGC. L’unité est toujours un combat. Pour plus d’efficacité nous avons essayé de garder le cadre unitaire (nous étions environ 10 000 pompierEs en manif à Paris) mais malheureusement nous n’avons pas la même stratégie pour gagner.
En effet la CFDT, l’UNSA, la CFTC et la CGC ont rapidement souhaité une pause après les négociations avec le ministère de l’Intérieur (ce n’est pas vraiment un scoop !) mais pas les autres syndicats et nous préparons un nouveau préavis de grève. Pour info, nous savons que des syndiquéEs de base de la CFDT et de l’UNSA contestent fortement leurs directions et c’est plutôt bon signe pour la suite du mouvement. On nous reverra dans les jours qui suivent dans la rue en défense de notre système de retraite par répartition, c’est certain !
La manifestation a été très tendue, il y a eu des manifestantEs blesséEs ?
Oui la manif a été très tendue et d’ailleurs beaucoup de vidéos tournent sur le net. La manifestation a été violemment réprimée par les forces de l’ordre. Une bonne trentaine de camarades ont malheureusement été blésséEs par des coups de matraque, gaz lacrymogènes, canon à eau, grenades assourdissantes et même explosives. Beaucoup de blessures aux jambes. Un camarade a été grièvement blessé par un tir de LBD à l’arrière de la tête.
À ma connaissance cinq camarades ont été interpellés, j’en profite pour dire que nous exigeons leur libération immédiate sans aucune sanction disciplinaire. Nous resterons vigilants. Les provocations policières dans toutes les manifestations sont insupportables.
Le préfet de police de Paris, Didier Lallement a déploré l’attitude « très agressive » des pompiers. Quelle est ta réponse ?
Je n’ai pas de réponse particulière, nous ne sommes pas du même côté de la barricade…
Propos recueillis par notre correspondant