Amazon ment et continue de profiter de la crise
https://reporterre.net/Amazon-ment-et-continue-de-profiter-de-la-crise
Vivement critiquée pour avoir profité de la crise du Covid-19 (voir article ci-dessous), Amazon a cherché récemment à modifier son image.
Samedi 21 mars, elle a annoncé officiellement vouloir concentrer « les capacités disponibles sur les articles les plus prioritaires et temporairement cesser de prendre des commandes sur certains produits moins prioritaires en France et en Italie ».
De nombreux journaux ont repris tel quel le communiqué, offrant un beau coup de pub à la multinationale. Mais, en réalité, sur le terrain, la situation ne semble pas avoir changé. Les travailleurs sont toujours soumis à de fortes cadences et à des risques sanitaires.
À Brétigny, des cas de Covid-19 viennent d’être détectés, à Sevrey, Lauwin-Planques et Boves également.
Dans l’ensemble des entrepôts, les commandes continuent pourtant d’augmenter, d’après les syndicalistes.
Contacté par Reporterre, Julien Vincent, délégué syndical CFDT au sein d’Amazon France Logistique, dénonce « une escroquerie, une vaste manipulation » : « Malgré les promesses auprès des autorités et le plan de communication mis en place par Amazon, voici la réalité des faits au sein des entrepôts en France : de nombreux cas suspects et malades se déclarent chaque jour, les entrepôts sont de vrais bouillons de culture avec leurs centaines de salariés se croisant tous les jours. ». Pour lui, « la direction d’Amazon fait tout son possible pour cacher cette situation, elle continue de privilégier ses ventes au détriment de la santé de ses employés »
Même constat au sein de l’association des Amis de la Terre.
Selon Alma Dufour, « Amazon n’a pas stoppé ses activités dites non prioritaires : elle n’arrête pas ses livraisons pour les produits textiles, les jeux vidéos ou la bureautique. Les délais se sont juste étendus. Il faut désormais huit jours pour se faire livrer une robe à domicile contre deux auparavant », affirme la chargée de campagne.
https://www.amisdelaterre.org/communique-presse/coronavirus-amazon-continue-de-livrer-des-produits-non-essentiels-et-de-mettre-en-danger-ses-salaries/
Les Amis de la Terre constate que « l’entrepôt de Sevrey, exclusivement destiné à la vente d’articles d’habillement, tourne encore à plein régime ».
Dans un communiqué, la direction d’Amazon le reconnaît explicitement, « nous restons mobilisés pour vous servir », écrit Frédéric Duval, le directeur général. « Comme toujours, vous pouvez commander et recevoir tous les articles affichés comme disponibles sur Amazon.fr. Bien que certains délais puissent être allongés, nous continuons d’assurer vos livraisons.Nous sommes à vos côtés pour prendre soin de vous et de vos proches ».
Cette situation fait polémique au sein même de l’entreprise.
Au cœur de la crise, deux cadres haut placés d’Amazon en France ont démissionné lundi 23 mars, dont la directrice du centre de Saran, près d’Orléans.
https://www.europe1.fr/societe/info-europe-1-deux-cadres-damazon-demissionnent-en-pleine-epidemie-de-coronavirus-3957344?fbclid=IwAR1vO4MetDhUQp_92ebDz4m3OiBloYzOQIsF577AIi0T-Ksy68D1s-sDywo
Pour les syndicats, ces deux départs reflètent le malaise qui gagne certaines strates de l’entreprise alors qu’elle profite largement des mesures de confinement et de la fermeture des commerces physiques.
Selon la CGT, « l’action d’Amazon a gagné 200 euros en une semaine.
https://www.facebook.com/lacgt71amazonlogistique.fr/photos/a.300206553479593/1532504246916478/?type=3&theater
Jeff Bezos possède 80 millions d’actions à lui seul. Le président de la République dit qu’on est en guerre et comme dans toute guerre, il y a des profiteurs de guerre », déclare-t-elle.
D’ailleurs, aux États-Unis, malgré ses profits,Amazon a lancé un appel aux dons individuels pour compléter son fonds destiné à payer les arrêts maladies des salariés contaminés.
https://twitter.com/Conflits_FR/status/1242499335344082945
Pour Amazon, le coronavirus est une affaire très profitable
https://reporterre.net/Pour-Amazon-le-coronavirus-est-une-affaire-tres-profitable
La crise sanitaire et le confinement d’une partie de la population mondiale profitent largement au géant du commerce électronique. Qui entend se rendre incontournable aux yeux des États. Et faire oublier qu’il est un champion de l’évasion fiscale.
Le cours de la bourse de l’action Amazon a bondi de 12 % en une semaine. Partout ailleurs, les indicateurs des grandes entreprises s’effondrent, la récession menace. Mais le géant du commerce en ligne semble imperturbable. Il surfe sur la crise avec des profits records. Les commandes explosent et ses travailleurs subissent des cadences toujours plus soutenues pour livrer les populations cloîtrées chez elles.
« À mesure que le Covid-19 s’est répandu, nous avons vu une hausse du nombre de personnes qui achètent en ligne », écrit l’entreprise de Jeff Bezos dans un billet de blog, samedi 14 mars. « Nos besoins en personnel sont sans précédent pour cette période de l’année », précise-t-elle.
Aux États-Unis, Amazon prévoit d’embaucher 100.000 intérimaires. Elle se présente comme un acteur essentiel et presque vital du confinement.
« Dans ce contexte d’épidémie, notre entreprise peut aider la collectivité d’une manière qui est à la portée de peu d’entreprises en livrant aux clients les produits dont ils ont directement besoin devant leur porte, déclare-t-elle dans un courriel adressé à ses salariés que Reporterre a pu se procurer. Nous sommes conscients qu’il s’agit d’une situation exceptionnelle qui génère une augmentation des besoins de nos clients. »
Parcourir le site internet de la multinationale donne un bon reflet de l’époque que nous vivons. Ses étals virtuels révèlent nos angoisses et nos pulsions de consommation.
Les masques, les gants et les thermomètres infrarouges sont en tête de vente. Dans le rayon mode, on s’arrache les blouses blanches.
Pour les enfants, feutres de coloriage et cahiers de devoir font partie des meilleures ventes.
La peur de la pénurie est palpable. Les clients achètent en masse des carafes pour filtrer l’eau, des piles électriques ou des congélateurs.
« En ce moment, Amazon se fait un pognon de dingue »
Peu d’achats relèvent de produits de première nécessité. Selon la CFDT Amazon, « le textile, les articles de maison et l’électronique représentent les plus gros volumes de marchandises. L’alimentaire pèse pour moins de 1 % des ventes », dit à Reporterre son porte-parole, Julien Vincent.
Même constat à la CGT : « La direction nous a dit que la vente de jeux vidéos a augmenté de 200 % et celle des outils de bureautique de 362 %. En ce moment, Amazon se fait un pognon de dingue », dit un membre du syndicat.
« Depuis une semaine, je ne charge que des DVD, des livres, des chargeurs de téléphone ou des objets sexuels, parfois un paquet de chips », raconte
Christophe Néant, salarié sur le site d’Amazon à Montélimar (Drôme). « Bref, rien d’essentiel mais on nous fait travailler comme des fous. »
Les commerces physiques ayant fermé, la multinationale bénéficie d’un effet d’aubaine et se retrouve avec beaucoup moins de concurrents. « Cette situation permet à Amazon d’asseoir son pouvoir, elle profite de la crise sanitaire », estime Marie-Aube Ruault, adhérente au Syndicat de la librairie française, une profession qui a dû fermer tous ses magasins à cause du coronavirus. « Si la vente de livres en librairie n’est pas indispensable à la vie de la nation, pourquoi la vente de livres par Amazon l’est-elle ? », s’interroge le syndicat dans un communiqué.
A lire
https://reporterre.net/L-empire-d-Amazon-s-etend-en-France-l-enquete-de-Reporterre
D’autres articles concernant Amazon sont disponibles sur le site ESSF
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?page=mot&id_mot=9615