Dans sa lutte contre la pandémie de Covid-19, il est une notion que le gouvernement kényan a réussi à imposer avec succès : la peur. En plus de la violence des forces de l’ordre chargées de faire respecter les restrictions de déplacements, les Kényans ont appris ces dernières semaines à craindre le placement en quarantaine, effectué à leurs frais.
Conséquence : la stratégie de tests massifs que tentent aujourd’hui de mettre en place les autorités fait un flop. Pour tenter d’inverser la tendance, le gouvernement vient d’annoncer qu’il prendrait désormais en charge les coûts liés à la mise en quarantaine. Mais regagner la confiance des citoyens risque de prendre du temps après plus d’un mois de polémiques.
100 dollars la nuit d’hôtel
Dès la fin mars, le gouvernement annonce que tous les individus posant le pied sur le sol kényan de retour de l’étranger devront passer quatorze jours en quarantaine à leurs frais. À l’aéroport de Nairobi, des Kényans de retour chez eux, forcés de payer jusqu’à 100 dollars la nuit d’hôtel, tentent de résister, rapporte le Standard.
Quelques jours plus tard, la colère monte encore quand la quarantaine est prolongée de quatorze jours supplémentaires dans les centres où des confinés ont été testés positifs. Depuis la mi-mars, quelque 2 000 personnes ont été placées à l’isolement.
Les personnes de retour de l’étranger ne sont pas les seules à être placées en quarantaine à leurs frais. Sont également concernés des individus ayant été en contact avec des cas positifs, ainsi qu’une partie de ceux arrêtés pour avoir violé le couvre-feu ou les règles de distanciation sociale.
Des factures impossibles à payer
En plus du coût, les conditions sanitaires dans les centres sont dénoncées, comme le rapporte la BBC le 20 avril. Deux jours plus tard, le plus grand journal du pays, le Daily Nation, publie une vidéo montrant plusieurs individus s’échappant d’un centre à Nairobi. “Nous savons qui vous êtes et nous vous retrouverons”, menace le président.
Fin avril, le Daily Nation raconte l’histoire d’une mère de famille transformée en “mendiante”, incapable de payer les 1 400 euros que s’apprête à lui coûter sa quarantaine forcée. Souffrant d’hypertension, elle arrive au bout de son traitement et ne possède aucun moyen de renouveler ses médicaments, coupée de tout : “Ils me tuent au lieu d’aider”, confie-t-elle au journal. Les témoignages de personnes retenues de force au-delà des quatorze jours de quarantaine faute de pouvoir payer la facture se multiplient.
La menace comme politique
Dans le même temps, le gouvernement s’efforce de déployer une stratégie massive de tests. Mais, à Mombasa notamment, les officiels s’inquiètent de voir peu de gens se porter volontaires, note le Standard. Le 6 mai, le gouvernement annonce finalement qu’il prendra désormais en charge le coût de la quarantaine dans les institutions publiques, annonce le Daily Nation. “La mesure est destinée à encourager plus de Kényans à se faire tester alors que beaucoup craignent d’être forcés à payer la facture des centres de quarantaine s’ils étaient testés positifs”, note le journal.
Malgré l’annonce, les tests restent impopulaires dans la région de Mombasa où le nombre de morts augmente rapidement, rapporte dans un autre article le Daily Nation. “Les gens tombent malades à la maison et ne se font pas connaître auprès des structures de santé. Nous sommes également confrontés à une résistance à se faire tester sur la côte”, confirme, dimanche 10 mai, le ministre de la Santé Mutahi Kagwe.
Cependant, plutôt que de rassurer, il a, une fois encore, agité la menace pour tenter de convaincre : “Si quelqu’un est malade et que vous essayez de le cacher […], vous aurez des problèmes.”
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Mathilde Boussion
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