Il s’agit d’un rapport élaboré à la demande du ministère de l’Intérieur sur la stratégie à adopter durant les différentes étapes du déconfinement en cours ainsi que pendant les mois qui suivront.
L’Espagne est toujours sous le régime de l’état d’urgence décrété le 14 mars – et renouvelé régulièrement par un vote des députés –, mais elle est entrée lundi 11 mai dans la phase I de déconfinement, qui autorise certaines activités, toujours avec d’importantes restrictions cependant.
Le document, signé par le plus haut responsable du commandement opérationnel de la garde civile – l’équivalent de la gendarmerie française –, a largement “fuité” dans la presse. “La garde civile met en garde contre de possibles ‘troubles’, voire des actes de ‘sabotage’ pendant la période de déconfinement”, titre ainsi El Periódico de Catalunya.
Le rapport, poursuit ce journal, “considère qu’il existe une ‘forte possibilité’ que des ‘mouvements sociaux’ se produisent en Espagne après le déconfinement et avertit que ‘pourraient avoir lieu de manière ponctuelle des manifestations ou des troubles à l’ordre public’. Selon le rapport, des ‘actes de sabotage contre des infrastructures stratégiques ou des bâtiments liés à des partis politiques’ ne sont pas à exclure.”
1,5 million d’emplois détruits
L’une des raisons de ce panorama résiderait dans la difficile situation économique et sociale que traverse le pays et qui ne pourra guère s’améliorer dans les mois qui viennent. Le document continue :
“Les restrictions économiques provoquées par l’état d’urgence ont gravement affecté l’économie espagnole. Et l’éventuelle crise économique à venir risque de se répercuter sur les citoyens les plus défavorisés, dont les besoins essentiels ne seraient plus assurés.”
Près de 1,5 million d’emplois ont été détruits depuis le début de l’état d’urgence – un chiffre qui ne prend pas encore en compte le mois de mai –, et les prévisionnistes estiment que le taux de chômage pourrait atteindre près de 19 % d’ici la fin de l’année – contre 14 % à la fin 2019.
“La garde civile met en garde contre la ‘forte probabilité’ d’émeutes dues à la crise économique entraînée par le Covid-19”, titre de son côté le quotidien El País, qui souligne également un autre aspect du rapport, l’augmentation plus que probable de la délinquance, après une forte baisse due au confinement.
Et de citer le rapport : “Les chiffres de la délinquance – petite ou organisée – risquent d’augmenter, du fait du besoin de revenus des délinquants.”
Des sources internes de la garde civile ont cependant nuancé ce sombre tableau : le rapport n’est en aucun cas une prévision fiable mais plutôt une synthèse d’hypothèses de travail.
Le quotidien ABC cite l’une de ces sources :
“Nul ne peut dire que la garde civile sait que ces choses vont se produire, car personne n’en sait rien. Il s’agit simplement d’anticiper, d’envisager toutes les éventualités, y compris les plus graves… Comme toujours, d’ailleurs.”
Courrier International
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