Inquiet de la tournure des événements en Amérique latine, soucieux de redorer son image dans la région, George W. Bush a effectué une tournée dans cinq pays du continent, dont le Brésil de Lula, symbole de la gauche raisonnable, soucieuse des intérêts des capitalistes et de la mondialisation néolibérale.
En Colombie, 20 000 soldats et 7 000 policiers ont été mobilisés pour assurer la visite de Bush. Le président de Colombie, Àlvaro Uribe, a reçu un chèque de quatre milliards de dollars d’aide pour sa guerre contre les guérillas de gauche, FARC en tête. Dans un pays qui vient d’emprisonner neuf députés de la coalition majoritaire pour collaboration avec les guérillas d’extrême droite et le narcotrafic, la défense de la démocratie en prend un sérieux coup. L’étape suivante l’a mené au Mexique, où il a adoubé le président Calderon qui ne doit son élection qu’à une fraude massive contre le candidat de gauche, Lopez Obrador.
C’est pourtant Hugo Chavez qui aura volé la vedette à Bush aux yeux des peuples latino-américains. Le président vénézuélien a organisé une contre-tournée face à celle du « diable », comme il appelle le président des États-Unis. Il a ainsi harangué Bush lors d’une contre-manifestation à Buenos Aires, à quelques kilomètres seulement de Montevideo où se trouvait Bush. Tandis que « Mister Danger » (autre sobriquet donné par Chavez à Bush) appuyait Uribe, Chavez était l’invité de Evo Morales, à El Alto en Bolivie. Devant des milliers de Boliviens, il a dénoncé « les plans de conspirateurs de l’Empire contre nous [Ndlr : les Latino-Américains] » et mis en garde contre les conséquences qu’auraient des tentatives d’assassinats contre Morales ou sa personne. « Une grande bataille a commencé [...] pour nous libérer et conquérir enfin notre indépendance qui n’a pas encore été réalisée », a-t-il dit.
Chavez s’est rendu enfin au Nicaragua pour tenter de faire basculer Ortega dans l’autre Amérique, alors que le nouveau chef de l’État a d’ores et déjà nommé comme vice-président un ancien chef de la contra, ouvertement allié des États-Unis.