Ils étaient plusieurs milliers mardi 11 août à Bamako, relate L’Indépendant, à répondre pour la quatrième fois à l’appel du [mouvement d’opposition] M5-RFP et de son autorité morale, l’imam Mahmoud Dicko pour réclamer “la démission du président IBK [Ibrahim Boubacar Keïta] et de son régime”.
Après les interventions des ténors du mouvement devant une foule déterminée, il a été décidé que le rassemblement s’étendrait sans discontinuer sur l’ensemble du territoire national jusqu’à atteindre l’objectif fixé.
“IBK dégage ! IBK assassin, démission, IBK écoute ton peuple et laisse l’homme de la France”, tels étaient les messages scandés par certains jeunes manifestants, rapporte encore L’Indépendant. La France, dont l’imam Mahmoud Dicko a ouvertement mis en cause l’ingérence dans la crise malienne, a été ciblée par les protestataires, qui scandaient :
“Stop à l’ingérence française au Mali ! la France doit nous respecter. La Russie, espoir du Mali, Poutine : la solution !”
La France montrée du doigt
Des critiques à l’encontre de Paris reprises et amplifiées dans la presse d’opposition. Pour le quotidien L’Informateur, “la France promène ses brodequins dans la crise politique malienne. […] La France n’est nullement dans une logique de partenariat gagnant-gagnant mais s’efforce de maintenir une politique d’exploitation de ses ex-colonies. D’où son acharnement à conserver coûte que coûte le Premier ministre Boubou Cissé dans ses linges de chef du gouvernement.”
Le gouvernement actuel est donc l’autre cible des manifestants. L’Informateur poursuit sa charge : “Paysans sans terre, humiliés, enseignants sevrés d’écoles, victimes de l’insécurité endémique, jeunes diplômés sans emploi, tous ont dénoncé l’odieuse gestion du Mali […]. Le président de la République et son Premier ministre gémissent quand les populations battent le pavé, mais ils se moquent éperdument de l’amélioration des conditions de vie des citoyens.”
Une issue incertaine
En fait, analyse Le Pays, “chaque camp campe sur ses positions. D’un côté, le pouvoir malien donne l’impression de vouloir couper l’herbe sous le pied de l’opposition à travers des concessions à minima […]. De l’autre, les contestataires exigent la démission du président IBK, doublée, depuis quelque temps, de celle du Premier ministre, Boubou Cissé. La question maintenant est de savoir jusqu’où ira le bras de fer entre IBK et la rue. Et bien malin qui pourrait en prévoir l’issue.”
La médiation sous-régionale, qui n’est pour l’instant pas parvenue à faire baisser les tensions, est conspuée par la presse. Pour le site d’information Wakat Séra :
“[L’organisation sous-régionale] est une communauté bien amnésique qui, tout en se proclamant Cédéao des peuples, abandonne toujours les populations aux mains de fer de dirigeants dévots de la corruption, du népotisme, de la mal gouvernance, des atteintes aux libertés d’expression et autres droits de l’homme, des tripatouillages des Constitutions, etc. Érigée en syndicat des chefs d’État, elle ne sort son glaive menaçant que lorsque le fauteuil d’un des siens est en péril. Il ne suffit pas de brandir une possible mue du Mali en république islamique pour empêcher le peuple malien de prendre son destin en main.”
Frédéric Couteau
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