Au cours du printemps et de l’été 2020, trois cas ont attiré l’attention sur la loi sur le blasphème qui existe au Nigeria, loi au nom de laquelle un tribunal charia (religieux) a prononcé la peine de mort dans l’Etat de Kano.
– En avril, Mubarak Bala, Président de l’Association humaniste du Nigeria a été arrêté dans sa résidence à Kaduna et amené à Kano par la police de Kano ; c’est là qu’eut lieu son procès par un tribunal charia ( religieux) qui l’a condamné à mort pour blasphème. Avant son arrestation, il avait reçu des menaces de mort de la part d’intégristes musulmans. Bala n’a pas pu bénéficier d’un avocat pour sa défense.
– En août, Yahaya Aminu Sharif, 22 ans, chanteur appartenant à la confrérie religieuse Tidjania, a été arrêté à Kano et déféré devant un tribunal charia. Il avait chanté les louanges d’un érudit sénégalais appartenant à sa confrérie en termes qui auraient été offensants pour le prophète de l’islam . Aminu Sharif n’a pas eu accès à un avocat. Une foule a incendié la maison de sa famille, dont les membres ont été forcés de fuir pour sauver leur vie. Ses avocats pro bono ont été menacés et interdits de le voir.
– En août, un garçon de 13 ans, Umar Farooq, a été puni de 10 ans de prison pour blasphème, pour avoir usé d’un langage inapproprié envers dieu lors d’une querelle avec un autre enfant. On se sait pas s‘il a pu être assisté par un avocat.
Tout récemment, leurs cas respectifs ayant fait l’objet d’une exposition nationale et internationale, les avocats de messieurs Bala et Aminu Sharif ont finalement pu interjeter appel de la peine de mort, bien qu’il ne soit pas encore clair s’ils ont pu ou non rencontrer leurs clients.
De façon tout à fait remarquable, la société civile au Nigeria a réagi avec beaucoup de courage et diverses sections de la société ont entrepris des actions pour protester contre les sentences de mort.
Des croyants musulmans et des organisations confessionnelles ont souligné que bien que le Coran condamne le blasphème, il prône également la clémence et le pardon, exigeant donc des juges que les accusés de blasphème soient pardonnés et que leur vie soit sauve.
En même temps, des organisations laïques demandaient que les jugements soient rendus par un tribunal laïque et que la loi sur le blasphème soit abolie, en conformité avec les engagements du Nigeria vis à vis de la loi internationale de droits humains et les Conventions des Nations Unies.
Nous, soussignés, exprimons notre plus profonde solidarité avec les accusés, et soutenons sans réserve toutes les forces progressistes à l’intérieur du Nigeria qui demandent que toutes les charges soient abandonnées et que les accusés soient libérés., ainsi que l’abolition de la loi sur le blasphème.
Nous demandons à l’Etat Fédéral du Nigeria de prendre la responsabilité de traduire dans les faits ses obligations sous la loi internationale et de garantir à tous les citoyens la sécurité et un traitement égal devant la loi.
LIBEREZ Mubarak Bala
LIBEREZ Yahaya Aminu Sharif
LIBEREZ Umar Farooq
#FreeMubarakBala
#FreeYahayaAminuSharif
#FreeUmarFarooq
#EndBlasphemyLaws
#BlasphemyNotACrime
Signé par :
DJAZAIROUNA
GREFELS : Groupe de Recherche sur les Femmes et les Lois au Sénégal / Research Group on Women and the Law in Senegal
ONE LAW LAW FOR ALL
SACW : South Asia Citizens’ web
SIAWI : Secularism Is A Women’s Issue
VILAF : Vision Laïque Africaine
WICUR : Women’s Initiative for Citizenship and Universal Rights