Il était promis par les sondages à une défaite humiliante. Le Parti du peuple indien (BJP, droite nationaliste hindoue) du Premier ministre Narendra Modi a finalement “sauvé la mise” aux élections régionales du Bihar, mercredi 11 novembre, indique l’Hindustan Times. Après un dépouillement interminable, cet État de 124 millions d’habitants, figurant parmi les plus pauvres de l’Inde, a de nouveau confié pour cinq ans son destin à la figure tutélaire locale, Nitish Kumar, ancien ministre fédéral des Chemins de fer et de l’Agriculture.
Âgé de 69 ans, ce dernier dirige le gouvernement du Bihar depuis 2005, sous les couleurs du Janata Dal (United), une formation alliée au BJP. Ensemble, ces deux partis ont remporté 125 sièges sur 243. “Les électeurs du Bihar ont redonné leur confiance (à cette alliance), en dépit des nombreuses voix qui, sur le terrain, manifestaient leur mécontentement en raison des difficultés rencontrées par les travailleurs migrants revenus dans la région pendant le confinement contre l’épidémie de Covid-19”, observe le journal.
La popularité de Modi
Dans le camp des perdants, une coalition emmenée par un autre parti régional, le Rashtriya Janata Dal, et représenté par un homme âgé de 31 ans, Tejashwi Yadav, on note que le Parti du Congrès de la dynastie Nehru-Gandhi est tombé “à un niveau abyssal”, avec une victoire “dans seulement 25 % des circonscriptions” où il concourait.
“N’en déplaise à ses détracteurs, la popularité de Modi semble être un élément stable de la politique électorale du BJP. Le nom de Modi est aujourd’hui une marque. Et comme une marque, il peut être utilisé n’importe où, dans n’importe quel contexte, et contre n’importe quel adversaire”, estime l’Indian Express. C’est naturellement “une excellente nouvelle” pour le BJP. Mais cela devrait aussi “inquiéter les principaux stratèges” du parti. Car le jour où Modi échouera, la stratégie électorale du BJP “s’effondrera aussitôt”.
Une emprise géographique
Le résultat inattendu au Bihar illustre en outre “les avantages et les inconvénients” des coalitions, dont le BJP use comme “tactique temporaire” et qui représentent à l’inverse, pour les partis régionaux, “leur seul moyen de survie”. D’après Scroll, il n’est reste pas moins curieux que les Indiens qui ont “énormément souffert du confinement” au printemps 2020, au Bihar sans doute plus qu’ailleurs, “ne punissent pas celui qui en a été l’artisan, à savoir le BJP”.
Idem aux élections partielles qui viennent de se tenir simultanément au Madhya Pradesh, au Gujarat, en Uttar Pradesh et même au Telangana où il est quasiment inexistant : à chaque fois, “le BJP, loin de reculer, a élargi son emprise géographique”.
L’une des explications possible est que la population considère “que Modi a agi comme il le fallait contre le coronavirus”. Mais plus probablement, les succès électoraux des nationalistes hindous viennent “de la confiance que les électeurs indiens ont en Modi”, grâce à un parti qui s’appuie sur “une organisation redoutable” et qui “contrôle” de facto la plupart des médias du sous-continent, analyse Scroll.
Guillaume Delacroix
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