Le protocole établi en 2005 prévoyait que le branchement des méthaniers soit effectué par les agents du port, conjointement avec ceux de GDF. Mais la direction de GDF n’a pas accepté ce cadre, sur lequel l’État s’était pourtant engagé, pour la mise en place du nouveau port méthanier de Fos.
Prétextant des raisons de sécurité, le préfet des Bouches-du-Rhône, par ailleurs représentant de l’État au conseil d’administration du PAM, a confié les branchements en totalité à GDF. Certes, le déchargement du gaz naturel liquéfié, qui est à -160 °C, pose des questions de sécurité et demande des compétences particulières. Mais les agents du port sont formés et travaillent déjà sur des produits spécifiques comme le gaz de pétrole liquéfié (GPL) à - 60 °C et une cinquantaine d’autres produits dangereux et extrêmement inflammables. La question posée était donc celle de l’engagement de GDF à leur assurer une nouvelle formation.
La proposition de la CGT du port était de maintenir l’intervention des agents portuaires sur la partie qu’ils maîtrisent (branchement, débranchement et maintenance) et, pour le reste, de laisser la responsabilité du processus à GDF. Mais ce conflit avait pour autre enjeu l’accord du PAM avec la multinationale CGM-CGA pour la privatisation, dès 2008, du futur terminal. Marseille est un des seuls ports d’Europe où les opérations sont effectuées par des agents sous statut public et où les activités de déchargement sont des missions de service public. Accepter la décision de GDF, c’était céder à la volonté patronale de transformer le port en zone industrielle et commerciale de statut privé et permettre la privatisation des emplois.
Le Medef et les médias à son service n’ont pas été avares de désinformations en essayant de ridiculiser ce conflit portant sur « même pas un emploi », alors qu’il s’agissait de la défense du cadre public d’une activité. Pourtant, malgré le chantage totalement infondé à la « pénurie de carburant », malgré les menaces sur l’arrêt d’activités dont seule la CGT aurait porté la responsabilité, les employés s’apprêtaient à durcir et étendre le conflit, et c’est pour cela que la direction de GDF et le gouvernement ont cédé. Le contexte préélectoral n’y est certes pas étranger, mais c’est surtout la résistance et la détermination des travailleurs du PAM qui a rendu possible cette sortie victorieuse du conflit.
Ce succès doit en appeler d’autres et les nombreuses luttes en cours sauront y puiser force et détermination : patronat et gouvernement ne sont pas toujours vainqueurs.