Les quelque 4 299 délégués, invités et officiels participant au Congrès du Parti communiste vietnamien (PCV), l’événement politique le plus important du pays, ont été testés deux fois au Covid-19 avant le début des travaux le 25 janvier, signale le site d’information officiel VnExpress.. Une manière de limiter les risques et d’éviter de mettre en péril le succès du Vietnam face à la propagation du virus.
“Hanoï n’a pas connu de transmission locale durant les cinq derniers mois. Dans les lieux publics, les masques sont obligatoires”, explique Tuôi Tre,le journal de la Fédération de la jeunesse vietnamienne. Mais, comme le constate Nikkei Asia, la vie a repris son cours normal, très loin des vagues de reconfinement que connaît le continent européen.
Le contraste “pourrait difficilement être plus fort entre ‘la vie à l’intérieur’ du pays et ce qui se passe à ‘l’extérieur’. Ailleurs, les hôpitaux sont pris d’assaut et les familles vivent recluses la plupart du temps. À l’intérieur du pays, on s’invite, on va à l’école, on fait des voyages d’affaires, on fréquente les salles de gym et on s’entasse dans les bus et les ascenseurs.”
Concerts et maisons pavoisées
Certes, la gestion initiale très ferme du gouvernement a été critiquée, mais avec 1 539 cas de Covid-19 et 35 morts le pays enregistre un des bilans “les plus faibles au monde, et particulièrement impressionnant compte tenu de sa frontière partagée avec la Chine”.
L’économie a été préservée – les bars sont restés ouverts, par exemple –, assurant au pays l’un des plus forts taux de croissance, alors que ses voisins combattent la récession.
Signe de cette bonne santé, 85 concerts sont prévus pour célébrer à la fois le Congrès prévu jusqu’au 2 février, le 91e anniversaire du Parti communiste le 3 février et le nouvel an lunaire, le 9, souligne Tuôi Tre. D’ailleurs, 15 000 personnes sont attendues pour le grand concert du 2 février au stade national, un événement organisé pour saluer le succès du PCV.
Comme le veut la tradition dans le pays communiste, plusieurs jours avant le début du Congrès, la capitale s’est parée de drapeaux et de bannières et toutes les maisons et les bâtiments publics arborent le drapeau national du 15 janvier au 14 février, précise le journal, qui publie de nombreuses photos de ces décorations.
Contrôle renforcé de l’information
Dans ce pays où tous les médias sont contrôlés par le parti et l’État, le gouvernement a ouvert, à la veille du congrès, un “centre contre les fausses nouvelles” et “menace de punir toute fuite au sujet des candidats aux postes officiels dont la désignation doit être annoncée durant le congrès”. Un signe, selon Radio Free Asia,, de “l’intensification de la répression des droits civils et politiques” au Vietnam durant l’année 2020.
Le site Internet de la radio, financée par le Congrès américain, cite notamment le rapport publié le 13 janvier par l’organisation des droits de l’homme Human Rights Watch qui souligne les nombreuses atteintes à la liberté d’expression et la condamnation de blogueurs ou d’activistes à de lourdes peines de prison.
Reconduction des mêmes personnalités ?
En dépit des avertissements des autorités, les noms des probables prochains dirigeants du pays ont fuité sur les réseaux sociaux et certains sites d’analyse, comme le relate The Diplomat. Lors du plénum du 16 et 17 janvier, les “quatre piliers”, c’est -à-dire, le secrétaire général du parti, le président du pays, le Premier ministre et le président de l’Assemblée auraient été désignés. Selon les informations diffusées en amont du congrès, Nguyen Phu Trong resterait au poste de secrétaire général tandis que le Premier ministre actuel, Nguyen Xuan Phuc, deviendrait président du pays.
Selon The Diplomat, le plus surprenant est le renouvellement de Trong à son poste. Âgé de 77 ans, sa santé semblait fragile et il a déjà effectué deux mandats. S’il est confirmé à ce poste, le Congrès devra engager la révision de la Constitution.
Par ailleurs, contrairement à l’usage selon lequel les postes se répartissent entre personnalités venant du nord et du sud du pays, toutes les fonctions seraient attribuées à des personnalités du nord du Vietnam.
Des désaccords au sein du PCV expliqueraient à la fois la reconduction de Trong à son poste et l’entorse à cette norme.
Mais, conclut The Diplomat, aucune de ces nominations n’a été confirmée, et tout peut encore changer avant les annonces officielles du Congrès :
“Compte tenu de l’opacité régnant au sein de l’élite politique vietnamienne, on peut encore s’attendre à des surprises.”
Courrier International
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