Avant d’arriver au CICP [Centre International de Culture Populaire [1] ], Blandine avait milité dans un groupe local parisien de la GOP (Gauche Ouvrière et Paysanne) et de l’OCT (Organisation Communiste des Travailleurs). Elle ne cherchait pas à se montrer ou à s’afficher, participant attentivement aux réunions de cellule. Mais, avec son beau sourire, sa grande silhouette et ses mini-jupes, malgré sa discrétion, elle ne passait jamais inaperçue.
Blandine est arrivée rue de Nanteuil, dès la création. Elle était attentive, curieuse et toujours prête à s’investir dans les travaux et l’organisation. S’appuyant sur son expérience aux Editions Ouvrières, elle a organisé avec deux ou trois autres camarades un service de diffusion des bulletins des comités qui s’installaient dans la maison. C’était très modeste, il s’agissait de servir surtout la librairie La Joie de Lire et quelques autres librairies qui s’affichaient progressistes. Puis petit à petit, elle s’est installée dans un des locaux du CICP et a créé Diffusion Populaire, Dif Pop. Elle l’a développé en association et amitié avec Pablo jusqu’à ce que celui-ci rentre en Uruguay après ses années d’exil pour créer Trilce, une belle maison d’édition.
Grâce à Blandine et l’équipe qu’elle constitue autour d’elle, Diffusion Populaire est reconnu pour son sérieux et son engagement. Blandine ne se contente pas de déposer des revues en librairie ; elle aide les comités à améliorer leurs publications et à organiser leur diffusion et leur communication. Sous son impulsion, Dif Pop s’impose bientôt comme un diffuseur de grandes revues et, après la concentration de ce secteur devient le seul distributeur indépendant de revues. C’est essentiel pour faire connaitre les idées que nous défendons. Blandine le sait et construit des rapports d’amitié avec beaucoup de libraires, de militants, d’auteurs, d’éditeurs et de lecteurs ; elle crée dans plusieurs villes en France, dans des librairies, des coins Difpop, des petits territoires internationalistes. Elle touche ainsi plusieurs générations et diffuse au-delà du périph’ la solidarité internationale.
Blandine ne se limite pas à cela ; jamais avare de son temps et de son énergie, elle participe à l’animation de sa « deuxième » maison, le CICP. Toujours disponible et souriante, elle participe aux activités, du soutien de la grève de la faim contre la double peine, aux comités d’Amérique latine, du Maghreb, d’Afrique. Avec l’équipe de Dif Pop, Blandine participe au déménagement du CICP, de la rue de Nanteuil à la rue Voltaire. C’est un changement de génération qui accompagne le changement d’arrondissement. Dans cette évolution, Blandine est fière de sa famille et de ses engagements. Toujours en lien avec les nouveaux arrivants, comme les plus anciens, elle propose du boulot à plus d’un militant ; toujours prête à écouter et soutenir. Après Dif Pop, Blandine continue son engagement. Elle est très attentive à l’évolution des associations du CICP et soutient le renouvellement du noyau dans le réseau IPAM [Initiatives Pour un Autre Monde [2] ]. Elle participe avec beaucoup d’enthousiasme aux Forums Sociaux Mondiaux et elle entraîne, à chaque fois, un groupe de ses ami.e.s dans les délégations du CRID [Centre de Recherche et d’Information pour le Développemen].
Difficile de résumer en quelques mots sa joie de vivre, son bonheur d’être mère et grand-mère et son envie de transmettre. Nous n’oublierons pas Blandine. Au-delà de ce bref faire-part, nous lui rendrons hommage, dès que les conditions le permettront, au CICP, le Centre International de Culture Populaire, qu’elle a tant fréquenté, soutenu et aimé et qui le lui a toujours rendu.
Gustave Massiah (9 février 2021)