Une série de frappes aériennes menées par l’armée birmane a poussé ces derniers jours des milliers de personnes à traverser la frontière avec la Thaïlande. De quoi faire entrer la crise qui frappe la Birmanie, “déjà explosive et meurtrière”, dans une nouvelle dimension, rapporte The Guardian.
Selon le quotidien britannique, les frappes, qui ont eu lieu dans les zones majoritairement peuplées par l’ethnie karen, ont commencé samedi 27 mars. On estime que, depuis lors, quelque 3 000 villageois ont traversé la rivière Salween pour se réfugier en Thaïlande et qu’un nombre inconnu de personnes ont été déplacées dans la jungle du côté birman de la rivière.
“Il y a eu de grosses explosions, et de nombreuses maisons et bâtiments ont brûlé”, a déclaré au Guardian Naw Wah Khu Shee, directrice du Karen Peace Support Network. Selon elle, au moins trois personnes auraient été tuées dans les frappes de samedi, dont une fillette âgée de sept ou huit ans.
Le gouvernement birman s’oppose aux combattants karens de façon intermittente depuis des années, mais d’après le quotidien, les frappes aériennes constituent “une évolution inquiétante” à un moment où la junte réprime violemment les manifestations contre le coup d’État. Plus de 100 personnes, dont plusieurs enfants, ont été tuées dans des villes du pays le week-end dernier..
Les leaders de la résistance au coup d’État militaire du mois dernier appellent les Karens et d’autres groupes ethniques à les rejoindre “en tant qu’alliés” pour former une “armée fédérale” contre la junte militaire, indique The Guardian.
Attaque des rebelles karens contre une base birmane
Un manifestant basé à Mandalay, deuxième plus grande ville de Birmanie, a affirmé au quotidien que “la situation évolue vers une guerre civile totale”.
Les frappes aériennes auraient commencé plusieurs heures après qu’une brigade de l’Armée de libération nationale karen (KNLA) a attaqué une base militaire birmane, tuant 10 soldats et en faisant au moins huit prisonniers, selon un site qui diffuse des informations officielles de l’Union nationale karen cité par The Guardian.
L’armée birmane n’avait pas déployé d’attaques aériennes contre les rebelles de la KNLA depuis 1995, lorsque la junte alors au pouvoir avait envahi le siège de l’Union nationale karen, la branche politique du mouvement.
The Guardian
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