Depuis le 26 mars, les restrictions des déplacements sont de nouveau d’actualité au Kenya, alors que le pays est confronté à une troisième vague de Covid-19. Cinq comtés, dont celui de la capitale, Nairobi, sont isolés du reste du territoire. Du moins, en théorie. Dans la pratique, les barrages destinés à filtrer les allées et venues sont devenus “des péages illégaux”, raconte le Daily Nation. Le quotidien écrit :
“Une alliance improbable entre les chauffeurs de ‘matatus’ (taxis collectifs), de ‘boda bodas’ (mototaxis) et des officiers de police corrompus responsables des contrôles a transformé les directives du président Kenyatta en vache à lait.”
Pour les voyageurs, franchir les frontières de la “zone rouge” au mépris des restrictions sanitaires n’a rien de compliqué, à condition d’en avoir les moyens. Les trajets se négocient désormais le triple du prix habituel.
Les passagers moins fortunés trouvent une autre parade. Déposés un kilomètre avant les barrages, ils contournent les contrôles en empruntant les chemins de traverse à bord de mototaxis avant de rejoindre les axes principaux une fois passés les check-points.
Huit euros pour franchir les barrages
Dans les deux cas, les restrictions ne font pas le poids. “Au cours d’un voyage vers Kisii [près de la frontière avec l’Ouganda] pendant le week-end, nous avons croisé des bus bondés sur toute la route, même si le trafic était moins dense que d’habitude, ce qui montre que certaines compagnies respectent l’interdiction”, observe le Daily Nation.
Parmi les véhicules en transit, le journal précise avoir aperçu des bus scolaires, une vision surprenante alors que les écoles sont à l’arrêt. “Cela laisse suspecter que des bus scolaires sont utilisés pour transporter des passagers dans la mesure où ils ne sont pas interdits sur les routes.” De la même manière, dans certains quartiers de Nairobi, les minibus trop visibles ont été remplacés par des petits vans plus discrets. “On prend 1 000 shillings [près de 8 euros] à chaque passager pour les barrages. Les policiers sont repus, le confinement pour eux, c’est plus d’argent dans les poches”, détaille un chauffeur.
Assouplissement des mesures
Au-delà de la corruption, les mesures sanitaires sont plus souples que par le passé, relève enfin le quotidien. Même pour les passagers autorisés à voyager, aucun contrôle de température n’est effectué. En 2020, à l’inverse, “les barrages étaient des mini-centres de santé où le personnel médical prenait la température et relevait le lieu de départ et la destination afin d’assurer la traçabilité des cas contacts”, note le journal.
Le 26 mars, l’annonce de nouvelles restrictions avait provoqué des embouteillages massifs obligeant le gouvernement à accorder quelques heures de grâce aux voyageurs désireux de quitter les provinces confinées. Les écoles, les bars, les restaurants ainsi que les lieux de culte ont été fermés. Depuis, le nombre de contaminations est en baisse. “Si la tendance se confirme dans les deux semaines à venir, nous aviserons le gouvernement en conséquence”, confiait mardi 13 avril un responsable du ministère de la Santé au Daily Nation, laissant entrevoir l’espoir d’une réouverture prochaine.
Daily Nation
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